Liam O’Hanna, Mo Chara de son nom de scène, est accusé d’avoir brandi un drapeau du mouvement islamiste libanais lors d’un concert en novembre à Londres.
Les polémiques sur leurs prises de position prennent désormais un tournant judiciaire. L’un des rappeurs du groupe nord-irlandais Kneecap a été inculpé ce mercredi 21 mai pour offense terroriste, après avoir brandi un drapeau duHezbollah lors d’un concert en novembre à Londres.
Lors d’un concert au O2 Forum à Londres, Liam O’Hanna, Mo Chara de son nom de scène, a « brandi (…) un drapeau, d’une manière ou dans des circonstances qui font raisonnablement soupçonner qu’il est un partisan d’une organisation interdite, à savoir le Hezbollah », un délit inscrit dans la loi sur le terrorisme de 2000, a annoncé la police londonienne dans un communiqué. Liam O’Hanna doit comparaître le 18 juin devant un tribunal de Londres.
Le Hezbollah, formation libanaise pro-iranienne, est considéré comme un groupe terroriste au Royaume-Uni.
Appel à la violence contre des parlementaires conservateurs
Kneecap, trio originaire de Belfast connu pour ses positions propalestiniennes, est sous le feu des critiques depuis qu’il a accusé Israël de « génocide contre le peuple palestinien » à Gaza, sur la scène du festival californien de Coachella en avril.
Depuis, des vidéos de plusieurs de leurs concerts sont ressorties sur les réseaux sociaux, montrant par exemple un des membres du groupe semblant crier « Allez le Hamas !, Allez le Hezbollah ! » sur une scène londonienne l’an dernier.
Dans une autre, ils s’en prenaient au parti conservateur britannique, l’un d’eux déclarant sur scène qu’un « bon Tory est un Tory mort. Tuez votre député ».
Début mai, la police antiterroriste a annoncé qu’elle enquêtait sur plusieurs de ces vidéos, estimant « qu’il y avait suffisamment de raisons d’enquêter sur d’éventuelles infractions ».
Les rappeurs s’étaient fendus d’un message d’excuse, assurant « ne pas soutenir et n’avoir jamais soutenu le Hamas ou le Hezbollah ». « Nous condamnons toutes les attaques contre les civils, toujours », avaient-ils indiqué sur les réseaux sociaux. « Nous réfutons aussi l’idée selon laquelle nous chercherions à inciter à la violence contre un député ou un individu. Jamais », avaient-ils ajouté.
Déprogrammés
Ces dernières semaines, le trio a été écarté d’un festival en Cornouailles (sud de l’Angleterre) et plusieurs de ses concerts prévus en Allemagne en septembre ont été annulés.
Le Conseil des représentants des juifs britanniques (Board of Deputies of British Jews) a appelé les organisateurs du célèbre festival anglais de Glastonbury à déprogrammer Kneecap, censé s’y produire fin juin.
Plusieurs grands noms de la musique comme Pulp, Fontaines D.C ou Massive Attack ont en revanche signé début mai une lettre en soutien au trio, cible selon eux d’une « répression politique » et d’une « tentative claire et concertée de censure et de déprogrammation ».
Les rappeurs, qui se sont fait connaître mondialement avec la sortie en 2024 de leur album Fine Art et un docu-fiction survolté, Kneecap, se distinguent par leur énergie punk. Le groupe rappe en anglais et en irlandais et défend sa langue comme un cri « anticolonialiste » face à la puissance britannique.
Il est habitué des polémiques. Sa première chanson CEARTA, qui signifie « droits » en Irlandais, avait été retirée de l’antenne de la radio publique irlandaise RTE pour ses références à la drogue. Le groupe a régulièrement été accusé par ses détracteurs de glamouriser la consommation de stupéfiants et de véhiculer des propos hostiles au Royaume-Uni en défendant la réunification de l’Irlande. Une de leurs chansons s’intitule Get Your Brits Out (Mettez vos Britanniques dehors).
Le nom Kneecap vient de la pratique prisée des groupes paramilitaires durant la période des Troubles nord-irlandais qui tiraient sur leurs victimes au niveau des genoux.
M. B.