L’animateur et producteur Thierry Ardisson – star du paysage audiovisuel français, surnommée « L’homme en noir » – est décédé, lundi 14 juillet, à 76 ans à Paris, des suites d’un cancer du foie, ont annoncé son épouse et ses enfants.
« Thierry est parti comme il a vécu. En homme courageux et libre. Avec ses enfants et les miens, nous étions unis autour de lui. Jusqu’à son dernier souffle », a écrit sa compagne, Audrey Crespo-Mara, journaliste à TF1.
Né le 6 janvier 1949 à Bourganeuf (Creuse), Thierry Ardisson a fait ses armes dans la publicité avec des slogans passés à la postérité, avant de passer sur le petit écran. Il a bousculé le paysage audiovisuel à partir des années 1980, jusqu’à s’imposer comme l’une de ses figures les plus impertinentes, avec ses talk-shows à succès en soirée.
Le Tout-Paris politique et culturel s’est rendu à ses émissions, parmi lesquelles « Bains de minuit », présentée depuis la boîte de nuit des Bains Douches à Paris, « Lunettes noires pour nuits blanches » au mythique Palace et « Rive droite / Rive gauche », premier magazine culturel TV quotidien en France. Il a également animé « Tout le monde en parle », une hebdomadaire sur France 2 (1998-2006) aux côtés de son acolyte Laurent Baffie, puis « Salut les Terriens » (2006-2018) sur Canal+ puis C8.
Tout de noir vêtu et armé d’un éternel sourire, l’animateur, qui aimait transgresser et désarçonner ses invités, avait le sens de la formule. Certains rituels, comme ses « Bonsoirs » ou « Magnéto, Serge ! », restent indissociables de son personnage. En 2020, c’est la consécration avec« Arditube », chaîne YouTube lancée par l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et dédiée à l’impressionnant patrimoine télévisuel – 35 émissions – d’un animateur aux convictions ouvertement royalistes, peu connu pour sa modestie, mais aussi bosseur acharné.
Il ne s’était pas fait que des amis dans le milieu : pour Bernard Pivot, il était « tellement mégalo qu’il croit avoir inventé la vulgarité à la télévision ».
L’homme de télé fut aussi patron de presse, a fait de la radio, produit des séries et des films, et écrit plusieurs livres dont L’homme en noir, paru en mai. En août 1988, dans l’émission « Chic chaud » présentée par Daniel Schick sur RFI, Thierry Ardisson évoquait sa passion pour l’écriture depuis l’âge de 12-13 ans, mais aussi sa timidité, ou encore son rapport à l’argent :
Emmanuel Macron lui avait remis la Légion d’honneur début 2024. L’Élysée salue ce lundi la mémoire de l’animateur qui « contribua à écrire l’histoire de la télévision française », selon la présidence de la République. « L’homme en noir nous laisse en deuil. Animateur et producteur de cinéma et de télévision, Thierry Ardisson imposa pendant des décennies au paysage audiovisuel français une voix, une silhouette, un style, un esprit, teinté de curiosité et d’irrévérence », écrit l’Élysée dans un communiqué.
M. B.