jeudi 14 août 2025
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À Gaza, l’émotion aux funérailles des journalistes d’Al Jazeera tués par une frappe « ciblée » d’Israël

Reporters sans frontières dénonce un « assassinat revendiqué », après la frappe israélienne qui a tué ce dimanche 6 journalistes à Gaza ville, dont 5 travaillaient pour la chaîne Al Jazeera. Parmi les victimes, l’un des reporters palestiniens les plus connus : Anas Al-Sharif, 28 ans. Tous se trouvaient dans une tente à proximité de l’hôpital Al-Chifa. Le correspondant de RFI à Gaza a suivi le cortège funèbre du journaliste et de ses collègues ce lundi matin.

Dans le cortège, Oum Mohammad a tenu à venir saluer la mémoire des journalistes tués, et en particulier le travail d’Anas Al-Sharif, qui avait été menacé plusieurs fois par l’armée israélienne. « C’était la voix de la vérité, il la faisait entendre au monde entier. Mais cet acte ne fera pas taire les faits. D’autres voix émergeront pour raconter à un monde qui semble impuissant le génocide en cours contre le peuple de Gaza. »

L’armée israélienne reconnaît avoir visé le journaliste et soutient qu’il faisait partie de la branche armée du Hamas. Ce qui révolte Mustafa Jaeour, reporter pour le média palestinien Alyoum News :  « Ces accusations sont fausses. Les journalistes tués en faisant leur travail sont des civils. […] Les forces d’occupation cherchent juste à passer leur message sous silence. »

« Je ne me sens plus en sécurité en faisant mon travail »

Farrah Hassan travaille, elle, pour une chaîne de télévision algérienne. Elle se sent plus menacée que jamais : « Anas racontait l’assassinat d’enfants et de femmes à Gaza, les morts provoquées par la famine […] Moi, je ne me sens plus en sécurité en faisant mon travail. Je pourrais être visée à tout moment. »

D’après Reporters sans frontières, depuis octobre 2023, près de 200 journalistes ont été tués à Gaza. Les accusations de l’armée israélienne contre Anas al-Sharif ne sont « pas crédibles », dénonçait il y a quelques semaines déjà le comité pour la protection des journalistes. Des allégations démenties aussi par Al Jazeera et par le rapporteur spécial de l’ONU pour la liberté d’expression.

Anas al-Sharif, figure palestinienne de la chaîne télévisée Al Jazeera

« Si ces lignes vous parviennent, sachez qu’Israël a réussi à me tuer et me faire taire. » C’est par ces mots qu’Anas al-Sharif commence son message posthume sur X, qu’il avait rédigé il y a quelques mois, se sentant de plus en plus menacé.

Le jeune homme de 28 ans, demande aux siens de prendre soin de ses deux enfants et de son épouse, et de protéger la Palestine, « joyau du monde musulman, cœur de chaque être libre ».  La mort du reporter né dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Gaza, suscite de très nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.Plusieurs associations de défense de la presse comme RSF ou Amnesty International saluent la mémoire du journaliste, qui a été « les yeux et la voix de Gaza alors qu’il était, lui aussi, tiraillé par la faim ».

Alors que de leur côté, des comptes pro-israéliens se sont empressés de diffuser une photo non datée où l’on voit Anas al-Sharif dans les bras de Yahya Sinouar, chef de la branche armée du Hamas tué par Israël en octobre dernier. L’armée israélienne, quant à elle, justifie son tir mortel en affirmant qu’Anas al-Sharif était un terroriste, chef d’une cellule du Hamas, mais sans en apporter la moindre preuve.

in RFI