À l’invitation de l’émir du Qatar, les dirigeants des pays arabes et musulmans étaient réunis à Doha, ce lundi 15 septembre, pour condamner d’une même voix l’attaque qu’Israël a mené sur l’émirat, la semaine dernière, contre des membres du Hamas. Si les participants ont réussi à afficher un front uni, peu de mesures concrètes figurent en revanche dans le communiqué final du sommet.
Ce sommet conjoint exceptionnel de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) visait à hausser le ton face à cette attaque sans précédent à Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza.
Pour l’affichage, c’est une affaire plutôt réussie. Le sommet d’urgence à Doha a permis à l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani de recevoir des dizaines de chefs d’États ou leurs représentants. Même le voisin saoudien, le prince héritier Mohamed Ben Salman, a fait le déplacement, alors que les relations entre l’Arabie saoudite et le Qatar ont longtemps été mauvaises.
La déclaration commune de fin du sommet souligne l’attachement des signataires au droit international et condamne fermement les actions guerrières de l’État hébreu à Gaza comme à Doha. Toutefois, le communiqué final ne fait pas mention de représailles directes contre Israël, comme par exemple la suspension des relations commerciales ou diplomatiques.
« Faire échouer les négociations »
Dans son discours d’ouverture, l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a accusé Israël de vouloir « faire échouer les négociations ». Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu « rêve que la région arabe devienne une sphère d’influence israélienne. Et c’est une dangereuse illusion », a-t-il poursuivi devant les dirigeants arabes et musulmans réunis à Doha.
L’attaque israélienne, qui a tué mardi 9 septembre cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations internationales, notamment des riches monarchies du Golfe alliées de Washington. À cela, il faut aussi ajouter une rare réprobation des États-Unis, l’allié numéro un d’Israël, mais également un proche allié du Qatar.
« Demain, ce pourrait être le tour de n’importe quelle capitale arabe ou islamique », a averti de son côté le président iranien, Massoud Pezeshkian, dont le pays avait attaqué une base américaine au Qatar lors de sa guerre de 12 jours contre Israël en juin dernier. « Le choix est clair. Nous devons nous unir », a-t-il martelé.
« Des obstacles à de nouveaux accords de paix »
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays fut le premier État arabe à reconnaître Israël, a prévenu que cette attaque « érige des obstacles devant toute perspective de nouveaux accords de paix et compromet même les accords existants avec des pays de la région ».
Israël et son principal allié, les États-Unis, cherchent à étendre les accords d’Abraham qui ont établi des relations avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc en 2020, courtisant notamment l’Arabie saoudite, poids lourd pétrolier de la région. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté accusé le gouvernement israélien de vouloir « poursuivre les massacres et le génocide en Palestine tout en déstabilisant la région ».
Les accords d’Abraham, qui ont permis à quatre états musulmans de nouer des relations avec Israël, tiennent toujours. Les États du Golfe demandent aux États-Unis de contenir l’État hébreu dans ses débordements. Les signataires évoquent le développement d’un mécanisme de sécurité commun, dont les détails n’ont pas été donnés.
Benyamin Netanyahu « ne frappera pas au Qatar », a pour sa part assuré Donald Trump dans la soirée de lundi à des journalistes à la Maison Blanche après le refus du Premier ministre israélien d’exclure de nouveaux bombardements lors d’une rencontre avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio à Jérusalem.
À Doha, le secrétaire d’État américain doit exprimer son soutien à la « souveraineté » du Qatar
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio se rend au Qatar ce mardi 16 septembre. Cette arrivée à Doha est prévue au lendemain de sa visite en Israël, durant laquelle il a promis à Jérusalem le « soutien indéfectible » des États-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.
Après les attaques israéliennes sur la capitale qatarienne le 9 septembre, visant des haut-gradés du Hamas, Marco Rubio a invité le Qatar à poursuivre ses efforts de médiation. C’est l’un des enjeux majeurs de cette visite qui se déroule dans un moment de grandes tensions dans la région.
À la veille de son l’arrivée à Doha, le département d’État a indiqué que le Marco Rubio allait avant tout va exprimer le soutien américain à la « souveraineté » du Qatar. La tâche est difficile pour les États-Unis, qui naviguent entre leur position d’allié numéro un d’Israël, mais aussi de proche du Qatar, le pays qui abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, mais qui est aussi à la pointe des négociations entre Israël et le Hamas.
Cette tâche est d’autant plus ardue que la visite de Marco Rubio coïncide avec la tenue du sommet d’urgence qui arabo-islamique qui a réuni les dirigeants de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et de la Ligue arabe. Un sommet organisé au Qatar par des pays arabes et musulmans, en réponse à l’attaque menée la semaine dernière par Israël à Doha.
J. C.