L’acteur américain Robert Redford, légende du cinéma, est mort mardi 16 septembre dans l’Utah, à l’âge de 89 ans, selon le New York Times. La légende du cinéma est devenue célèbre tant devant que derrière la caméra, avec une carrière qui s’est étendue sur six décennies. Ces dernières années, Robert Redford s’est également illustré par son militantisme écologique.
Robert Redford est décédé dans son sommeil « dans sa maison de Sundance, dans les montagnes de l’Utah, l’endroit qu’il aimait, entouré par ceux qui l’aimaient », sans qu’une cause précise ait été avancée, selon un communiqué de Cindi Berger, son agente et directrice générale de l’agence de relations publiques Rogers & Cowan PMK.
Le hors-la-loi
Démocrate convaincu, défenseur des tribus amérindiennes et des paysages américains, fondateur du Sundance Film Festival devenu la référence internationale du film indépendant, le cowboy aux longues mèches dorées a cherché toute sa vie à tracer sa voie, gardant, dès qu’il pouvait se le permettre, ses distances avec Hollywood.
Ce séducteur aux cheveux ébouriffés et aux taches de rousseur s’est fait connaître aux côtés de Paul Newman dans le rôle d’un hors-la-loi affable dans le western hippie Butch Cassidy et le Kid en 1969. Les grands studios lui ont offert quelque 70 rôles, pour la plupart des personnages positifs, engagés (Les trois jours du Condor), romanesques (Gatsby le Magnifique) et inspirant toujours la sympathie même lorsqu’il jouait les escrocs comme dans son dernier film he Old Man and the Gun (2018). Il a notamment tourné dans sept films de Sydney Pollack.
S’il reçoit un Oscar en 2002 pour l’ensemble de sa carrière, il n’a, comme acteur, jamais été récompensé pour un film en particulier bien que plusieurs de ses prestations aient été saluées dans des films emblématiques comme Jeremiah Johnson (Palme d’Or en 1972), Les hommes du président (quatre Oscars en 1977) ou encore Out of Africa (sept Oscars en 1986) qui l’ont intronisé comme l’archétype de l’amant idéal.
Oscar du meilleur film en 1981
Après vingt ans de carrière en tant qu’acteur, il est passé derrière la caméra. Il réalise, entre autres, Des gens comme les autres qui, en 1981, remporte l’Oscar du Meilleur film et de la Meilleure réalisation puis Et au milieu coule une rivière (1992), Quiz Show (1994), L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998), Lions et agneaux (2007), Sous surveillance (2012).
En novembre 2016, le président Barack Obama lui avait décerné la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute récompense civile aux États-Unis. En 2018, juste après The Old Man and The Gun, l’octogénaire au visage parcheminé par le soleil et le vent des grands espaces avait annoncé sa retraite.
Acteur engagé en faveur de l’environnement
« Un des lions s’en est allé », a réagi Meryl Streep, sa partenaire dans le film Out of Africa (1985), dans un communiqué transmis à l’Agence France Presse. « Repose en paix, mon cher ami », ajoute l’actrice américaine. L’actrice Jane Fonda a salué mardi la mémoire de Robert Redford, « une personne magnifique à tous égards » qui « incarnait une Amérique pour laquelle nous devons continuer à nous battre ».
Car si l’acteur et réalisateur laisse derrière lui une filmographie exceptionnelle, Robert Redford était également un grand défenseur de l’environnement. Tout au long de sa carrière, il a tenté de sensibiliser le grand public aux effets délétères du réchauffement climatique. Il se qualifiait lui-même de « Acteur par métier, mais militant par nature ». Un engagement militant remonte à la petite enfance.
« À la fin de la Seconde Guerre mondiale, j’étais un gamin et je me rappelle que Los Angeles était une ville merveilleuse. Elle était pure. Il n’y avait pas de gratte-ciels, pas d’autoroutes, pas de pollution », raconte-t-il. Le développement de la ville et des pollutions qui vont avec sont une première prise de conscience. Il achète un terrain reculé dans l’Utah en 1963. Il y construit une maison solaire et élève des chevaux. En 1981, il fonde le festival du film indépendant de Sundance.
Et en 1989, c’est dans son ranch qu’il organise la première conférence entre soviétiques et américains sur le réchauffement climatique. « La seule chose qui peut faire bouger les politiciens, c’est la pression qu’exerce le public. Mais ce dernier ne peut rien faire tant qu’il n’aura pas lui-même compris le problème », expliquait le cinéaste.
Alors Robert Redford tente de sensibiliser le public avec des films comme Et au milieu coule une rivière en 1992 ou L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux en 1998, mais aussi en s’investissant dans toutes les causes qu’il croit juste. Défense des peuples autochtones, des énergies renouvelables et lutte contre le changement climatique, comme lors de cette intervention à l’ONU en 1995 avant la signature de l’accord de Paris : « Aujourd’hui, nous ne pouvons plus dire que nous ne savons pas comme une excuse à notre inaction. C’est un constat accablant fait par la science. Le changement climatique est une réalité et il est le résultat de l’activité humaine. Lutter contre le changement climatique est une question morale qui transcende les différences politiques. »
Aujourd’hui, d’autres acteurs, comme Leonardo DiCaprio, ont pris le relais pour défendre la cause climatique. Et il y a fort à faire depuis le retour de Donald Trump au pouvoir.
D’ailleurs, le président américain Donald Trump a salué la mémoire de l’acteur et réalisateur américain, voyant en lui un « grand » du cinéma. « Il y a eu des années où il n’y avait personne de meilleur », a déclaré le président américain avant de s’envoler pour une visite d’État au Royaume-Uni. « Durant une période, il était le plus sexy », a-t-il ajouté.
M. B.