Pour tenter de mettre fin au bras de fer budgétaire en cours, la Maison Blanche a annoncé avoir commencé à licencier des fonctionnaires de l’État fédéral, ce vendredi 10 octobre, espérant ainsi mettre la pression sur les démocrates.
La menace était brandie depuis plusieurs jours par Donald Trump pour tordre le bras aux démocrates et sortir du blocage budgétaire : ce vendredi 10 octobre, la Maison Blanche a annoncé avoir commencé à licencier des fonctionnaires.
Alors que les États-Unis semblent se diriger tout droit vers une troisième semaine de « shutdown » sans issue visible, le directeur du Budget de la Maison-Blanche, Russ Vought, a annoncé sur X que les « réductions d’effectifs avaient commencé » pour les fonctionnaires fédéraux. S’ils n’ont pas donné de chiffres ni d’éléments sur le profil des personnes concernées, ses services ont précisé à l’AFP qu’il s’agissait de renvois « importants ».
Dans une déclaration transmise à l’AFP, le ministère américain de la Santé a pour sa part indiqué que certains de ses employés avaient reçu des avis de licenciements. Toutes les personnes concernées « ont été désignées comme non essentielles au sein de leurs services », selon le texte, jugeant bienvenue cette réduction d’effectifs après une période de « bureaucratie hypertrophiée » sous la présidence du démocrate Joe Biden. Le ministère américain des Finances a, quant à lui, simplement indiqué à l’AFP que les notifications de réductions d’effectifs avaient « commencé » en son sein. C’est également le cas au ministère de l’Éducation, a signalé une source interne à l’AFP.
Un grand syndicat de fonctionnaires, l’AFL-CIO, a immédiatement saisi un tribunal fédéral pour empêcher l’exécutif de renvoyer de nouveaux agents. Alors que le gouvernement s’est employé à réduire significativement la fonction publique fédérale depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier dernier, la menace de licenciements massifs dans les services fédéraux est également brandie par le président américain pour tenter de sortir du blocage budgétaire en cours depuis le 1er octobre et dont la majorité républicaine et l’opposition démocrate se renvoient la faute.
« Un chaos délibéré »
« Russell Vought vient de licencier des milliers d’Américains d’un simple tweet », a dénoncé de son côté le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, dans un communiqué. « Soyons clairs : personne ne force Trump et Vought à faire cela […]. Ils le font de leur plein gré. Ils choisissent sans pitié de nuire à des gens, à des travailleurs qui protègent notre pays, contrôlent nos aliments, interviennent en cas de catastrophe. C’est un chaos délibéré », a-t-il ajouté. Une sénatrice républicaine, Susan Collins, s’est quant à elle élevée pour s’opposer « fermement » aux licenciements, qu’elle qualifie d’« arbitraires », ont rapporté des médias américains. Ceux-ci causent des pénuries de personnel au détriment des services rendus à la population, a-t-elle déploré.
Alors que les républicains proposent une prolongation du budget actuel avec les mêmes niveaux de dépenses, les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d’assurance santé à destination de ménages à bas revenus.
Le parti de Donald Trump dispose de la majorité dans les deux chambres du Congrès, mais en raison des règles du Sénat, 60 voix sur 100 y sont nécessaires pour adopter un budget. En l’état actuel des forces, au moins huit membres de l’opposition devraient se rallier au texte républicain, mais seulement trois l’ont fait jusque-là. Les responsables de la majorité présidentielle espèrent cependant réussir à en faire céder davantage au fil des jours.
Pendant toute la durée du blocage, l’ensemble des plus de 2,3 millions de fonctionnaires fédéraux ne sont pas payés, de même que les plus de 1,3 million de militaires. Ces derniers devraient manquer leur première solde mercredi, une échéance qui devrait accentuer la pression populaire sur le Congrès et l’exécutif, au vu de l’importance des forces armées dans la culture des États-Unis.
M. B.