vendredi 14 novembre 2025
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Tabagisme en Algérie : et si les produits sans fumée faisaient enfin partie de la solution ?

En Algérie, la lutte contre le tabagisme a fait des avancées notables dans un contexte complexe. Campagnes de sensibilisation, avertissements sanitaires, interdictions de fumer dans les lieux publics … Le dispositif est en place, mais le nombre de fumeurs reste élevé, les maladies liées au tabagisme continuent de tuer, et le système de santé en absorbe les conséquences. Dans ce paysage affichant des messages dissuasifs, une alternative pourtant prometteuse reste absente du débat : les produits nicotiniques sans fumée, notamment les sachets de nicotine.

Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie de nouveaux produits. Il s’agit de poser une question simple, mais essentielle : comment l’Algérie peut tirer avantage de ces alternatives que d’autres pays ont déjà intégrée dans leur politique de santé publique ?

Une option moins nocive, largement documentée

Les sachets de nicotine sont aujourd’hui considérés, dans plusieurs pays, comme un outil de réduction des risques destiné aux fumeurs adultes qui n’arrivent pas à arrêter. Sans tabac, sans combustion, sans fumée, ils éliminent la majorité des substances toxiques liées à la cigarette classique. Aux États-Unis, dans les pays nordiques, et plus récemment en Europe continentale, ces produits font désormais partie d’une stratégie de santé publique différenciée, fondée sur des données scientifiques et non sur des réflexes idéologiques.

La Suède, en particulier, a démontré qu’en intégrant les produits nicotiniques sans fumée dans sa politique antitabac, il était possible de réduire drastiquement le taux de tabagisme – aujourd’hui le plus bas d’Europe. Pourtant, cette réussite reste largement ignorée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT), qui continuent a essayer de restreindre l’accès a ces produits sous allégation qu’ils pourraient séduire les jeunes.

Un refus du réel, au nom du principe de précaution

Cette position , bien qu’animée par une volonté de protection, repose sur une logique de précaution contre-productive. En refusant de distinguer les usages adultes des usages interdits, ou les produits combustibles, des alternatives sans fumée, cette posture ignore une évidence : pour des millions de fumeurs qui échouent à arrêter, ces produits représentent une opportunité de réduction des dommages.

Intégrer la complexité des comportements liés à l’addiction permet d’avoir une approche flexible et adaptable, où l’innovation devient le moteur de la protection de la santé public.

Faire le choix du pragmatisme sanitaire

L’Algérie a aujourd’hui l’opportunité de devenir leader de ce débat. En formant les professionnels de santé, en évaluant les produits localement, et en établissant un cadre réglementaire rigoureux, le pays pourrait se doter d’un outil de plus dans sa lutte contre le tabagisme. Pas pour encourager la consommation de nicotine, mais pour proposer une voie intermédiaire, réaliste, intégrant ceux qui ne parviennent pas à arrêter du jour au lendemain.

Mohammed Bessaïah