samedi 22 novembre 2025
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Volodymyr Zelensky repousse le plan américain sur la guerre avec la Russie

L’Ukraine doit signer un accord-cadre de paix d’ici jeudi 27 novembre. C’est le nouvel ultimatum des Américains, sans quoi ils diminueront leur soutien. Plus tôt, Volodymyr Zelensky s’est entretenu avec le président français et les Premiers ministres allemand et britannique sur le plan américain. Ce plan en 28 points, que Moscou affirme ne pas avoir reçu officiellement, prévoit de fortes concessions à la Russie. Il contient des points sur lesquels les autorités ukrainiennes vont avoir du mal à céder.

Les Américains augmentent la pression… L’Ukraine doit signer le plan de paix avant la fête de Thanksgiving, le 27 novembre, sous peine de perdre le soutien des États-Unis.

Donald Trump a estimé vendredi dans une interview que le jour de la fête de Thanksgiving, était une date butoir « adéquate » pour un feu vert de l’Ukraine au plan américain de règlement du conflit. « J’ai eu beaucoup de dates butoirs et quand les choses vont bien, la tendance est de repousser les dates butoirs. Mais jeudi est, nous pensons, un moment adéquat », a dit le président américain sur Fox News Radio. Le président américain a jugé que si les combats continuaient, les Ukrainiens allaient de toute façon « perdre en peu de temps » les territoires qu’ils devraient, si ce plan était validé, céder à la Russie.

Le plan peut « servir de base à un règlement définitif », dit Poutine

Moscou aussi presse l’Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine a dit ce vendredi soir avoir reçu le plan proposé par les États-Unis pour l’Ukraine et qu’il peut « servir de base à un règlement définitif » de la guerre, menaçant de conquérir plus de territoire si Kiev venait à le rejeter.

« Il peut servir de base à un règlement pacifique définitif, mais ce plan n’est pas discuté avec nous de manière concrète », a déclaré Vladimir Poutine lors d’une réunion gouvernementale retransmise à la télévision. « Nous sommes prêts à mener des négociations pacifiques et à résoudre les problèmes par des moyens pacifiques. Cependant, cela nécessite bien sûr une discussion approfondie de tous les détails du plan proposé. Nous y sommes prêts », a-t-il ajouté.

« Soit les dirigeants de Kiev ne disposent pas d’informations objectives sur la situation sur le front, soit, même s’ils en disposent, ils sont tout simplement incapables de l’évaluer objectivement. Si Kiev refuse de discuter de la proposition du président Trump et la rejette, alors eux et les bellicistes européens doivent comprendre que les événements survenus à Koupiansk se répéteront inévitablement dans d’autres zones clés du pays, sur le front. Peut-être pas aussi vite que nous le souhaiterions, mais cela se reproduira inévitablement. Et, en général, cela nous convient également, puisque nous pouvons de toute façon atteindre nos objectifs avec notre armée, sur le terrain. »

Selon le président russe, ce plan en 28 points, vu avec inquiétude à Kiev, n’a été évoqué entre Moscou et Washington que « dans les grandes lignes », les Américains ayant demandé aux Russes de « faire certains compromis, de faire preuve de souplesse ».

Un peu plus tôt, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a clairement dit : Volodymyr Zelenskydoit négocier « maintenant », sinon, il risque de perdre de nouveaux territoires.

« Le travail efficace des forces armées russes devrait convaincre Zelensky et son régime qu’il est préférable de négocier et de le faire dès maintenant. Il vaut mieux de la faire tout de suite. Sa marge de décision se réduit à mesure qu’il perd du territoire lors des actions offensives des forces armées russes. Il ne s’agit pas de la guerre, mais de contraindre Zelensky et son régime à un règlement pacifique. Continuer la guerre est inutile et dangereux pour eux. Le régime ukrainien doit prendre une décision responsable. Faites-le maintenant et assumez la responsabilité. »

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a repoussé ce vendredi le plan américain qui est perçu à Kiev comme très favorable au Kremlin, assurant qu’il ne « trahira » pas son pays. « L’Ukraine pourrait être confrontée à un choix très difficile : la perte de dignité ou le risque de perdre un partenaire clé, les États-Unis, a-t-il déclaré dans une adresse vidéo à la nation. « Nous traversons l’un des moments les plus difficiles de notre histoire », a estimé Volodymyr Zelensky.

En ce moment, nous vivons l’un des moments les plus difficiles de notre histoire. La pression sur l’Ukraine est l’une des plus dures. L’Ukraine pourrait être confrontée à un choix très difficile : soit la perte de dignité, soit le risque de perdre un partenaire clé, soit les 28 points complexes, soit un hiver extrêmement rigoureux, le plus rigoureux, avec d’autres risques.

Les propositions américaines augurent « une vie sans liberté, sans dignité, sans justice. Et qu’on croie à celui qui a déjà attaqué deux fois », a renchéri M. Zelensky, en référence à la Russie. « Je présenterai des arguments, je persuaderai, je proposerai des alternatives », a-t-il encore poursuivi, ajoutant : « Je ne trahirai jamais (…) mon serment de fidélité à l’Ukraine ».

Zelensky s’entretient avec JD Vance

Peu après, Volodymyr Zelensky s’est entretenu avec le vice-président américain JD Vance sur ce plan.

Volodymyr Zelensky a affirmé vendredi qu’il avait signifié au vice-président américain JD Vance lors d’une conversation téléphonique qu’il « continue de respecter » la volonté de Donald Trump de mettre fin à l’invasion russe, avec un plan vu avec inquiétude à Kiev.

« L’Ukraine a toujours respecté et continue de respecter la volonté du président américain Donald Trump de mettre fin au bain de sang, et nous considérons chaque proposition réaliste de manière positive », a indiqué M. Zelensky sur Telegram, peu après avoir repoussé le plan américain.

Concertation avec les Européens

Le président ukrainien s’est également concerté d’urgence avec les dirigeants français, allemand et britannique, ses alliés clé face à Moscou et Washington.

« Nous travaillons sur le document préparé par la partie américaine » pour « assurer une paix réelle et digne pour l’Ukraine », a-t-il déclaré sur X à l’issue de l’entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, Keir Starmer et Friedrich Merz.

Les Européens, eux, ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une paix juste et durable. Dans un communiqué de la chancellerie allemande, les Européens saluent « les efforts américains » sur l’Ukraine. En revanche, sur les concessions territoriales d’ampleur prévues par le plan de Washington comme sur la volonté de brider l’armée ukrainienne, ils sont formels : le front actuel doit être « le point de départ d’un accord… et les forces armées ukrainiennes doivent rester capables de défendre efficacement la souveraineté de Kiev ».

Pour Emmanuel Macron, Friedrich Merz, et Keir Starmer, l’Ukraine doit être pleinement impliquée dans la solution pour la paix. Et, ils ajoutent : toute décision ayant des incidences sur les intérêts de l’Europe nécessite le « consensus » des Européens et de l’Otan. Les dirigeants européens doivent se réunir ce samedi en marge du sommet du G20 à Johannesburg afin d’élaborer une contre-proposition.

« Rien ne doit être décidé sur l’Ukraine sans l’Ukraine », a martelé vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après un appel avec Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien s’est également entretenu vendredi avec le chef de l’Otan Mark Rutte.

Respecter l’« intégrité territoriale », selon Guterres

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui estimé que toute « solution de paix » pour l’Ukraine devrait respecter son « intégrité territoriale », à la veille de la réunion du G20 à Johannesburg.

Interrogé lors d’une conférence de presse à Johannesburg sur le plan pour l’Ukraine présenté par les États-Unis, il a souligné que celui-ci « n’a jamais été présenté formellement par les États-Unis ou toute autre entité ».

Mais un plan de paix devrait respecter la charte de l’ONU et la loi internationale, a-t-il ajouté. « Une solution de paix pour l’Ukraine en ligne avec ces principes respecterait aussi les résolutions de l’assemblée générale (de l’ONU) qui indique clairement que l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et en général autour du monde l’intégrité territoriale des États, doit être respectée », a-t-il insisté.

M. B.