vendredi 29 mars 2024
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Automobile : l’offensive de charme des constructeurs chinois en Europe

La course au véhicule à moteur électrique a bel et bien commencé pour les constructeurs. Et le Mondial de l’Automobile qui bat son plein à Paris en ce moment a encore été l’occasion de le constater. Dans cette compétition pour les véhicules 100% électriques, les entreprises chinoises ont une longueur d’avance. Plusieurs constructeurs chinois sont venus à Paris pour une offensive de charme : annoncer leur arrivée ou l’accélération de leur présence en Europe. 

Parmi eux, le pionnier, BYD, pour « Build Your Dreams », « construisez vos rêves » en français. Le rêve de ses dirigeants, c’est de renverser le rival, Tesla. Michael Shu, son directeur pour l’Europe, présentait avec un enthousiasme un peu forcé trois de ses modèles au Mondial de l’Automobile de Paris : « Trois modèles fantastiques sont là aujourd’hui. À vendre dès maintenant. Vous avez Tang, un SUV sportif de 7 places. Ensuite Han, la berline de luxe haute performance. Et, enfin, Eddo Three, notre SUV compact et dynamique qui vient d’obtenir cinq étoiles au classement européen sur la sécurité, Euro NCAP», annonçait le dirigeant cette semaine au Salon.

La Chine se positionne en leader sur la voiture électrique

BYD, c’est important de le savoir, a commencé dans les batteries en Chine. Et pour son directeur France, fraîchement nommé, Igor Makovetzki, c’est un sacré atout. « BYD est le seul constructeur à avoir une verticalité de l’ensemble des composants du véhicule. Donc, à partir du moment où vous maîtrisez cette chaîne d’approvisionnement, vous montrez à votre client final que vous maîtrisez l’ensemble de l’offre des composants. Or, aujourd’hui, au niveau mondial, il y a une crise des composants, qui impacte bien-sûr les livraisons des véhicules. La moyenne de livraison d’un véhicule en France, c’est cinquante-trois jours », rappelle le directeur.

Et cela donne à ces nouveaux arrivants un argument de poids pour s’imposer sur le marché européen. D’autant qu’ils débarquent au moment où l’Union européenne a confirmé qu’elle mettrait bien fin aux véhicules thermiques d’ici à 2035.  « De notre point de vue aujourd’hui, ce qu’on va voir, c’est surtout une compétition qui, à priori, reste quand même saine. En tout cas, quand on se place du point de vue du consommateur, parce qu’il va y avoir plus de choix, il y aura peut-être aussi des phénomènes de baisse de prix pour essayer d’offrir des véhicules les moins chers possibles tout en gardant une certaine marge pour pouvoir continuer à investir. Les constructeurs européens ont beaucoup d’investissements à faire parce qu’ils vendent des véhicules thermiques. Ils ont ces chaînes de production qui existent déjà. Ils ont cette force de travail avec eux qu’il faut amener vers une transition. Les acteurs chinois n’ont pas vu que la plupart se sont lancés directement un peu en « pure player », donc directement à faire que de l’électrique. C’est un vrai élément différenciant aujourd’hui », souligne Clément Molizon, directeur d’Avere-France, l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique.

Offrir une expérience : le credo des constructeurs chinois

Les marques chinoises avec leurs arguments technologiques affichent des prix élevés. Entre 60 000 et 90 000 euros selon la gamme. Elles ne cassent donc pas le marché pour l’instant. Surtout, elles ont du travail pour s’imposer au public. C’est ce que reconnaît avec humilité Fei Yao, le vice-président Europe de la marque Great Wall Motors, présente aussi au salon : « Je pense que, en tant que marque chinoise, et on en discute souvent avec nos partenaires, ce n’est pas en faisant de la publicité qu’on va convaincre le consommateur européen et donc pour nous ce qui est important, c’est vraiment d’amener le client dans la voiture pour qu’il ait vraiment l’expérience de notre produit à la fois une expérience physique et mentale, psychologique même. En réalité, nous n’avons pas réellement d’objectifs chiffrés puisqu’on en est qu’au tout début en termes d’établissement de la marque. L’accent va être mis l’année prochaine sur la qualité de service, sur la qualité du service après-vente, sur la qualité de l’expérience que l’on va fournir. Je dirais que l’on table sur environ 30 à 50 000 véhicules vendus l’année prochaine », déclare le dirigeant.

Raz de marée ou lame de fond, l’arrivée des marques chinoises en Europe impose en tout cas d’accélérer la production sur le continent des batteries nouvelle génération et des infrastructures pour ne plus dépendre uniquement de l’offre asiatique.

A. J.