samedi 12 octobre 2024
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Emmanuel Macron en Algérie : Quels sont les enjeux de la visite prévue la semaine prochaine ?

Paris et Alger espèrent tourner la page d’une série de malentendus et tensions au cours des derniers mois.

Une visite pour relancer la relation et s’efforcer de dissiper des malentendus. Emmanuel Macron se rendra la semaine prochaine en visite officielle en Algérie. Le déplacement, du jeudi 25 au samedi 27 août à Alger puis Oran, fait suite à une première visite d’une douzaine d’heures en décembre 2017, au début de son premier quinquennat. Le président français et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune ont évoqué cette visite lors d’un entretien téléphonique samedi.

Ce déplacement intervient au terme d’une séquence chargée de symboles avec le 60e anniversaire des Accords d’Evian (18 mars 1962), qui ont mis fin à plus de sept ans de guerre entre insurgés algériens et armée française, et de l’indépendance de l’Algérie (5 juillet 1962) après 132 ans de colonisation française.

Paris et Alger espèrent tourner la page d’une série de malentendus et tensions au cours des derniers mois. La relation avec le nouveau président français, le premier de la Ve République à être né après la Guerre d’Algérie, s’annonçait pourtant sous les meilleurs auspices.

Lors d’un déplacement à Alger en février 2017, Emmanuel Macron, alors candidat à l’Élysée, avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité », suscitant des espoirs de repentance en Algérie tout comme de vives critiques de la droite et de l’extrême-droite en France. De retour à Alger le 7 décembre 2017, quelques mois après son élection, il appelait à ne pas rester « otages » du passé et à bâtir des « relations beaucoup plus développées » entre les deux pays.

Coup de froid à l’automne 2021                                   

Il a multiplié depuis les gestes mémoriels, reconnaissant la responsabilité de l’armée française dans la mort du mathématicien Maurice Audin ou de l’avocat nationaliste Ali Boumendjel, sans aller jusqu’à présenter des excuses pour la colonisation française.

Les relations franco-algériennes ont connu un coup de froid lorsqu’en septembre 2021, selon des propos rapportés dans la presse, il a reproché au système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d’indépendance et s’est interrogé sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation.

L’Algérie a alors rappelé pendant trois mois son ambassadeur à Paris. Emmanuel Macron a finalement dû faire part de ses « regrets » devant la polémique engendrée, afin de désamorcer la crise.

Les relations se sont progressivement réchauffées depuis. Fin avril, le président algérien a félicité son homologue pour sa réélection et l’a invité à se rendre en Algérie. En juin, les deux dirigeants ont exprimé leur volonté d’« approfondir » les liens entre les deux pays. Et dans une lettre au président Tebboune pour le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, Emmanuel Macron a souligné sa volonté de « poursuivre sa démarche de reconnaissance de la vérité et de réconciliation des mémoires des peuples algérien et français ».

« L’Algérie ne peut pas faire l’impasse sur une bonne entente avec Paris »

« En choisissant Alger comme destination pour le début de son mandat, le président Macron montre que l’Algérie est en train de revenir sur la scène régionale et internationale », relève Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. « L’Algérie ne peut pas non plus faire l’impasse sur une bonne entente avec Paris », estime-t-il, en pointant notamment l’importance du dossier du Sahara occidental aux yeux des Algériens face à leur voisin marocain.

L’ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt ne voit en revanche « pas bien l’intérêt d’une telle visite actuellement »« Il n’y a pas de changement récent dans les relations avec l’Algérie », fait-il observer. « Il faudrait quand même qu’il y ait des gestes d’Alger sur un certain nombre de nos demandes que sont les laisser-passer consulaires, les affaires économiques », avance-t-il.

M. B.