Au moins 15 personnes ont été tuées et des dizaines blessées lorsqu’un véhicule a foncé dans la foule dans un quartier touristique de La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, ont annoncé mercredi 1er janvier les autorités de la ville américaine. L’auteur présumé de l’attaque mortelle a été identifié.
Le conducteur a cherché à écraser « le plus de personnes » possible lors de cette attaque au véhicule-bélier, selon la police. Deux policiers ont été ensuite blessés par balles. L’auteur présumé est mort, ont indiqué deux télévisions américaines en citant des sources policières.
L’attaque a eu lieu en pleine nuit, vers 03h15 (09h15 TU), dans une zone bondée où des personnes célébraient le Nouvel An, entre Canal et Bourbon Street, dans le quartier historique et festif, connu sous le nom de « French Quarter » (« Quartier français »). Renommé pour ses restaurants, ses bars et ses clubs de jazz, ce quartier héberge également des cabarets ainsi que des lieux accueillant des personnes de la communauté LGBT.
Pour Jérôme Viala-Gaudefroy, docteur en civilisation américaine : « Cette ville de La Nouvelle-Orléans et le Quartier français représentent un endroit où se mélangent les cultures, où il y a de l’alcool, où il y a aussi une certaine liberté sexuelle […] et généralement cela ne plait pas à tout ce qui est rigoriste, que ce soit religieux, chrétien ou islamiste. »
Selon des témoins cités par CBS News, un camion a foncé dans la foule à « grande vitesse » avant que son conducteur saute du véhicule et tire sur la foule avec une arme, entraînant une riposte de la police.
L’auteur présumé identifié
Le FBI a confirmé l’identité de l’auteur présumé de l’attaque : Shamsud-Din Jabbar, un ancien militaire américain de 42 ans. Un drapeau du groupe État islamique a été retrouvé dans le véhicule, écrit le FBI dans un communiqué. « Des armes et un potentiel IED [engin explosif, NDLR] ont été localisés dans le véhicule du sujet », ajoute le Bureau fédéral d’enquête.
Le FBI a par ailleurs indiqué que le suspect était un ancien militaire. « Il s’agit d’un vétéran de l’armée, nous pensons qu’il a quitté l’armée de manière régulière, mais nous sommes en train de travailler pour obtenir toutes ces informations », a indiqué Alethea Duncan, agente du FBI lors d’une conférence de presse. « Nous ne pensons pas que Shamsud-Din Jabbar était le seul responsable », a-t-elle ajouté.
Plusieurs médias américains, dont l’Associated Press et Fox News, avaient quelques heures auparavant révélé l’identité du conducteur de la voiture bélier et indiquaient que les enquêteurs travaillaient à recueillir des informations supplémentaires sur les antécédents de Shamsud-Din Jabbar et sur un drapeau noir déployé qui se trouvait avec le véhicule.
Une « attaque terroriste »
LaToya Cantrell, la maire de la ville, a déclaré qu’il s’agissait d’une « attaque terroriste ». Le président américain Joe Biden a ensuite indiqué que « quelques heures à peine avant l’attaque », le suspect avait « publié sur les réseaux sociaux des vidéos indiquant qu’il était inspiré par l’État islamique ». Ces vidéos témoignent aussi d’un « désir de tuer », a-t-il ajouté, dans une allocution depuis la résidence de Camp David, proche de Washington.
Selon Anne Kirkpatrick, cheffe de la police locale de La Nouvelle-Orléans : « Cela a commencé autour de 3h15 du matin. Il s’agissait d’un homme au volant d’un pick up dans Bourbon Street. Il roulait à vive allure, et son comportement était tout à fait intentionnel. Il a essayé d’écraser le plus de personnes possible. Il ne s’agit pas d’un cas de conduite en état d’ivresse, mais d’une affaire plus complexe et plus grave, d’après les informations dont nous disposons à l’heure actuelle. »
Sur la route entre le Texas et La Nouvelle-Orléans, Shamsud-Din Jabbar a enregistré des vidéos dans lesquelles il raconterait avoir eu d’abord l’intention de réunir les membres de sa famille pour les tuer avant de changer d’avis et de plan, rapporte une correspondante à New-York. Sur ces mêmes vidéos, il explique avoir été inspiré par l’État islamique.
Le président américain Joe Biden a également affirmé que les autorités enquêtaient sur l’explosion d’un véhicule électrique Tesla survenue mercredi matin à Los Angeles, notamment pour savoir « s’il y avait une quelconque connexion possible avec l’attaque à la Nouvelle-Orléans ». « Jusqu’à présent, il n’y a rien à rapporter à ce sujet », a-t-il précisé. « Nous pensons que c’est un évènement isolé », a déclaré, pour sa part, Jeremy Schwartz, agent du FBI.
Pour l’instant, les autorités n’ont pas établi de lien entre l’attaque de La Nouvelle-Orléans et l’explosion d’un véhicule à Las Vegas. Le fait que les deux véhicules – électriques – aient été loués via la même plateforme — le site Internet Turo, n’est qu’une « coïncidence » selon le shérif de Las Vegas.
« Rien ne justifie la violence », selon Joe Biden, Donald Trump dénonce l’immigration
« Le président Biden a appelé la maire de la Nouvelle-Orléans, LaToya Cantrell, pour offrir tout le soutien de l’État fédéral », a fait savoir la Maison Blanche. Il a en outre déclaré que « rien ne justifie la violence, quelle qu’elle soit, et nous ne tolérerons aucune attaque contre les populations de notre pays », écrit le président américain dans un communiqué.
Le président élu Donald Trump a également réagi, apportant son soutien aux blessés et aux familles des victimes. Il n’a pas réagi depuis que le suspect a été identifié, alors qu’il avait juste avant laissé entendre qu’il s’agissait d’un acte commis par un étranger.
Le président français Emmanuel Macron a adressé ses « pensées » aux « familles des victimes et aux blessés » de l’attaque. Il a aussi exprimé son émotion « au peuple américain dont nous partageons la peine », dans un message sur X. Emmanuel Macron s’était rendu en décembre 2022 à La Nouvelle-Orléans, fondée au début du XVIIIe siècle par des colons français, et aujourd’hui « frappée par le terrorisme », selon le président.
Selon la municipalité, les effectifs des forces de l’ordre avaient été augmentés pendant la période du Nouvel An, les autorités se préparant à une grosse affluence dans les rues. Le service de police de la ville avait ainsi annoncé des effectifs « au complet, aidés par 300 agents supplémentaires provenant d’organismes partenaires chargés de l’application de la loi », notamment à cheval et patrouillant dans des unités banalisées.
M. B.