jeudi 19 juin 2025
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Feux de forêt au Canada : des compagnies aériennes mobilisées pour faciliter le départ des habitants

Au Canada, la grande opération d’évacuation se poursuit dans la capitale des Territoires du Nord-Ouest, menacée par des feux de forêt. Plus de 200 incendies sont en cours dans la région. Les 20 000 habitants de Yellowknife ont jusqu’à ce soir, 18 août, pour quitter la ville. Et si plusieurs fuient les flammes par la route, d’autres prennent la voie des airs.

L’aéroport de Yellowknife s’est transformé en base d’évacuation ces derniers jours. La majorité des habitants montent à bord d’avions en direction des provinces voisines de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Pour éviter que cette ruée vers le sud ne face grimper les tarifs, les transporteurs aériens West Jet et Air Canada ont décidé de plafonner le prix des billets. Les évacués payent en moyenne 240 euros pour quitter la ville.

Air Canada a ajouté trois vols en provenance de Yellowknife. Et a remplacé une partie de sa flotte par des plus gros appareils. De son côté, West Jet a offert hier un vol supplémentaire en direction de la ville de Calgary, en Alberta, une des principales villes d’accueil pour les évacués.

Le transporteur a aussi augmenté le nombre d’animaux de compagnie à bord afin d’éviter que les chats et les chiens ne soient laissés derrière.

Mais c’est une aide en demi-teinte, puisque West Jet a annulé deux vols ce 18 août, la dernière journée des évacuations. La compagnie affirme qu’elle le fait par précaution pour la sécurité de son équipage et de ses clients. En tout, 21 vols commerciaux vont évacuer 2 000 passagers ce vendredi. Trois avions de l’armée canadienne ont été affrétés pour terminer de vider la ville.

Des habitants attendent encore l’évacuation

En théorie, tous les habitants de Yellowknife doivent avoir quitté la ville à midi heure locale (18h TU)Mais dans les faits, des milliers de personnes attendent encore d’avoir une place sur un des avions en partance pour la province de l’Alberta plus au sud, pointe notre correspondante à Québec. Certains ont commencé à se regrouper aux endroits prévus à cet effet dès le milieu de la nuit, pour être sûr de pouvoir s’envoler. Le gouvernement a prévu de mettre en place des vols supplémentaires, quitte à étirer l’évacuation jusqu’à demain.

Plusieurs habitants redoutent de faire les 1 400 km de route jusqu’à Edmonton, une des villes qui a ouvert un centre d’urgence. Les automobilistes doivent rouler dans une épaisse fumée, et l’attente est longue aux rares stations essence. Il s’agit d’une région essentiellement constituée de forêts avec des villages seulement aux 300 km. L’un d’entre eux a d’ailleurs été rasé par les flammes. Les gens arrivent donc épuisés à destination, sans savoir s’ils vont pouvoir se loger quelque part. Pour l’instant, très peu de centres offrent de l’hébergement.

Par ailleurs, un certain pourcentage de la population a choisi de rester à Yellowknife, malgré les appels répétés des autorités de fuir la ville. Difficile de savoir ce qui pourrait leur arriver si l’incendie arrive.

Et Yellowknife n’est pas le seul endroit concerné par des évacuations. Un gigantesque brasier menace la ville Kelowna, en Colombie-Britannique à l’ouest du Canada. En 24h seulement, il est passé d’une superficie de 24 hectares à près de 7 000 hectares. Une progression qu’un chef des pompiers sur place compare à un torrent de feu. Déjà, les résidents de 2 400 propriétés ont plié bagages. 4 800 se tiennent en alerte, prêts à partir en peu de temps, tandis que plusieurs autoroutes ont été coupées par l’incendie.

Les Canadiens furieux contre Meta

Certains résidents soulignent des difficultés pour s’informer sur l’évolution de la situation sur Facebook notamment, mais également sur Instagram.
Le groupe Meta est en effet en plein bras de fer avec le Canada. Début août, il a commencé à bloquer l’accès des Canadiens aux contenus médiatiques sur ses plateformes : une réponse à la nouvelle loi d’Ottawa qui oblige les géants du numérique à payer les éditeurs, une loi destinée à soutenir le secteur des médias, en difficulté dans le pays.

En représailles, des médias canadiens ont donc demandé au gendarme de la concurrence d’enquêter sur la décision de Meta. Ils accusent la maison mère de « comportement anticoncurrentiel ». Sauf que le géant américain ne l’entend pas de cette oreille : « ce n’est pas l’actualité qui pousse les personnes à utiliser nos plateformes, les médias utilisent nos plateformes pour augmenter leurs bénéfices… », a déclaré Méta.

Ce problème s’ajoute donc aux coupures internet et de réseaux téléphoniques à certains endroits. Les habitants de Yellowknife, désormais loin de chez eux, misent donc sur le bouche-à-oreille, et la radio, pour se tenir au courant des informations sur les incendies.

M. B.