Le festival d’Angoulême aura-t-il lieu en 2026 ? La tenue de ce rendez-vous international de la bande dessinée, qui se tient chaque année le dernier week-end de janvier, est fortement compromise. Initié par des auteurs, un boycott sans précédent, relayé par 21 Grands Prix et maintenant soutenu par les grands éditeurs, secoue le secteur. En cause : la reconduction de l’association organisatrice de l’événement, accusée de nombreux dysfonctionnements.
« Le Festival de la bande dessinée d’Angoulême est en danger de mort », ont alerté lundi 10 novembre dans une tribune publiée dans L’Humanité 22 lauréats du Grand Prix. En cause : la reconduction de son délégataire historique très contesté, 9eArt+, comme organisateur de l’événement.
En 50 ans, le festival d’Angoulême a contribué à faire évoluer la perception de la bande dessinée (BD), de distraction enfantine à un art, le neuvième. Mais depuis quelques années, la société organisatrice de l’événement, 9eArt+, et surtout son directeur, Franck Bondoux, sont vertement critiqués par la profession.
Lui sont reprochés une comptabilité opaque, une dérive mercantile, le mépris des auteurs et autrices et surtout le licenciement d’une salariée après une plainte pour viol en 2024. Devant la bronca, un appel d’offres a été lancé pour désigner un nouveau prestataire.
Mais ces derniers jours, c’est 9eArt+ qui semblait de nouveau en lice pour remporter le marché. C’en est trop pour les auteurs, rejoints par les Grands Prix français, Riad Sattouf, mais aussi américains, Art Spiegelman et Chris Ware, qui ont annoncé boycotter l’événement.
Ils dénoncent un événement qui « accumule les scandales, les erreurs de communication et le manque d’ambition, tout cela dans une totale opacité de gestion. […] Il est grand temps de tourner la page 9eArt+ pour que le festival retrouve, avec de nouveaux opérateurs, les valeurs qui ont construit sa notoriété internationale », demandent-ils, à quelques mois de l’édition prévue du 29 janvier au 1ᵉʳ février 2026.
Boycott d’Anouk Ricard, Grand Prix 2025
Sur les réseaux sociaux, les appels au boycott se sont multipliés avec le mot-clé #NOFIBD2026. Anouk Ricard, Grand Prix 2025, a annoncé qu’elle ne se rendrait pas à Angoulême, tout comme les autrices françaises Pénélope Bagieu ou Catherine Meurisse.
Les plus grands éditeurs comme Dargaud ou Casterman déclarent à leur tour renoncer à l’édition 2026 si la procédure de désignation du prestataire n’est pas modifiée. À quelques mois des municipales, le maire de la ville fait également pression, tant l’événement fait vivre tout un écosystème dans la cité charentaise.
La Cité internationale de la BD et 9eArt+ ont jusqu’au 20 novembre pour présenter un projet commun. Le ministère de la Culture a dit attendre « l’issue des discussions pour prendre une position définitive ».
M. B.
INTERFIL ALGERIE Soyez le premier informé