Après plusieurs semaines de consultations, le gouvernement du Premier ministre Sébastien Lecornu a été dévoilé ce dimanche 5 octobre. Un gouvernement dans la continuité du précédent avec quelques changements notables. Statu quo à tous les postes-clé, ou presque : la première partie du gouvernement de Sébastien Lecornu a été dévoilée dimanche, avec des reconductions en pagaille, le retour surprise de Bruno Le Maire aux Armées et l’arrivée à Bercy du député Renaissance Roland Lescure.
C’est traditionnellement depuis l’Élysée qu’a été annoncée ce dimanche 5 octobre la liste du nouveau gouvernement du Premier ministre Sébastien Lecornu.
Depuis le parvis de l’Élysée, le secrétaire général de la présidence Emmanuel Moulin a dévoilé 18 noms, la plupart connus, avec pas moins de 12 ministres démissionnaires renommés à leur poste ou ailleurs.
Un gouvernement qui ressemble très fort à celui de François Bayrou. Il y a un retour surprise, celui de Bruno Le Maire au ministère des Armées. L’ancien ministre de l’Économie, qui avait quitté ses fonctions au moment de la nomination du gouvernement de Michel Barnier, remplace donc Sébastien Lecornu dans ce ministère stratégique. Les deux hommes sont proches. L’actuel Premier ministre a été l’un des collaborateurs de Bruno Le Maire lorsqu’il était ministre de Nicolas Sarkozy.
Les principaux poids lourds reconduits. Seules nouveautés : à Bercy, Eric Lombard est remplacé par Roland Lescure, député macroniste, ancien vice-président de l’Assemblée nationale, qui avait renoncé opportunément à ce poste il y a quelques jours. Mathieu Lefèvre, autre macroniste, proche de Gerald Darmanin, devient ministre des Relations avec le Parlement. Il aura la délicate tâche de trouver des terrains d’entente avec les oppositions. Aurore Bergé est également reconduite à son poste de ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes et devient porte-parole du gouvernement.
Eric Wœrth de retour au gouvernement, Manuel Valls, Rachida Dati, Elisabeth Borne conservent leurs postes
Bruno Retailleau est à nouveau nommé ministre de l’Intérieur. Gérald Darmaninconserve également son poste de ministre de la Justice, Garde des sceaux. Jean-Noël Barrot est, là aussi, à nouveau nommé ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Amélie de Montchalin conserve les Comptes publiques.
Rachida Dati conserve le ministère de la Culture. Naïma Moutchou devient ministre de la Transformation de la fonction publique. Philippe Tabarot est nommé ministre des Transports, Marina Ferrari hérite du titre de ministre des Sports. Agnès Pannier-Runacher conserve son portefeuille au ministère de la Transition écologique.
Annie Genevard conserve le poste de ministre de l’Agriculture, idem pour Catherine Vautrin au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités, des Familles, de l’Autonomie et des personnes handicapées. Eric Wœrth est nommé ministre l’Aménagement du territoire, de la Décentralisation et du Logement. L’Éducation nationale est à nouveau confiée à Elisabeth Borne, elle aura également à charge l’Enseignement supérieur. Manuel Valls est reconduit au poste de ministre de l’Outre-mer.
D’autres nominations pouvant consolider le gouvernement de Sébastien Lecornu sont attendues dans les prochains jours. Le premier conseil des ministres aura lieu demain lundi 6 octobre à 16 heures.
« Macronisme à l’agonie », « gouvernement à l’identique », « cortège de revenants »
Les réactions de la classe politique ne se sont pas faites attendre après l’annonce du nouveau gouvernement. Sur BFMTV, le secrétaire général du Parti socialiste a constaté que « rien ne change, ni dans les têtes, comme malheureusement a priori pas dans la politique. On voit un gouvernement qui est la fin d’un Macronisme qui est à l’agonie dans ce pays, qui veut se maintenir au pouvoir coûte que coûte, qui se répartit postes et responsabilités, sans vouloir prendre en compte ce qui se passe », a-t-il déclaré, ajoutant que « sans changement de politique, il y aura une censure des socialistes dès la semaine prochaine. »
Pour Marine Le Pen, la cheffe de file des députés du Rassemblement national, « Le choix de ce gouvernement à l’identique, assaisonné de l’homme qui a mis la France en faillite est pathétique », déplore-t-elle. « Les bras nous en tombent […] ». Le président du parti d’extrême droite Jordan Bardella a raillé de son côté un gouvernement « composé des derniers macronistes agrippés au radeau de la Méduse. »
Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon ironise. « Tout ça pour ça ? Le gouvernement Lecornu est un cortège de revenants à 80% de LR et anciens LR embauchés pour continuer une politique qui a provoqué tant de souffrance populaire et de dégâts écologiques. »
Le patron des Républicains, Bruno Retailleau, qui était favorable à la participation de son parti à l’exécutif de Sébastien Lecornu, a déploré dimanche que « la composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise ». « Devant la situation politique créée par cette annonce, je convoque demain matin le comité stratégique des républicains », une instance qui regroupe les principales personnalités du parti, a-t-il annoncé sur le réseau social X.
Après l’annonce du gouvernement, l’étape la plus importante pour Sébastien Lecornu va être celle de sa déclaration de politique générale, où il y dévoilera ses orientations. Elle est prévue mardi prochain à 15 heures (heure de Paris). Le Parti socialiste comme le Rassemblement national, qui détiennent les clefs de la survie du Premier ministre, ont dit l’attendre pour se prononcer sur la question.
M. B.