samedi 13 septembre 2025
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L’agence de notation Fitch dégrade la note de la France en raison de l’état de ses finances publiques

L’agence de notation Fitch a abaissé la note de crédit à long terme de la France de AA- à A+, ce vendredi 12 septembre. Elle souligne que l’augmentation de sa dette publique limite sa capacité à réagir à de nouveaux chocs sans aggraver la situation de ses finances publiques.

Cette décision intervient après le renversement lundi du gouvernement de François Bayrou par les députés, précisément sur la question de l’endettement de la France, qui représentait plus de 113% du PIB l’an dernier.

Le ministre de l’Économie démissionnaire, Eric Lombard, a dit « prendre acte » de la décision de Fitch, la disant « motivée par la situation de nos finances publiques et l’incertitude politique, malgré la solidité de l’économie française ». « Le nouveau Premier ministre (Sébastien Lecornu) a d’ores et déjà engagé la consultation des forces politiques représentées au Parlement, en vue d’adopter un budget pour la Nation et de poursuivre les efforts de rétablissement de nos finances publiques », a-t-il écrit sur la plateforme X.

La chute de François Bayrou a accentué le chaos politique en France, avec un cinquième Premier ministre en à peine plus de deux ans, et renforcé les incertitudes autour du projet de budget pour l’an prochain alors que l’ancien chef du gouvernement a été largement désavoué pour sa volonté de réaliser plus de 40 milliards d’euros d’économies.

Le « spread » ou écart de rendement entre le Bund allemand et l’OAT française à 10 ans, qui permet de mesurer la prime de risque associée à la dette française, a atteint cette semaine un plus haut depuis mars 2025. Le taux des emprunts français à 10 ans est désormais quasiment au niveau de son équivalent italien. Un facteur d’incertitude a toutefois été levé cet été pour la France, comme pour les autres pays européens, avec l’accord commercial conclu par l’Union européenne avec les États-Unis de Donald Trump sur le niveau des droits de douane américains.

Peu de conséquences immédiates pour la France

La France prévoit un déficit public de 5,4% du PIB en 2025, bien au-dessus de la limite de 3% fixée par les règles budgétaires européennes, et sa dette dépasse 3 300 milliards d’euros, soit presque 114% du PIB. Après Fitch, les deux autres grandes agences de notation rendront leur nouvel avis sur la situation française cet automne : le 24 octobre pour Moody’s, qui note actuellement la France à Aa3 avec perspective stable, puis le 28 novembre pour Standard & Poor’s, pour l’instant à AA-, avec perspective négative.

Selon Fitch, plutôt que se résorber, l’endettement de la France continuerait de gonfler pour atteindre 121% du PIB en 2027, « sans horizon clair de stabilisation dans les années suivantes », réduisant sa capacité à répondre à des chocs économiques éventuels. À plus court terme, l’agence estime que l’échéance de la prochaine élection présidentielle en 2027 réduira d’autant plus les marges de manœuvre en faveur d’un redressement des finances publiques, et craint que le blocage politique persiste au-delà. Ainsi, après 5,5% en 2025 selon elle, Fitch prédit un déficit restant supérieur à 5% en 2026 et 2027, alors que le gouvernement sortant espérait 4,6% l’an prochain.

La dégradation de la note marque un tournant pour le pays. Et ce, même si elle devrait entraîner peu de conséquences immédiates pour Paris. Lui attribuant l’équivalent d’un 16/20, Fitch fait en effet basculer la capacité de la France à rembourser sa dette dans la catégorie inférieure : de qualité « moyenne supérieure », contre « bonne ou haute » jusqu’ici.

La capacité à rembourser la dette notée

Les agences comme Fitch, Moody’s et S&P Global classent la qualité de crédit des États, c’est-à-dire leur capacité à rembourser leur dette, de AAA, la meilleure note, à D synonyme de défaut de paiement. Ces notes sont anticipées par les investisseurs. Un État bien noté emprunte moins cher. Une dégradation, au contraire, renvoie le message d’un placement devenu plus risqué, ce qui peut pousser les investisseurs à demander une meilleure contrepartie pour prêter de l’argent, augmentant ainsi le coût de financement.

Cet abaissement est le deuxième de la note française par Fitch depuis avril 2023, l’agence ayant alors invoqué les fortes tensions sociales liées à la réforme des retraites. Il peut laisser préfigurer d’un mouvement similaire par les deux autres grandes agences mondiales, Moody’s le 24 octobre et S&P le 28 novembre.

M. B.