Face à la poussée de l’extrême-droite, le gouvernement travailliste de Keir Starmer a fait plusieurs annonces pour tenter de limiter le nombre de migrants qui traversent la Manche dans le but de rallier les côtes anglaises, samedi 15 novembre. Les autorités britanniques ont notamment indiqué vouloir limiter la protection accordée aux réfugiés et supprimer l’accès automatique aux aides sociales pour les demandeurs d’asile.
Restriction de la protection accordée aux réfugiés et des aides accordées aux demandeurs d’asile : dans la soirée du samedi 15 novembre, le gouvernement britannique a annoncé qu’il allait prendre des mesures « historiques » pour limiter les arrivées de migrants au Royaume-Uni et contrer la montée du parti anti-immigration de Nigel Farage. « Ce pays a une fière tradition d’accueil des personnes fuyant le danger, mais notre générosité attire les migrants illégaux à travers la Manche », a déclaré la ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood, citée dans un communiqué de son ministère.
En attendant la présentation de son plan détaillé prévue devant le Parlement lundi 17 novembre, deux mesures phares ont été annoncées par des communiqués du ministère de Mme Mahmood. Le gouvernement va d’abord réduire la protection accordée aux réfugiés, qui seront « forcés de rentrer dans leur pays d’origine dès qu’il sera jugé sûr ». « Un « billet en or » a fait grimper les demandes d’asile au Royaume-Uni, poussant les gens à traverser l’Europe via des pays sûrs, pour monter à bord d’embarcations de fortune », a indiqué la ministre. « Je vais mettre fin à ce ticket en or », a-t-elle ajouté. « Grâce à des conditions bien plus généreuses au Royaume-Uni », les réfugiés peuvent actuellement demander à s’installer définitivement, sans frais, après cinq ans de présence, « sans avoir contribué » au pays, a également souligné son ministère, qui a dit s’être inspiré de l’exemple danois pour ses réformes – dirigé par les sociaux-démocrates depuis 2019, le Danemark, un pays de 6 millions d’habitants, défend une politique stricte en matière de droit d’asile.
Le gouvernement sous la pression de l’extrême-droite
Le nouveau système réduira la durée de leur séjour de cinq ans à 30 mois et multipliera par quatre, de cinq à 20 ans, le délai nécessaire pour demander à devenir résident permanent, a-t-il précisé. Les réfugiés qui souhaitent devenir résidents permanents plus vite « devront travailler ou étudier », a-t-il encore ajouté. L’autre mesure phare est la suppression de l’accès automatique aux aides sociales – logement, allocations financières – pour les demandeurs d’asile. Le gouvernement veut supprimer ces aides « pour ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins mais choisissent de ne pas le faire, ou pour ceux qui enfreignent la loi », selon le communiqué.
Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement de Keir Starmer est presque quotidiennement sous pression pour freiner les arrivées de migrants qui traversent la Manche à bord d’embarcations de fortune pour rejoindre le Royaume-Uni, mais sans succès pour l’instant. Depuis le 1er janvier, 39 292 personnes ont ainsi débarqué sur les côtes anglaises à l’issue de cette périlleuse traversée, un chiffre qui dépasse le total de l’année 2024 (36 816).
Alors que, cet été, de nombreuses manifestations ont eu lieu devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile et qu’une manifestation organisée par l’extrême droite a réuni jusqu’à 150 000 personnes à Londres mi-septembre selon la police, les travaillistes sont depuis plusieurs mois largement devancés dans les sondages par le parti Reform de Nigel Farage qui a fait de la question des migrants son sujet principal.
M. B.
INTERFIL ALGERIE Soyez le premier informé