C’est lors d’une session de formation sous le thème « TIC et intelligence artificielle », organisée conjointement par Huawei et l’Organisation nationale des journalistes algériens à l’hôtel El Djazaïr (Alger), que M. Zoheir Bouamama, ministre de la Communication a déclaré que : « L’intelligence artificielle n’est pas un simple concept futuriste, mais une véritable transformation dont l’Algérie doit être préparée à franchir le pas. »
« Tout en écoutant l’expert venu de Chine, j’ai eu l’impression qu’il nous avait ouvert une fenêtre sur ce que sera très bientôt notre avenir. Ce n’est pas de la fiction, c’est bel et bien notre réalité qui s’annonce. Ce n’est pas une évolution mais une révolution », a-t-il précisé. Je me souviens qu’il y a quelques années, lors d’un forum dans un pays étranger, j’avais donné une conférence sur comment la technologie va révolutionner les relations internationales. J’avais alors cité une phrase célèbre attribuée à un dirigeant politique : « Celui qui dominera l’intelligence artificielle dominera le monde. » « Nous aussi, en Algérie, nous devons en être conscients. Nous devons suivre cette évolution avec attention et engagement », a ajouté M. Bouamama. Il a rappelé que le président de la République, depuis quelques années déjà, avait pris la décision de la création de l’Ecole nationale supérieure de l’intelligence artificielle, un établissement d’excellence qui regroupe les meilleurs de nos étudiants dans ce domaine.
Pour le ministre, « l’Algérie doit se préparer à entrer pleinement dans ce nouveau monde. Parce que si nous ne prenons pas le train en marche, nous risquons d’être laissés loin derrière. L’enjeu, au minimum, est d’être à bord de ce train du progrès, même si ce n’est pas en tête, mais au moins présents dans le mouvement ». Il exhorte les journalistes et les acteurs des médias en général à prendre conscience de ces enjeux et écrire davantage sur ces questions.
Selon M. Bouamama, il est essentiel qu’ils sensibilisent le public à cette transformation majeure. Le ministre fait remarquer que « l’intelligence artificielle aura un impact profond sur le secteur médiatique, sur la production de contenu, l’éthique et sur la véracité des informations. Nous faisons déjà face à des défis comme la désinformation type deepfakes (ou hypertrucages), la falsification de voix et d’images, aujourd’hui, il est possible de reproduire la voix de quelqu’un, d’imiter ses gestes et de lui faire dire ce qu’il n’a jamais dit. Nous vivons une étape charnière. Nous n’avons pas le choix : il faut comprendre cette révolution, s’y adapter, en tirer les aspects positifs, mais aussi rester vigilants et prudents face aux risques et dérives qu’elle comporte ».
L’IA, nouvelle force des nations
Dans un monde en perpétuelle transformation, l’intelligence artificielle émerge comme la prochaine grande révolution technologique de l’humanité. L’IA n’est pas seulement une avancée intermédiaire, mais un pivot qui redéfinit les sociétés, les économies et les modes de vie. Contrairement aux précédentes, cette révolution n’est pas limitée à un pays ou un secteur : elle est globale et transformative.
L’expert de Huawei compare l’IA à un enfant en croissance, divisée en plusieurs phases évolutives.
Tout a commencé par des systèmes basiques qui répondent mécaniquement sans réflexion profonde, comme un robot qui répète des commandes sans compréhension. Il y a eu ensuite ce qu’on appelle l’IA individuelle, basée sur des modèles pré-entraînés, elle effectue des inférences simples, comme générer du texte ou des images à partir de données apprises. On est passé ensuite aux agents IA, capables d’organiser et d’exécuter des tâches complexes. Par exemple, un agent IA peut planifier un voyage entier, réserver des billets d’avion, un hôtel et un taxi en une simple commande vocale sur un smartphone.
Notre époque a atteint l’IA organisationnelle, des systèmes qui émulent des organisations entières, gérant des flux de travail complexes avec une efficacité surhumaine. L’IA offre un « médecin personnel » virtuel qui analyse les habitudes individuelles, rappelle les prises de médicaments et suggère des exercices adaptés. L’IA révolutionne la logistique intelligente avec des drones et des véhicules autonomes pour les livraisons. Dans la gestion urbaine, elle analyse les caméras de surveillance pour prévenir les embouteillages ou les incidents de sécurité.
Par exemple, en Chine, l’IA aide à retrouver des objets perdus en cinq minutes, ou à sanctionner automatiquement les infractions routières.
Les aéroports intelligents utilisent la reconnaissance faciale pour fluidifier les passages. L’IA excelle dans la génération de textes, vidéos et images réalistes. Globalement, l’adoption de l’IA a explosé : de 7% en 2021 à une projection de 90% dans les entreprises d’ici fin 2025, avec 30% des tâches générales automatisées.
Les principaux obstacles incluent la résistance au changement, le manque de formation, les enjeux éthiques et la gouvernance des données.
Décrets d’application de la loi organique sur l’information
Il faut rappeler que le ministre de la Communication, Zoheir Bouamama, avait indiqué, la veille à Alger, que les décrets d’application de la loi organique sur l’information seront publiés avant la fin de l’année en cours. A cet égard, le ministre a indiqué que « l’élaboration du projet du décret exécutif, relatif à la création du conseil de déontologie et d’éthique de la profession, a été finalisée ». Il a mis en avant les éléments « de référence essentiels à la promotion du système médiatique », à savoir « le professionnalisme, le sens de la responsabilité et le nationalisme, outre le respect de la déontologie de la profession et le travail en toute liberté dans le cadre du respect des lois ». Rappelons que la loi organique sur l’information, promulguée en 2023, vise à moderniser le secteur de la communication et renforcer la transparence, l’éthique et la régulation des médias, notamment dans un environnement numérique en pleine mutation.
Mohammed Bessaïah
INTERFIL ALGERIE Soyez le premier informé