Des centaines de milliers de personnes ont manifesté ce samedi à Rome pour réclamer la fin de la guerre à Gaza et affirmer leur solidarité avec la population palestinienne. À Barcelone, ils étaient des dizaines de milliers et près de 1 000 à Londres où le gouvernement appelle à ne pas manifester. Ces rassemblements ont été organisés après l’interception par Israël d’une flottille internationale d’aide humanitaire.
Selon les organisateurs, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Rome en soutien aux Palestiniens pour réclamer la fin de la guerre à Gaza, au quatrième jour d’une importante mobilisation après l’interception par Israël de la flottille internationale d’aide. Sous un soleil éclatant, les manifestants se sont réunis près de la pyramide de Rome pour converger vers la basilique Saint-Jean-de-Latran, décrit notre correspondante sur place. Nombre d’entre eux portant un keffieh et scandant des slogans tels que « Stop au génocide », « Nous sommes tous palestiniens », « Free Palestine ». Les organisateurs ont annoncé « un million » de manifestants, tandis que les autorités affirment que 250 000 personnes étaient présentes. Les participants ont déployé des banderoles et des pancartes « Colonies juives, hors de Cisjordanie », « Fin à l’apartheid » ou encore « La Terre Sainte crie pour la paix ».
Regard déterminé, Serren, 24 ans, illustre le point de vue de l’Association des Jeunes Palestiniens d’Italie. « Le plan de Trump semble une paix de façade. La présence de Tony Blair est déjà très problématique. Mais l’un des plus gros problèmes est que le Hamas refuse de se faire désarmer ». Barbara, une Romaine qui soufflera bientôt ses 80 bougies, est venue pour une raison précise : « Je ne veux plus voir les images des enfants qui se font tuer ».
Dans les premiers rangs du cortège, Pablo, membre du mouvement communiste des CARC, dédaigne totalement le plan américain : « Il est voué à l’échec ! Aucune paix fondée sur la soumission d’un peuple ne peut exister ! ». Agent de cantine scolaire à Naples, la pimpante Rosa éprouve des sentiments mêlant indignation et espoir. « J’ai écouté le projet exposé par Trump et j’ai eu l’impression de regarder un film sur la Camorra, la mafia napolitaine : « Ou on fait ce que je dis ou c’est non ! ». Mais je sais qu’il y a une ouverture du Hamas et j’espère qu’elle permettra au moins de stopper les bombardements contre le peuple palestinien ».
Des manifestations très suivies se tiennent chaque jour dans plusieurs villes italiennes depuis le début de l’interception de la flottille pour Gaza par les forces israéliennes mercredi soir. Vendredi, des centaines de milliers de personnes ont manifesté à travers tout le pays pour exprimer leur soutien à la flottille et dénoncer l’inertie du gouvernement de Giorgia Meloni face au siège du territoire palestinien.
Samedi, Giorgia Meloni a accusé les manifestants d’avoir profané une statue du pape Jean-Paul II (1978-2005) avec des graffitis devant la gare principale de Rome, dénonçant un « acte honteux ». « Ils disent descendre dans la rue pour la paix, mais ils insultent la mémoire d’un homme qui fut un véritable défenseur et bâtisseur de la paix », a-t-elle déploré dans un communiqué.
Dans la soirée, plusieurs heurts entre casseurs et policiers ont lieu. Ce qu’ont vivement déploré les organisateurs de la manifestation.
Des centaines de milliers de manifestants en Espagne
Dans le centre de Barcelone, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont défilé pour les mêmes raisons, demandant aussi la fin du commerce des armes avec Israël. Derrière une immense banderole rouge sur laquelle on pouvait lire « Arrêtons le génocide en Palestine. Halte au commerce d’armes avec Israël », quelque 70 000 manifestants, selon la police municipale, ont défilé pacifiquement dans les rues du centre-ville, scandant des slogans tels que « Boycottons Israël ! » ou « Free Palestine ! ».
Une cinquantaine d’Espagnols figurent parmi les membres de la flottille détenus en Israël, a indiqué samedi le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares. Les navires étaient partis du port de Barcelone début septembre.
À Madrid, ils étaient près de 92 000 à marcher pour Gaza, selon la délégation du gouvernement à Madrid. Le 14 septembre environ 100 000 manifestants pro-palestiniens ont interrompu la dernière étape du Tour d’Espagne, obligeant les organisateurs à le terminer prématurément.
Un millier de participants à Londres après des appels du gouvernement à ne pas manifester
À Londres, un millier de personnes se sont rassemblées en soutien au groupe Palestine Action, classé « terroriste » par les autorités, malgré les appels du gouvernement et de la police à ne pas manifester en solidarité avec la communauté juive, après l’attaque jeudi à Manchester contre une synagogue. Cet attentat, qui a eu lieu jeudi matin dans cette ville du nord de l’Angleterre alors que la synagogue était très fréquentée pour la fête juive de Yom Kippour, a fait deux morts et trois blessés graves.
Dans ce contexte, les autorités ont appelé à reporter des manifestations propalestiniennes. « J’invite tous ceux qui envisagent de manifester à reconnaître et à respecter la douleur des juifs britanniques », a écrit samedi sur X le Premier ministre Keir Starmer. « C’est un moment de deuil. Ce n’est pas le moment d’attiser les tensions », a-t-il ajouté. Ces manifestations « risquent de créer de nouvelles tensions », a affirmé la police de Londres vendredi, en appelant à les annuler.
Mais une centaine de personnes ont manifesté à Manchester en soutien aux Palestiniens. À Londres, un millier de personnes se sont rassemblées à Trafalgar Square. Vers 16h (15h TU), la police avait arrêté 175 personnes, pour « soutien à une organisation interdite ». Parmi elles, se trouvent de nombreux retraités, une personne en fauteuil roulant, un prêtre, a constaté l’AFP. Plus de 1 400 personnes avaient été arrêtées au total lors des deux précédents rassemblements.
Des manifestations à Dublin et aussi en France
À Dublin, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés devant le Parlement irlandais pour marquer « les deux ans du génocide à Gaza », selon les termes des organisateurs.
En France, des manifestations étaient organisées pour soutenir la flottille d’aide à Gaza et demander à Emmanuel Macron des « sanctions » contre Israël afin de lever le blocus imposé au territoire palestinien. À Paris, les manifestants – 10 000 selon les organisateurs, 5 000 selon la police – ont défilé sous une forêt de drapeaux palestiniens, aux cris de « Vive la flottille ! », « Gaza, Paris est avec toi ! », « Cessez-le-feu immédiat ! ».
M. B.