mardi 10 décembre 2024
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Sanctions contre le Hamas, accusations contre Israël: sur le Proche-Orient, l’UE tire à hue et à dia

L’Union européenne envoie des signaux contradictoires au sujet de la situation au Proche-Orient. D’une part, elle sanctionne le Hamas, mais de l’autre lance des accusations contre Israël. Une diplomatie brouillonne qui illustre pourtant la volonté des Européens de jouer un rôle actif, avec notamment une réunion lundi à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères européens avec leurs homologues. Six représentants de la région ont accepté leur invitation.

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, et depuis la contre-attaque d’Israël, les Européens cherchent avec difficulté une position commune sur le Proche-Orient, analyse notre correspondant à Bruxelles. Les Vingt-Sept ont invité lundi prochain, a-t-on appris vendredi, les ministres des Affaires étrangères de la région à Bruxelles pour se pencher sur la situation actuelle et réfléchir aux initiatives à prendre. Mais ils émettent aujourd’hui des signaux très contradictoires avec, d’un côté, de nouvelles sanctions contre le Hamas, et de l’autre Josep Borrell qui accuse Israël d’avoir financé le Hamas.

Selon le chef de la diplomatie européenne, le gouvernement israélien actuel a financé le Hamas afin « d’affaiblir l’Autorité palestinienne dirigée par le Fatah ». Le gouvernement de Benyamin Netanyahu a déjà été accusé de saper le pouvoir de l’Autorité palestinienne, mais c’est la première fois que cette accusation est proférée expressément par un représentant de l’Union européenne, d’autant que Josep Borrell va très loin en l’accusant carrément d’avoir financé le mouvement.

En s’exprimant ainsi, le chef de la diplomatie européenne semble chercher à rétablir l’équilibre après, donc, la décision ce vendredi des membres de l’UE d’établir un nouveau régime de sanctions à l’encontre du Hamas. Des sanctions encore plus larges qu’auparavant et qui frappent six nouveaux responsables de l’organisation, toujours considérée comme terroriste par l’Union. M. Borrell avait poussé à l’établissement en parallèle, l’idée de sanctions à l’encontre des colons extrémistes israéliens violents en Cisjordanie, afin de ne pas donner l’impression que l’Europe se range uniquement du côté d’Israël.

Bruxelles a besoin de paraître le plus impartial possible avant lundi. Depuis des mois, les Européens cherchaient à organiser une sorte de mini-sommet sur le Proche-Orient. Seront présents le secrétaire général de la Ligue arabe et cinq ministres des Affaires étrangères – Jordanie, Égypte, Arabie saoudite –, en plus des représentants d’Israël et de l’Autorité palestinienne. Ils ne seront pas tous ensemble dans les mêmes rencontres, mais pour les Vingt-Sept, c’est le meilleur moyen d’évoquer la guerre, l’accès de l’aide humanitaire et ce qu’ils appellent « le jour d’après », c’est-à-dire la reconstruction, en particulier la reconstruction politique.

Entre les sanctions à l’encontre du Hamas et les accusations à l’encontre d’Israël, les signaux en provenance de l’Union européenne ce vendredi au sujet du Proche-Orient sont au mieux illisibles, au pire une cacophonie. Ils sont pourtant la manifestation de la volonté des Européens de jouer un rôle actif en faveur du rétablissement de la paix, une volonté dont l’expression doit culminer lundi à Bruxelles lors de ces réunions. Les Européens sont toujours autant tiraillés entre pro-Palestiniens (l’Irlande, l’Espagne ou la Belgique) et pro-Israéliens (l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie). Mais il leur reste un dénominateur commun, la croyance en une solution à deux États.

M. B.