En haute altitude, le réchauffement climatique provoque la fonte des sols et des parois gelées des montagnes appelées pergélisol. Alors que les éboulements rocheux qui en découlent fragilisent refuges et installations des stations de ski, la station suisse de Saint-Moritz a opté pour une solution inédite en Europe : refroidir artificiellement la montagne avec des thermosiphons.
En Suisse, pour sauver sa gare de téléphérique installée à 3 000 mètres d’altitude et menacée par la fonte du sol normalement gelé toute l’année, la station de Saint-Moritz a fait insérer seize thermosiphons dans la roche sous l’infrastructure.
Une technique déjà utilisée au Canada, en Alaska ou en Sibérie pour protéger des pipelines, mais jamais encore pour des installations touristiques en Europe.
Le chercheur Ludovic Ravanel est spécialiste des glaciers et parois déstabilisées par le réchauffement climatique : « Cette méthode de géo-ingénierie récupère en quelque sorte le froid l’hiver pour le mettre en profondeur et refroidir les terrains l’été. C’est certainement une réponse technique pour les situations où l’on a déjà une infrastructure qui est construite. En revanche, il ne faudrait pas que cela conduise à construire en haute montagne pour des raisons touristiques sur des terrains qui sont aujourd’hui instables ».
Maintenir des activités « de plus en plus remises en question avec la crise climatique »
Se résoudre à abandonner la montagne n’était pas une option, a déclaré à la télévision suisse le directeur technique du téléphérique. Mais ces années que la station veut gagner, elle ne les passe pas à diversifier son modèle économique, pourtant condamné par la fonte des neiges.
« On s’accroche à des activités économiques qui étaient effectivement favorisées par les conditions climatiques dans les années 1970, 1980 et 1990, rappelle Ludovic Ravanel. Aujourd’hui, on maintient des activités qui sont de plus en plus remises en question avec la crise climatique. C’est certain. »
Dans les Alpes, la crise climatique s’accélère en haute altitude. La fréquence et les volumes des éboulements rocheux augmentent : jusqu’à plusieurs millions de mètres cubes à chaque fois. Fin mai, un petit village suisse a été partiellement rayé de la carte.
M. B.