Le plan américain pour l’Ukraine requiert du « travail supplémentaire », ont estimé samedi 22 novembre dans une déclaration commune les dirigeants de 11 pays et de l’Union européenne, après une réunion en marge du sommet du G20 à Johannesburg. Ils insistent sur le fait que les éléments du plan concernant l’UE et l’Otan « requièrent le consentement des membres de l’UE et de l’Otan ». Une rencontre des conseillers à la sécurité nationale français, allemand, britannique et américain doit se tenir dimanche à Genève. Les pays soutenant l’Ukraine se réuniront mardi après-midi en visioconférence, a annoncé le président français. Trump dit que son plan pour l’Ukraine n’est pas sa dernière offre.
Le « projet » en 28 points proposé par Washington « est une base qui requerra du travail supplémentaire », écrivent-ils, se disant en particulier « inquiets par les limitations proposées pour les forces armées ukrainiennes, qui laisseraient l’Ukraine vulnérable à de futures attaques ».
La déclaration est signée par Ursula von der Leyen et Antonio Costa pour l’UE, ainsi que par les présidents français Emmanuel Macron et finlandais Alexander Stubb, le chancelier allemand Friedrich Merz, ainsi que les Premiers ministres canadien Mark Carney, irlandais Micheal Martin, italienne Giorgia Meloni, japonaise Sanae Takaichi, néerlandais Dick Schoof, espagnol Pedro Sanchez, britannique Keir Starmer et norvégien Jonas Gahr Støre.
Ils reconnaissent dans leur déclaration que la proposition américaine « inclut des éléments importants qui seront essentiels pour une paix juste et durable ». Mais ils rappellent aussi être « clairs sur le principe que les frontières ne doivent pas être changées par la force ».
Ils insistent également sur le fait que les éléments du plan concernant l’UE et l’Otan « requièrent le consentement des membres de l’UE et de l’Otan ». Ils disent vouloir « continuer à nous coordonner étroitement avec l’Ukraine et les États-Unis dans les jours qui viennent ».
Le chancelier allemand Friedrich Merz a affirmé qu’il ne peut y avoir de fin à la guerre que si « l’Ukraine y consent sans aucune restriction », ainsi que l’Europe. « Les grandes puissances ne peuvent décider par-dessus la tête des pays concernés », a-t-il souligné en allusion au récent plan américain pour l’Ukraine, ajoutant que « selon l’issue de ce conflit, la sécurité de l’Europe sera affectée ».
Le plan américain est vu avec une grande inquiétude à Kiev puisqu’il reprend plusieurs exigences clés de la Russie, à savoir que l’Ukraine lui cède des territoires, accepte une réduction de la taille de son armée et renonce à intégrer l’Otan. L’Ukraine serait en revanche éligible à l’adhésion à l’UE et obtiendrait des garanties de sécurité occidentales pour prévenir toute nouvelle attaque russe.
Pour Keir Starmer, le Premier ministre britannique, « si beaucoup voient dans les concessions territoriales et militaires envisagées pour l’Ukraine la marque du Kremlin, les chapitres consacrées à la reconstruction et à l’économie répondent eux plutôt aux exigences de l’auteur de “l’art du deal”. Donald Trump voit visiblement dans la reconstruction l’occasion d’un retour sur investissement pour les États-Unis », estime Keir Starmer.
Rubio et Witkoff dimanche à Genève pour discuter du plan de Trump
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio et l’émissaire diplomatique de Donald Trump, Steve Witkoff, doivent arriver dimanche à Genève pour discuter du plan de Trump avec les Ukrainiens, a confirmé à l’AFP un responsable américain. Ce responsable a également indiqué que le secrétaire américain à l’Armée Daniel Driscoll, qui a été reçu jeudi à Kiev par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, était lui déjà arrivé samedi dans la ville suisse.
Selon une source citée par l’AFP, le conseiller à la sécurité nationale du président français Emmanuel Macron « ira demain à Genève avec ses collègues du « E3 » (Allemagne, France, Royaume-Uni) » pour discuter « avec les États-Unis, l' »E3″ et les Ukrainiens ».
Le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, Roustem Oumerov, a, lui aussi, annoncé samedi sur Facebook de prochaines « consultations entre de hauts responsables ukrainiens et américains sur les paramètres possibles d’un futur accord de paix » avec Moscou.
Volodymyr Zelensky a de son côté signé un décret formant la délégation qui sera chargée de participer aux pourparlers avec Washington, et dans le futur avec Moscou. Celle-ci sera menée par son bras droit, le chef de la présidence Andriï Iermak, et comprendra entre autres Roustem Oumerov, les chefs des services de sécurité et de renseignement et le chef d’état-major. Soit une délégation essentiellement militaire.
Réunion des pays soutenant l’Ukraine mardi après-midi en visioconférence
Le président français a estimé que ce plan américain « est bon dans le sens où il propose la paix », et qu’il « reconnaît des éléments importants sur des questions de souveraineté, de garantie de sécurité ». Cependant, les Européens veulent impérativement faire partie de ces discussions qui les concernent, a estimé Emmanuel Macron, qui cite notamment les actifs gelés détenus par les Européens, la question de l’intégration de l’Ukraine à l’UE, sans oublier les prérogatives de l’Otan que le texte américain entend limiter. « Beaucoup de choses ne peuvent tout simplement pas être une proposition américaine et supposent une concertation plus large » a souligné Emmanuel Macron.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé samedi soir la tenue d’une réunion mardi en visio-conférence des pays de la « coalition des volontaires », qui réunit les alliés de l’Ukraine, pour discuter du plan américain pour mettre fin au conflit.
Cette concertation débutera dès demain, en Suisse, où le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio et l’émissaire diplomatique de Donald Trump Steve Witkoff sont attendus pour s’entretenir avec l’équipe de négociations ukrainienne, également en route.
L’Union européenne sera, elle aussi, bien présente lors de ces discussions à Genève. L’Allemagne, le Royaume-Uni et la France s’y rendront « pour se remettre autour de la table et réconcilier toutes ces vues » selon le président Macron. L’objectif : « Négocier une paix juste et durable pour les Ukrainiens et qui prennent en compte les éléments de sécurité pour tous les Européens » a-t-il répété.
« Nous tiendrons une réunion mardi après-midi pour nous coordonner sur ce point et voir les avancées qui se sont faites pendant les négociations des prochains jours à Genève », a-t-il ajouté lors d’un point de presse en marge du G20 à Johannesburg. Par ailleurs, « on sait que s’il n’y a pas des éléments de la dissuasion » dans un plan de paix pour l’Ukraine, « les Russes reviendront et trahiront leur promesse », a-t-il estimé.
Trump dit que son plan pour l’Ukraine n’est pas sa dernière offre
Le président américain a répondu « non » à la question de savoir si son plan de 28 points proposé pour mettre fin au conflit en Ukraine était sa « dernière offre ». « Nous essayons d’y mettre fin. D’une manière ou d’une autre, nous devons y mettre fin », a-t-il déclaré à la presse.
M. B.
INTERFIL ALGERIE Soyez le premier informé