Le procès de l’attaque terroriste du site gazier de Tiguentourine près d’In Amenas dans le sud-est de l’Algérie doit s’ouvrir ce lundi à Alger. Quatre accusés comparaîtront pour appartenance à un groupe terroriste armé, prise d’otages, homicides volontaires avec préméditation, guet-apens et détérioration de biens de l’État. Durant 3 jours en janvier 2013, un commando d’hommes armés avait pris en otage les employés du site jusqu’à ce que les autorités algériennes réagissent par une opération musclée de sauvetage.
À l’aube du 16 janvier, une quarantaine de jihadiste à bord d’une dizaine de 4×4 pénètrent dans le site pétrolier de Tiguentourine, non loin d’In Amenas, ville en plein désert à proximité de la frontière libyenne. Pres de 700 employés (550 algériens et plus de 130 expatriés de 26 nationalités) travaillent et vivent dans ce complexe propriété de la British Petroleum et de la société Algérienne de pétrole.
Le commando des signataires par le sang, un groupe dissident d’al-Qaeda, prend en otage les salariés en cherchant à viser les étrangers. Les terroristes réclament la fin de l’opération anti-jihadiste que la France mène au Mali voisin. L’attaque est pilotée à distance par le terroriste Moktar Belmoktar. Il sera tué lors d’un raid aérien en Libye en 2015.
Face aux jihadistes, les autorités algériennes refusent de négocier et il faut agir vite car les terroristes menacent de faire exploser le site. Ainsi, par deux fois, le 17 janvier et le 19 janvier, l’armée algérienne donne l’assaut.
Interrogations des familles
Durant ces opérations de sauvetage, plus d’une trentaine de terroristes sont neutralisés et d’autres arrêtés. De nombreuses vies sont sauvés. L’offensive est un succès militaire pour les autorités car il permet la reprise du complexe gazier.
Mais des familles de victimes dénoncent un trop grand nombre de morts civiles. Au total, 38 employés sont tués, la plupart exécutés par les terroristes, mais pour certains le doute persiste même 11 ans après les faits. Sont-ils des victimes collatérales ou ont-ils été assassinés par les terroristes ? Le procès qui s’ouvre ce lundi permettra peut-être de fournir des réponses sur les circonstances de ces décès.
Les interrogations persistent notamment autour de la mort de Yann Desjeux, seul Français décédé ce jour. Âgé de 53 ans au moment des faits, cet ancien des forces spéciales françaises reconvertit dans la sécurité des sites gaziers fut le premier à donner l’alerte. Des témoins affirment que durant la prise d’otage, il est en première ligne pour aider les employés peu habitués à ce type de situations de stress et d’effroi et a même de soigner un blessé.
Son corps sans vie est retrouvé par les militaires algériens apres la libération du site gazier. Et depuis 11 ans, sa sœur Marie-Claude Desjeux se bat pour la mémoire de son frère. Ce lundi, elle sera à Alger pour le procès avec l’espoir que toute la lumière soit faite sur ce qui s’est réellement passé à In Amenas.
Le procès doit durer une semaine en présence des rescapés et des familles de victimes, dont beaucoup ont fait le voyage depuis l’étranger pour l’occasion. A. Derrouiche alias Abou al-Bara, qui est l’un des combattants à la manœuvre lors de l’attaque, comparaitra avec trois autres prévenus devant le tribunal criminel de Dar El-Beïda d’Alger.
In RFI