La modernité, avec ses écrans lumineux, ses horaires chargés et son rythme effréné, a transformé notre relation au sommeil. Pourtant, dormir n’est pas un luxe : c’est une fonction vitale qui occupe près d’un tiers de notre vie.
Malgré cela, les troubles du sommeil restent sous-diagnostiqués et mal compris, avec des conséquences graves sur la santé et la société. Tels sont les principaux messages délivrés hier par le Pr Smail Daoudi, chef de service neurologie au CHU Tizi Ouzou lors de la 11e session du Beker Media training organisé à Alger. Le thème central porte sur « Les pathologies du sommeil : décrypter, informer, sensibiliser ». Nous avons vu des enfants catalogués comme paresseux, des étudiants jugés manquant de motivations, des adultes qualifiés de déprimés, alors qu’en réalité, ils souffrent de troubles du sommeil non diagnostiqués.
Il en ressort, entre autres, que le sommeil est une équation biologique complexe, régie par deux mécanismes : l’horloge interne (rythme circadien) qui régule l’alternance veille-sommeil via la mélatonine, l’hormone du sommeil et les synchronisateurs externes telles que la lumière (surtout la lumière bleue des écrans), la température ambiante, l’activité physique et les repas.
Chaque soir, des millions de personnes s’endorment avec leur smartphone à la main, inconscientes du danger. La lumière bleue émise par nos écrans (smartphones, tablettes, ordinateurs) agit comme une véritable «bombe à retardement» pour notre sommeil. Elle envoie à notre cerveau le signal qu’il fait jour et notre horloge biologique se dérègle complètement.
Trois conséquences immédiates à ce comportement : temps d’endormissement allongé (parfois +1h), sommeil moins profond et moins réparateur et réveils nocturnes plus fréquents. A l’ère du tout-numérique, préserver son sommeil devient un acte militant. «En modifiant quelques habitudes le soir, nous pouvons retrouver des nuits réparatrices et une énergie durable», conseille l’intervenant.
Il faut savoir que près de 20% de la population souffre de troubles du sommeil, souvent ignorés ou confondus avec d’autres problèmes. L’insomnie est le trouble le plus connu : 30 à 35% des adultes en font l’expérience ponctuelle.
Il y a aussi l’hypersomnie, moins connue mais tout aussi grave, elle se manifeste par une somnolence excessive durant la journée, malgré des nuits longues et des endormissements involontaires (au travail, en conduisant, etc.). L’impact sociétal est énorme. La somnolence au volant est une cause majeure d’accidents mortels en plus des difficultés de concentration, absentéisme et erreurs professionnelles.
Les recherches récentes révèlent que le sommeil joue un rôle clé dans la prévention des maladies. En effet, durant le sommeil, le système glymphatique (équivalent du système lymphatique du cerveau) élimine les déchets comme les protéines toxiques liées à Alzheimer ou Parkinson. Un mauvais sommeil favorise l’obésité, le diabète et l’hypertension. Face à cette réalité, il est urgent d’agir. Urgent de sensibiliser, d’éduquer et de former les professionnels à mieux détecter ces troubles.

1. Principaux Troubles du Sommeil
– Insomnie (difficulté à s’endormir ou réveils nocturnes)
– Apnée du sommeil (pauses respiratoires, ronflements)
– Syndrome des jambes sans repos** (besoin de bouger les jambes)
– Parasomnies (cauchemars, somnambulisme)
– Hypersomnie (sommeil excessif malgré une longue nuit)
2. Causes Possibles
– Stress, anxiété, dépression
– Mauvaise hygiène de vie (caféine, écrans, horaires irréguliers)
– Problèmes médicaux (douleurs, reflux, troubles hormonaux)
– Environnement (bruit, lumière, mauvaise literie)
– Médicaments (certains antidépresseurs, corticoïdes)
3. Solutions Naturelles
4. Hygiène du sommeil
**Routine** : Couchez-vous et réveillez-vous à la même heure.
**Pas d’écrans 1h avant le coucher** (la lumière bleue bloque la mélatonine).
**Chambre fraîche (18-20°C), sombre et silencieuse**.
Alimentation & Mode de Vie
Évitez café, alcool et repas lourds le soir
Infusions relaxantes (camomille, valériane, passiflore).
Exercice physique (mais pas trop tard le soir).
Relaxation
Méditation, respiration profonde (cohérence cardiaque).
Tenir un journal pour évacuer les pensées stressantes.
Quand Consulter un Médecin ?
Si vos troubles persistent malgré ces mesures, consultez un « médecin généraliste, un neurologue ou un spécialiste du sommeil » dans les cas suivants :
Insomnie chronique (> 3 mois)
Symptômes d’apnée (ronflements, fatigue au réveil)
Somnolence excessive (endormissement involontaire dans la journée)
Examens Possibles
– Polysomnographie (étude du sommeil en labo)
– Actigraphie (bracelet mesurant les cycles veille/sommeil)
– Bilan sanguin (carence en fer, thyroïde, etc.)
Mohammed Bessaïah