mercredi 14 mai 2025
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Comprendre la Finance islamique : l’enjeu d’un média économique spécialisé

Bank ABC Algérie a organisé une session de formation sur la Finance  islamique, destinée aux journalistes. L’objectif de la formation était de renforcer les connaissances des journalistes spécialisés en économie sur ce modèle financier, conforme aux préceptes de la charia islamique.

La finance islamique constitue un segment spécifique et croissant de l’économie mondiale. Elle repose sur des principes qui interdisent la riba où les intérêts sur les prêts bancaires, la spéculation excessive et les investissements dans des secteurs considérés comme illicites. Elle  privilégie le partage des risques et des profits, la transparence contractuelle et l’investissement productif.

Ce système financier s’appuie essentiellement, sur deux instruments de financement :

 Les contrats de vente (Mourabaha, Ijara Salam et Istisna’a).

Mourabaha : la banque (le créancier) achète un actif donné a un prix connu des deux parties pour le compte de son client ensuite la banque (le créancier) revend cet actif au client moyennant des paiements échelonnés ou non sur une période donnée a un prix convenu d’avance entre les deux parties, et qui est supérieur au prix d’achat (la marge bénéficiaire).

Ijara : une opération de « Ijara » consiste pour le créancier (la banque) à acheter des biens qu’il loue à un client pouvant bénéficier de la possibilité de rachat au terme du contrat.

Salam : Une vente à terme est une opération dans laquelle le paiement est effectué au comptant, tandis que la livraison intervient à une échéance ultérieure. En finance islamique, la vente d’un bien non existant est en principe interdite car elle implique l’aléa (gharar). Toutefois, pour faciliter certaines opérations—notamment dans le secteur agricole—des exceptions ont été accordées.

Istisna’a : Ce contrat financier permet à un acheteur de se procurer des biens qui lui seront livrés à terme. A la différence du « Salam », dans ce type de contrat, le prix, convenu à l’avance, est payé graduellement tout au long de la fabrication du bien. Les modalités concrètes du paiement sont déterminées par les termes de l’accord passé entre l’acheteur et le vendeur (en l’occurrence la banque). Cette forme de financement est essentiellement utilisée dans l’immobilier, la construction navale et l’aéronautique.

 Les contrats de financement participatifs (Moucharaka et la Moudharaba) impliquent un partenariat entre la banque et le client.

Moucharaka : est la traduction de « association » Dans cette opération, deux partenaires investissent ensemble dans un projet et en partagent les bénéfices en fonction du capital investi. Dans l’éventualité d’une perte, celle-ci est supportée par les deux parties au prorata du capital investi.

Moudharaba : Cette opération met en relation un investisseur (« Rab al-Māl ») qui fournit le capital (financier ou autre) et un entrepreneur (« Moudharib ») qui apporte son expertise. Dans ce modèle financier, la responsabilité de la gestion de l’activité incombe entièrement à l’entrepreneur. Les bénéfices réalisés sont partagés entre les deux parties selon une répartition convenue à l’avance, après que l’investisseur a recouvré son capital et que les frais de gestion de l’entrepreneur ont été acquittés.

Le conférencier, un expert de la Finance islamique à Bank ABC Algérie, a expliqué que cette finance s’appuie également sur les mécanismes de la Takaful (assurance islamique), un système coopératif basé sur le principe de la solidarité entre les membres. Chaque participant contribue à un fonds commun destiné à couvrir les pertes éventuelles de l’un d’eux. Parmi les notions fondamentales, figure « hibat al asl », qui consiste à affecter les revenus générés par un capital à des œuvres d’utilité publique, de nature religieuse ou sociale, permettant ainsi une gestion sans équivoques des ressources.

Il a mis en relief le rôle important des médias dans la vulgarisation de ce modèle financier. Selon lui, la réussite de la finance islamique ne dépend pas uniquement de l’offre bancaire, mais surtout d’une prise de conscience collective. Les journalistes économiques contribuent, à ce titre, à l’éducation financière du grand public, en relayant des informations recoupées, fiables et didactiques sur un modèle encore mal compris.

L’orateur rappelle que la finance islamique représente une des réponses à des enjeux contemporains majeurs, tels que l’inclusion financière, la justice sociale et le financement des petites entreprises, lesquelles sont souvent marginalisées des circuits bancaires conventionnels. 

Elle offre aussi des opportunités réelles pour le développement de secteurs névralgiques, tels l’habitat, l’agriculture et l’énergie renouvelable, par le truchement de plusieurs instruments, dont l’Ijara (location avec promesse de vente), les soukuk, ou le waqf (fonds de dotation).

En Algérie, la finance islamique connaît un développement graduel, soutenu par un cadre réglementaire plus clair notamment le règlement 02/20 du 15/03/2020, la création de guichets islamiques au sein des banques publiques et privées, et un intérêt croissant du public. Cette progression nécessite, néanmoins, un accompagnement médiatique plus dynamique.

« Les médias doivent devenir la boussole guidant le public vers une compréhension profonde, suscitant d’abord l’intérêt, puis la confiance, et enfin l’adhésion à des services financiers justes et responsables », conclut le locuteur.

Avant la fin 2025, Bank ABC Algérie ouvrira trois nouveaux guichets décentralisés à Constantine, Sidi Bel Abbès et Mostaganem, portant à quinze le nombre de points de contact sur l’ensemble du territoire national. Parallèlement, la banque enrichit son offre de produits de financement en lançant la formule «Alburaq Soukna, Aménagement Ijara » ainsi que de nouvelles solutions dédiées aux services : Omra/Hadj, voyages touristiques, études et service médical.

Mohammed Bessaïah