vendredi 19 avril 2024
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Dans son discours à la nation, Poutine accuse l’Occident de vouloir « en finir » avec la Russie

Le mardi 21 février, le président russe Vladimir Poutine a accusé l’Occident d’utiliser le conflit en Ukraine pour « en finir » avec la Russie, dans un discours annuel à la nation, estimant que les Occidentaux détenaient « la responsabilité » de l’escalade militaire.

Vladimir Poutine a accusé mardi l’Otan et l’Occident d’attiser le conflit en Ukraine en pensant à tort pouvoir vaincre la Russie dont ils cherchent à détruire l’existence. S’exprimant devant le Parlement et devant de nombreux cadres de l’armée et de la société civile, le président russe a promis de relever tous les défis qui se présentent au pays.

« Les élites de l’Occident ne cachent pas leur objectif : infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toute », a-t-il martelé, dans une allocution intervenant trois jours avant le premier anniversaire de l’offensive russe. « La responsabilité de l’attisement du conflit ukrainien et ses victimes […] repose totalement sur les élites occidentales », a encore dit le président russe, répétant sa thèse selon laquelle l’Occident appuie des forces néo-nazies en Ukraine pour y consolider un État anti-russe.

Les élites occidentales ne cachent pas leur objectif d’infliger, comme elles le disent, une « défaite stratégique à la Russie ». Qu’est-ce que cela signifie ? Pour nous, qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire : en finir avec nous une fois pour toutes. C’est-à-dire qu’ils ont l’intention de transformer un conflit local en une confrontation globale. C’est ainsi que nous le comprenons et nous réagirons en conséquence. Parce que dans ce cas, nous parlons de l’existence de notre pays. Mais ils savent bien qu’il est impossible de vaincre la Russie sur le champ de bataille. Par conséquent, ils nous livrent une guerre de l’information, une offensive de l’information qui est de plus en plus agressive contre nous.

Un haut responsable américain a dénoncé dans la foulée « l’absurdité » des accusations du président russe. « Personne n’attaque la Russie. Il y a une sorte d’absurdité dans l’idée que la Russie était sous une forme de menace militaire de la part de l’Ukraine ou de quiconque d’autre », a déclaré aux journalistes le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

Éliminer les menaces d’un « régime néo-nazi »

Avant cela, Vladimir Poutine avait affirmé qu’il restait déterminé, un an après le début de son offensive en Ukraine, à la poursuivre, alors que son armée est à la peine depuis des mois sur le champ de bataille, en dépit de la mobilisation de centaines de milliers de réservistes. « Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d’un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d’État de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous », a-t-il martelé.

Moscou a déployé d’intenses efforts pour résoudre pacifiquement la crise qui prévalait dans l’est de l’Ukraine depuis 2014, a-t-il dit, accusant une nouvelle fois les Occidentaux d’être à l’origine du conflit qui ensanglante l’Ukraine depuis bientôt près d’un an.

Les Occidentaux « ne sont arrivés à rien et n’arriveront à rien »

« Nous avons fait tout ce qui était possible pour résoudre ce problème pacifiquement, négocié de manière pacifique une solution pour sortir de ce conflit difficile, mais dans notre dos, un scénario bien différent était en train de se préparer », a dit le président russe qui s’exprimait devant le Parlement. « Le peuple ukrainien lui-même est l’otage du régime de Kiev et de ses maîtres occidentaux qui occupent de fait le régime, du point de vue politique, militaire et économique », a-t-il dit.

Face à l’élite politique du pays et des militaires ayant combattu en Ukraine, il a aussi remercié « tout le peuple russe pour son courage et sa détermination ». Évoquant les sanctions internationales qui frappent la Russie, Vladimir Poutine a estimé que les Occidentaux « ne sont arrivés à rien et n’arriveront à rien », alors que l’économie russe a résisté mieux qu’anticipé par les experts. « Nous avons assuré la stabilité de la situation économique, protégé les citoyens », a-t-il noté, estimant que l’Occident avait échoué à « déstabiliser notre société ».

Vladimir Poutine a par ailleurs annoncé que la Russie suspendait sa participation à l’accord New Start sur le désarmement nucléaire et a menacé de réaliser de nouveaux tests nucléaires si les États-Unis en font d’abord.

La diplomatie russe a également convoqué ce mardi l’ambassadrice américaine à Moscou pour lui remettre une note exigeant des États-Unis le retrait des « soldats et équipements » de l’Otan en Ukraine, référence à l’aide militaire que Kiev reçoit des Occidentaux. « Il a été noté en particulier que pour aboutir à une désescalade de la situation, Washington doit prendre des mesures en vue du retrait des soldats et équipements américains et de l’Otan, et cesser ses activités antirusses », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères, dans un communiqué.

Vladimir Poutine reste muet sur certains sujets

Rien sur les buts précis pour les soldats, dont des mobilisés envoyés en Ukraine. Pas de précision sur ce que veut dire une victoire. Même les lignes rouges sont vagues. Pour certains observateurs, c’est justement parce que Vladimir Poutine n’a rien de significatif à dire à son pays, même pour un discours annuel annulé en 2022 et attendu. Pour d’autres, ce moment était aussi un moyen de normaliser au maximum l’état de conflit. La vie d’un pays dont pourtant toutes les ressources sont désormais tournées vers l’affrontement.

Tant pis si, juste avant que le chef de l’État russe prenne la parole, Evgueni Prigojine, chef du groupe paramilitaire Wagner, franchissait une nouvelle étape dans son conflit avec l’armée en s’en prenant personnellement au ministre de la Défense et au chef d’état-major. « De la trahison de la patrie, c’est ce qu’ils font alors que Wagner combat pour Bakhmout » lance Evgueni Prigojine. Sur la réorganisation en cours des forces armées et de la situation sur la ligne de front, là aussi Vladimir Poutine n’a pas dit un mot.

B. M.