lundi 20 janvier 2025
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Disparition / Mort à 89 ans de l’écrivain britannique David Lodge, emblème du subtil humour « british »

L’écrivain britannique David Lodge est décédé le 1er janvier 2025 à 89 ans, a annoncé vendredi 3 janvier sa maison d’édition Penguin Random House. Le maître du roman était connu notamment pour Thérapie et Un tout petit monde, faisant partie d’une trilogie dans laquelle il dépeint avec ironie et sarcasme le milieu universitaire.

« Sa mort est une perte énorme pour nous tous à Penguin Random House et pour les lettres britanniques », a écrit la maison d’édition dans le communiqué annonçant ce décès. L’écrivain aux sourcils broussailleux est décédé le 1er janvier « paisiblement », entouré de sa famille. « Nous sommes très fiers de ses réalisations et du plaisir que ses œuvres de fiction, en particulier, ont procuré à tant de personnes », ont dit ses enfants.

Son humour mordant et son sens aigu de l’observation ont régalé des générations de lecteurs. À lui seul, David Lodge avait inventé un genre : le roman universitaire. Ce dernier fit de lui une star des lettres et la parfaite incarnation de l’humour anglais.

Traduit dans 24 langues, David Lodge a connu un grand succès en France, où il a été fait Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 1997. Dans son pays, il a été Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique en 1998 pour ses services rendus à la littérature.

David Lodge a vu le jour le 28 janvier 1935 à Dulwich, un quartier pauvre de la banlieue sud de Londres, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Il commence à enseigner la littérature en 1960 et publie ses premiers romans.

Critique sarcastique du monde universitaire, « minorité au puritanisme exacerbé »

Très vite, il rencontre le succès avec La Chute du British Museum, portrait parodique d’un doctorant en littérature. Le ton est donné : c’est en observant ses congénères, que ce soit au Royaume-Uni ou aux États-Unis – où il réside pendant l’année 1969 – que Lodge trouve le combustible idéal d’une œuvre qui se poursuit sans démériter.

Son écriture se poursuit jusqu’au feu d’artifice de sa « trilogie du campus », qui a démarré en 1975 avec Changement de décor. Les autres deux romans de la série l’ont propulsé à la finale du prestigieux prix littéraire Booker Prize : Un tout petit monde (1984) et Jeu de société (1988). Au cours de la trilogie, il croque des universitaires cabotins voyageant de colloques en congrès.

S’inspirant de son expérience de professeur à l’université de Birmingham, il y décrit avec une ironie mordante le milieu universitaire à travers deux représentants de cette « minorité au puritanisme exacerbé », l’Anglais Philip Swallow et l’Américain Morris Zapp. Le premier tome lui a valu le prestigieux Prix Hawthorndern. Les deux autres tomes ont fait l’objet d’une adaptation pour la télévision.

« Sa contribution à la culture littéraire a été immense »

Au fil des ans, le ton de David Lodge se fera plus grave. En 1995, dans son best-seller Thérapie, il convoque sa propre expérience de la dépression, tout en croquant le milieu des élites médiatiques, en particulier de la télévision.

Le dernier volet de son autobiographie, Réussir, plus ou moins, est paru en France en 2023. « Sa contribution à la culture littéraire a été immense, tant par ses critiques que par ses romans magistraux et emblématiques qui sont déjà devenus des classiques », a salué vendredi son éditrice Liz Foley.

M. B.