lundi 20 janvier 2025
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« Emilia Perez », film français de Jacques Audiard, fait sensation aux Golden Globes

Bonne nouvelle pour le cinéma français, à deux mois des Oscars : Emilia Perez de Jacques Audiard a dominé les Golden Globes en remportant quatre trophées, dont celui de la meilleure comédie. 

Primé à Cannes et diffusé par Netflix, Emilia Perez comptait dix nominations et a fait honneur à son statut de favori. Outre la récompense majeure, cette odyssée musicale sur la transition de genre d’un narcotrafiquant mexicain a raflé le prix du meilleur film international, celui du meilleur second rôle féminin pour Zoe Saldaña, et celui de la meilleure chanson pour les artistes français Camille et Clément Ducol, qui ont composé la bande originale.

Jacques Audiard, dont la filmographie fait la part belle aux personnages marginaux, a dédié cette victoire « à tous ceux qui se sentent aujourd’hui inquiétés ». Le cinéaste français les a exhortés « à garder la tête haute, à continuer de se battre et d’espérer en des jours meilleurs ».

« Vous pouvez peut-être nous mettre en prison, vous pouvez nous battre, mais vous ne pourrez jamais nous enlever notre âme, notre résistance, notre identité », a lancé Karla Sofia Gascon, l’actrice transgenre qui interprète l’héroïne du film.

La sensation Demi Moore 

Récompensée à Cannes, la comédienne espagnole n’a pas eu le même succès auprès d’Hollywood. Elle s’est inclinée face à Demi Moore, qui a remporté le prix de la meilleure actrice dans une comédie pour sa performance très engagée dans un autre film français, The Substance.

Dans cette fable horrifique de Coralie Fargeat, qui ne lésine pas sur le gore, l’actrice de 62 ans incarne une ancienne gloire d’Hollywood accro à un sérum de jouvence. Une substance qui génère un double rajeuni d’elle-même, aux pulsions destructrices.

Demi Moore a avoué avoir elle-même eu peur de devenir une actrice vieillissante et a remercié la Française pour « ce script magique, audacieux, courageux, hors des sentiers battus, complètement fou », qui lui permet d’être enfin reconnue lors d’une cérémonie majeure.

L’autre vainqueur de la soirée

Autre grand vainqueur de la soirée, The Brutalist a remporté un tiercé très prestigieux : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur pour Brady Corbet – qui devance dans cette catégorie Jacques Audiard et Coralie Fargeat –, et meilleur acteur pour Adrien Brody. Avec une telle moisson, ce film fleuve de trois heures trente, salué comme un chef-d’œuvre et déjà élevé par la critique au rang de grands classiques comme Le Parrain, cimente son statut de poids lourd pour les Oscars.

Au cœur d’un Hollywood où les studios influencent souvent la création, Brady Corbet en a profité pour adresser un plaidoyer en faveur de l’indépendance des réalisateurs. « Personne ne réclamait un film de trois heures et demie sur un designer du milieu du siècle en pellicule 70 millimètres, mais cela fonctionne », a-t-il insisté, en estimant que le « final cut » devrait toujours revenir au réalisateur.

M. B.