vendredi 26 avril 2024
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Energie/Les excellentes recettes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole

Si la hausse des cours du brut alimente le fléau de l’inflation, elle fait néanmoins des heureux. En l’occurrence les 13 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

Selon une note que vient de publier le département américain de l’Energie (EIA), le cartel devrait voir ses recettes pétrolières nettes s’envoler à 907 milliards de dollars cette année. « Cette augmentation est attribuable à une hausse de la production de pétrole brut et d’autres liquides par l’Opep ainsi qu’à une augmentation des prix du pétrole brut », notent les auteurs. Déjà sur une pente ascendante en raison d’un déséquilibre du marché, les cours du brut se sont effectivement envolés dès le déclenchement de la guerre en Ukraine. Début mars, le baril de Brent, la référence européenne, a ainsi frôlé les 140 dollars, proche de son record historique de 2008 (147,50 dollars), tandis que le WTI, référence américaine, s’échangeait autour des 125 dollars. Si les prix ont depuis reflué sous la barre des 100 dollars, plombés par les craintes d’un ralentissement de l’économie mondiale, ils affichent tout de même des gains de 40 % sur un an. Côté production, l’EIA estime que l’Opep aura pompé en moyenne cette année quelque 34 millions de barils par jour, en hausse par rapport à 2021 (31,7 millions).

Plus de 500 milliards de dollars de revenus en 2021

L’année dernière avait déjà été faste pour les membres de l’Opep, qui contrôlent environ un tiers de la production mondiale de pétrole brut. Après un millésime 2020 désastreux, marqué par les confinements instaurés partout dans le monde pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et un plongeon historique des prix en territoire négatif, l’activité avait fortement redémarré. La consommation mondiale de pétrole avait dépassé la production, « ce qui a entraîné des retraits persistants des stocks mondiaux de pétrole », soulignent les experts de l’EIA. Les prix étaient repartis à la hausse. Résultat : les recettes tirées des exportations du cartel avaient bondi de 78 % en 2021, à 570 milliards de dollars. Tous les membres de l’Opep en ont profité. L’Iran, pourtant sous le coup de sanctions américaines, a réussi à tirer de ses exportations près de 40 milliards de dollars en 2021, la Libye 26 milliards et le Venezuela 8 milliards. Poids lourd du cartel, l’Arabie saoudite a, à elle seule, engrangé l’an dernier 184 milliards de dollars. Soit près d’un tiers de l’ensemble des recettes pétrolières de l’Opep en 2021.

Rompre le « cercle vicieux »

Pour 2023, les prévisionnistes de l’EIA se veulent moins optimistes. Malgré une production en hausse à 34,5 millions de barils par jour, « nous prévoyons que les recettes nettes d’exportation de l’Opep diminueront en 2023 pour atteindre 835 milliards de dollars », estiment-ils. En cause : une diminution des prix mondiaux du pétrole brut avec « des stocks mondiaux qui ont commencé à s’accumuler au deuxième trimestre 2022 et qui continueront à s’accumuler pendant la majeure partie de 2023 », soulignent les experts américains. Constatant le phénomène, l’Opep et ses alliés, dont la Russie, ont déjà laissé entendre qu’ils pourraient à tout moment agir sur les niveaux de production pour rectifier le tir. « La volatilité et la faible liquidité envoient des signaux erronés aux marchés à un moment où l’on a besoin le plus de clarté », a indiqué lundi le ministre saoudien de l’Energie, Abdelaziz ben Salmane, dans un entretien à Bloomberg. Il a prévenu que l’Opep + pouvait « réduire à tout moment sa production » pour rompre le « cercle vicieux » dans lequel est actuellement plongé le marché.

H. G.