vendredi 29 mars 2024
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Espace/SpaceX et Elon Musk se lancent à la conquête des internautes français

. De passage à Paris, Gwynne Shotwell, la patronne de SpaceX, a vanté les mérites du service Internet délivré par la constellation Starlink.

. Le prix de l’abonnement mensuel a été réduit par deux.

. SpaceX a besoin de revenus pour financer son mégalanceur Starship.

 De retour de vacances du comté du Kerry en Irlande, Gwynne Shotwell, présidente et directrice opérationnelle de SpaceX, se félicite de ne jamais avoir été en panne d’Internet lors de ses randonnées dans la très sauvage « Black Valley ». Cela grâce au kit de réception portable mis au point par Starlink, la constellation de satellites en orbite basse développée par SpaceX. Starlink étant désormais opérationnel, avec 3.000 satellites déjà en orbite sur les plus de 40.000 prévus, les équipes d’Elon Musk démarrent même une campagne commerciale agressive. En France, l’Arcep a finalement autorisé le service après des recours juridiques qui ont retardé la mise en service. Début août, SpaceX a annoncé qu’il divisait par deux de 99 à 50 euros le prix de l’abonnement mensuel au service Starlink. A l’abonnement s’ajoute un coût matériel unique de 480 euros pour l’antenne de réception. De passage à Paris, Gwynne Shotwell a précisé que le service Internet lancé en fin d’année 2020 c o m p t e d é s o r m a i s p l u s d e 700.000 clients dans le monde, dont 75.000 « dispositifs » actifs en Europe et environ 6.500 en France. Un « dispositif » fournissant des foyers, des entreprises ou des écoles, il faut bien entendu multiplier le nombre d’utilisateurs. L’intérêt en France aurait bondi depuis la baisse de prix, affirme Gwynne Shotwell. Elle a aussi annoncé le lancement en direction des PME d’un service baptisé « Starlink Business » pour la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, avec des vitesses de téléchargement garanties allant jusqu’à 350 mégabits par seconde (Mbps) et une latence de 20-40 milliseconde (ms), ce qui permet une connectivité à haut débit pour les bureaux comptant jusqu’à 20 utilisateurs pour des boutiques ouvertes au public ou pour des entrepreneurs individuels qui réclament une forte utilisation du réseau.

« Nous avons encore 700.000 demandes en cours à livrer et avons démarré la commercialisation dans 40 pays », précise Gwynne Shotwell, en soulignant que le potentiel de clients le plus important se trouve à ce stade aux Etats-Unis. Là, Starlink espère conquérir jusqu’à 30 millions de foyers. « Très peu d’Américains sont satisfaits de leurs services Internet. Ils paient cher pour des services médiocres et instables et la demande est plus forte que le nombre de kits que nous parvenons à produire à ce stade, nous sommes sold out », déclare celle qui met en musique les rêves d’Elon Musk et qui va bientôt fêter sa vingtième année chez SpaceX. Selon elle, en dépit d’un service déjà global, il faudra lancer encore de très nombreux satellites pour faire face à la demande. Prudente, elle répète toutefois que SpaceX respecte les règles des Etats clients et s’assure de ne pas provoquer d’interférences avec les autres opérateurs de satellites. Pour preuve de bonne foi, elle rappelle que Starlink a conclu avec l’autre constellation OneWeb un accord pour que chacun puisse exister sans brouiller le signal de l’autre. Elle admet toutefois que SpaceX n’a pas encore de grandes compétences en télécommunications, et n’a pas perdu son ADN : le voyage spatial.

Fusées commerciales

« Nous sommes des spécialistes des lanceurs mais pas des télécommunications, ce qui explique que nous n’ayons pas tout de suite évalué le bon prix en France », explique la patronne de SpaceX. Mais quand le marché pour envoyer avec des satellites, des astronautes ou tout autre vaisseau spatial dans le vide sidéral atteint au maximum 6 à 8 milliards de dollars par an, selon elle, le marché de l’Internet pèse 1.000 milliards ! « Si SpaceX en prend 3 %, cela rapportera toujours plus que le marché spatial, soit quelque 30 milliards », souligne-t-elle. SpaceX, qui vient de « brûler » un nouveau moteur de son projet de mégafusée Starship, a besoin de cash pour parvenir comme souhaité à un premier vol orbital l’an prochain. « Avec Starship, je pourrais voyager entre Paris et le Texas en une heure, ce serait formidable », s’exclame la patronne de SpaceX, en confirmant qu’elle calcule déjà comment SpaceX pourrait rafler le marché des longs courriers…

A. B.