jeudi 1 mai 2025
Accueil > A la UNE > Etats-Unis : qui est Shaw Fain, à la tête du syndicat automobile et d’une grève historique?

Etats-Unis : qui est Shaw Fain, à la tête du syndicat automobile et d’une grève historique?

Alors que les États-Unis font face au cinquième jour de grève historique des travailleurs du secteur automobile, leur syndicat a lancé un ultimatum : si les trois plus gros constructeurs (General Motors, Ford et Stellantis) ne cèdent pas aux demandes avant vendredi midi, la grève s’intensifiera. Les travailleurs réclament notamment une hausse de salaire de 40%, soit la même que celle perçue par les dirigeants des « Big Three » ces quatre dernières années. Au cœur des revendications : Shawn Fain, le président du puissant syndicat automobile américain United Auto Workers.

Le prestigieux quotidien économique américain The Wall Street Journal présente Shawn Fain comme « l’homme qui tient Détroit en haleine », en référence à la ville américaine qui s’est établie comme la métropole de l’automobile.

Depuis son élection à la tête du syndicat United Auto Workers, il y a cinq mois, cet ancien électricien de 54 ans casse les codes et n’hésite pas à attaquer directement les constructeurs automobiles : « Tout ce qu’ils veulent dans ce document, ce sont des concessions. Je vais vous dire ce que je vais en faire de leurs propositions. Je vais les mettre là où elles devraient être : à la poubelle. Parce que c’est un déchet. »

Shawn Fain promet de ne rien lâcher face aux constructeurs. Depuis le début de la grève, il se met en scène aux côtés des grévistes, dans des vidéos au style fort en communication et diffusées sur les réseaux sociaux, critiquant un « deux poids-deux mesures » : « Dans ce pays, il y a la classe des milliardaires et il y a nous, les autres. Ils veulent qu’on se taise et qu’on récupère leurs miettes. Ils en ont abusé, ils ont attendu jusqu’à la dernière semaine, donc nous voilà. On doit faire ce que l’on doit faire. »

Le style beaucoup plus radical de Shawn Fain bouscule jusqu’à la Maison blanche : il n’a pas appelé à la réélection en 2024 de l’actuel président démocrate Joe Biden, une pratique pourtant habituelle pour ce syndicat. Et quand on lui demande pourquoi il ne soutient pas le président, que beaucoup qualifient de « pro-syndicats », il répond : « Nous attendons des actions, pas des mots. »

Près de Détroit, la mobilisation ne faiblit pas

La grève dans le secteur en est à son quatrième jour. Trois usines des trois grands constructeurs américains sont à l’arrêt, dont l’usine d’assemblage Ford de Wayne, dans le Michigan.

Devant l’entrée de l’usine, le piquet de grève est permanent. Il est là nuit et jour et se renforce à mesure que la journée avance.

Le syndicat de Shaw Fain est organisé : il a son local juste en face de l’entrée de l’usine. Le ravitaillement est assuré et un peu comme en France, on fait du feu pour se réchauffer quand il fait un peu frais au petit matin. Les braises servent aussi pour faire des grillades.

Les grévistes sont parfaitement visibles et ils sont manifestement soutenus par les automobilistes qui klaxonnent pour les saluer en passant. Il faut dire que c’est toute la région qui vit de l’industrie automobile. Nous sommes tout près de Detroit, « Motor City » comme on dit aux États-Unis.

Les gens sont motivés et quand on leur demande combien de temps ils sont prêts à tenir, la réponse est unanime : aussi longtemps qu’il le faudra pour que leurs revendications soient satisfaites.

Ce sont toujours les mêmes demandes, depuis le début de la grève : principalement des augmentations salariales importantes, souvent mises en perspective avec les bénéfices engrangés par les trois géants américains du secteur.

La grève pourrait même s’étendre. Shawn Fain a donné jusqu’à vendredi midi aux trois directions pour faire de meilleures propositions. Faute de quoi, d’autres usines seront bloquées.

Pour l’instant, un peu plus de 12 000 travailleurs sont en grève. Le syndicat compte près de 150 000 adhérents, et il dispose d’une caisse de grève qui peut lui permettre de tenir longtemps au rythme actuel.

M. B.