La polémique entre la France et l’Espagne à propos du Midcat, un gazoduc qui unirait les deux pays et permettrait de désenclaver l’Espagne, ne retombe pas. La sortie musclée d’Emmanuel Macron, estimant qu’il n’y avait d’urgence et que les actuelles interconnexions n’étaient utilisées qu’à moitié, n’a pas été du goût de Madrid. D’autant que Bruxelles refuse d’arbitrer et renvoie les deux pays dos à dos.
« Je ne comprends pas pourquoi on sauterait comme des cabris des Pyrénées sur ce sujet pour expliquer que ça résoudrait le problème gazier : c’est faux », a déclaré le président de la République.
Une « incohérence », ni plus ni moins. C’est le mot employé par la ministre de la Transition énergétique et du Défi démographique, Teresa Ribera. Elle n’accepte pas que le projet du MidCat, qui paraissait imminent en pleine crise énergétique, soit abandonné. Madrid soigne ses relations avec la France et aussi avec Bruxelles, la ministre a pris des gants mais sur le fond, la colère est palpable.
Impact environnemental
Défendu par Madrid mais aussi par Berlin, qui y voit un moyen de réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis du gaz russe, le MidCat (abréviation de Midi-Catalogne) permettrait à l’Espagne, qui dispose de 30% des capacités européennes de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL), d’exporter du gaz, venu par bateau des États-Unis ou du Qatar, vers le reste de l’Europe.
En réalité, c’est tout le gouvernement espagnol qui souhaite ardemment la construction du MidCat, le ministère de l’Industrie notamment. Car ce projet, abandonné en 2019 en raison de son impact environnemental et d’un intérêt économique alors jugé limité, désenclaverait davantage le pays, considéré comme une île énergétique, et qui, à terme, permettrait d’acheminer de l’hydrogène vert. Madrid pousse avec force pour profiter d’un financement européen en la matière. Mais pour l’instant, la situation est bloquée.
F. M.