Hermeto Pascoal, mort d’un musicien de génie

Le musicien, compositeur et interprète brésilien Hermeto Pascoal est mort le 13 septembre à l’âge de 89 ans. Créatif et novateur, ce musicien exceptionnel a apporté une belle touche de liberté à la musique des 60 dernières années. 

La musique brésilienne constitue un vivier immense de musiciens de talents, extraordinaires par leur créativité, leur goût de la composition et bien sûr de l’interprétation. Hermeto Pascoal faisait partie de cette catégorie.

Né le 22 juin 1936 à Lagoa da Canoa, dans l’État d’Alagoas, au Brésil, Hermeto Pascoal a marqué l’histoire de la musique par son génie créatif et son approche unique de cet art. Sa carrière, qui s’étend sur plus de six décennies, est un témoignage de son talent inégalé et de son influence durable sur la musique brésilienne et mondiale.

Le jeune Hermeto a très vite perçu les sons de façon particulière, aiguisée. C’est donc en autodidacte qu’il s’initia à la musique, faisant de son environnement direct le lieu d’expérimentations sonores éclectiques.

Hermeto Pascoal a commencé sa carrière musicale au début des années 1960, une époque de grande effervescence culturelle au Brésil. Il a gagné en notoriété grâce à son style éclectique, qui fusionnait des éléments de musique populaire, de jazz, de musique classique et de traditions folkloriques brésiliennes. Au fil des années, Hermeto Pascoal a collaboré avec de nombreux artistes de renom. En 1970, il enregistre avec l’Américain Miles Davis qui l’invite sur le célèbre Live-evil, un album de jazz fusion, qui contient les compositions du Brésilien.

Épris d’expérimentations diverses, une technicité hors du commun, Hermeto Pascoal était difficilement classable. Parmi ses albums les plus acclamés, on trouve Slave mass (1977), Festa dos Deuses (1992). Chacun de ses albums montre une facette différente de son génie créatif, allant de compositions orchestrales sophistiquées aux morceaux plus intimes et personnels.

Parfois, ses expérimentations le menaient sur des terrains plus inattendus, comme dans le documentaire de 1985 qui lui était consacré, Sinfonia do Alto Ribeira. L’artiste accompagné de ses musiciens, immergés dans la rivière, font corps avec les éléments et interagissent pour créer un concert hors de sentiers battus.

Sur scène, Hermeto Pascoal était une présence charismatique et captivante. Toujours affublé de sa barbe blanche (il était né albinos), ceux que certains surnommaient « Le Sorcier », proposait des concerts comme autant d’expériences immersives, où l’interaction avec le public était imparable. Il était connu pour son énergie inépuisable et sa capacité à captiver l’audience, qu’il s’agisse de petits clubs ou de grandes salles de concert ou de festivals dans le monde entier (Montreux, La Nouvelle Orleans, Jazz à Marciac, etc.).

En 2024, il sortait un dernier album, Pra Você, Ilza, en hommage à son épouse Ilza. Il est mort ce 13 septembre à Rio de Janeiro à l’hôpital Samaritano Barra où il était hospitalisé depuis plusieurs jours.

V. P.