La Russie a décidé de monter officiellement au créneau contre Paris. Sur la table, le dossier des instructeurs occidentaux en Ukraine, celui des JO et les soupçons de désinformation, notamment après la découverte de cercueils près de la tour Eiffel. L’ambassade de Russie comme le Kremlin ont parallèlement communiqué, ce mardi 4 juin, notamment contre les médias français.
« La Russie n’a pas interféré et n’interfère pas dans les affaires intérieures de la France ». L’affirmation est de l’ambassade de Russie en France dans un communiqué. Laquelle ajoute « notre pays a des priorités plus importantes ». L’ambassade de Russie en France va même jusqu’à « exprimer sa vive protestation contre une nouvelle campagne russophobe déclenchée dans les médias français ».
À peu près au même moment à Moscou, le porte-parole du Kremlin démentait toute campagne de désinformation visant les JO à Paris : « Tout ça n’appartient qu’à la catégorie des messages qui sont au fonds qu’une critique aveugle sans aucun argument. Malheureusement, nous sommes de plus en plus confrontés à cela. Cela n’a rien à voir avec la réalité, c’est une calomnie absolue et rien de plus ».
Moscou est soupçonnée de plusieurs actes de déstabilisation en France ces derniers mois, dont le récent dépôt au pied de la tour Eiffel à Paris de cercueils portant l’inscription « Soldats français de l’Ukraine ». Trois hommes soupçonnés d’être impliqués dans cette affaire, un Bulgare, un homme né en Allemagne et un homme né en Ukraine, ont été présentés à un juge français lundi 3 juin. Le Centre d’analyse des menaces (MTAC), géré par Microsoft, a mis en cause deux groupes d’influence russe, Storm-1679 et Storm-1099, accusés de « semer la peur pour dissuader les spectateurs d’assister aux Jeux olympiques ». Le MTAC s’attend à ce que ces activités « s’intensifient » à l’approche de la cérémonie d’ouverture.
« Aucun des instructeurs qui formeraient les militaires du régime ukrainien n’a d’immunité »
Le projet d’une coalition européenne d’instructeurs militaires pour former les troupes ukrainiennes en Ukraine, souhaité par la France, est lui encore – en tout cas officiellement – en discussion, notamment parce que de nombreux pays s’interrogent sur ses conséquences vis-à-vis de Moscou. Ces doutes formulés à voix haute n’ont évidemment pas échappé au Kremlin qui tente de mettre la pression sur les hésitants en menaçant par la voix de son porte-parole Dimitri Peskov : « Aucun des instructeurs qui formeraient les militaires du régime ukrainien n’a d’immunité. Peu importe qu’ils soient Français ou non. Nous poursuivrons l’opération spéciale conformément aux buts et objectifs formulés par le Commandant en chef suprême ».
Il y a une semaine, c’est Vladimir Poutine lui-même qui menaçait, cette fois, sur l’usage d’armes occidentales sur le territoire de la Russie. Le chef de l’État russe avait notamment évoqué « de graves conséquences ».
A. E.-J.