mardi 19 mars 2024
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La Turquie renonce au système russe de paiement Mir

Prise en étau entre Washington et Moscou, la Turquie abandonne finalement le système russe de paiement Mir. Les trois dernières banques turques qui acceptaient encore ce système ont finalement été contraintes d’y renoncer, par peur de représailles américaines. La Turquie risquait, en effet, de s’exposer à des sanctions dites « secondaires ».

Les touristes, entrepreneurs et exilés russes qui comptaient sur le système Mir pour faire des achats et effectuer des retraits en Turquie vont devoir se tourner vers des moyens alternatifs, tels que les paiements en espèces ou les cartes bancaires du réseau chinois UnionPay. Halkbank, Ziraat et Vakifbank, trois banques publiques qui autorisaient encore les transactions avec les cartes Mir, vont finalement y renoncer, emboîtant le pas aux banques privées Isbank et Denizbank.

La nouvelle n’est pas une surprise. Le 22 septembre dernier, Recep Tayyip Erdogan avait annoncé que son pays examinait les alternatives au système Mir, alors qu’un mois et demi plus tôt, à l’issue d’une rencontre avec Vladimir Poutine, le président turc avait au contraire affirmé vouloir élargir le champ d’application de ce système.

Cette décision illustre la difficulté de la position turque. D’un côté, Ankara refuse de se joindre aux sanctions occidentales et parle même de « renforcer ses échanges commerciaux » avec la Russie. De l’autre, les autorités ne veulent pas mettre en péril une économie turque déjà fragile en s’exposant à des représailles économiques américaines. En août, Washington avait mis en garde les entreprises et banques turques commerçant avec la Russie contre de possibles sanctions.

Une « pression sans précédent », selon le Kremlin

Le Kremlin a dénoncé mercredi « la pression sans précédent » des États-Unis sur la Turquie. « Cette décision, bien sûr, a été prise sous la pression sans précédent » de Washington, a fustigé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, jugeant « la situation complexe » pour les banques turques qui utilisaient jusque-là les cartes Mir et désormais « menacées de sanctions » économiques américaines.

« Nous devons rechercher ensemble des moyens de contrer cette pression de manière à ne pas nuire à notre coopération commerciale et économique », a poursuivi Dmitri Peskov, appelant Ankara à « ne pas priver les millions de touristes russes qui visitent la Turquie chaque année de conditions confortables ».

Cette décision prise par la Turquie a, de facto, un peu plus accru l’isolement bancaire de la Russie. Avant la Turquie, l’Ouzbékistan avait annoncé, en fin de semaine dernière, renoncer aux cartes Mir, utilisées depuis 2015 dans quelques pays du monde, dont la Biélorussie, pour permettre aux Russes de faire des règlements à l’étranger.

Anne Andlauer in RFI