samedi 8 février 2025
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L’Argentine sous le choc après la tentative d’assassinat visant Cristina Kirchner

En Argentine, de nombreuses manifestations étaient prévues ce vendredi 2 septembre, en soutien à Cristina Kirchner. La vice-présidente a été attaquée jeudi soir en bas de son domicile, à Buenos Aires, par un homme armé qui l’a visée à bout portant alors qu’elle était entourée de ses partisans. L’assaillant a vraisemblablement appuyé sur la détente, mais par chancej, aucun coup de feu n’est parti.

L’émotion reste très vive en Argentine après la tentative d’assassinat ayant visé Cristina Kirchner. Indépendamment de l’opinion de chacun sur la vice-présidente, une personnalité pour le moins clivante, toute la classe politique a condamné l’agression, constate notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet.

Celle-ci a été qualifiée par la justice de tentative de meurtre, puisque l’homme a bien appuyé sur la détente, à quelques centimètres du visage de la vice-présidente. Mais la balle n’est pas partie et l’agresseur a pu être maitrisé et arrêté.

Selon le journal argentin Clarín, il s’appelle Fernando Andrés Sabag Montiel, « un Brésilien de 35 ans », de mère argentine, résidant dans le pays depuis des années, et il « porte des tatouages avec des références nazies ».

D’après l’étude de ses réseaux sociaux, il fréquente assidument des sites conspirationnistes. D’où le fait que l’on puisse penser que l’attaque pourrait être l’œuvre d’un déséquilibré peu habitué aux armes et agissant seul.

L’évènement est à la Une de la presse argentine,rapporte, Christophe Paget, du service international de RFI. Une photo, impressionnante, montre un pistolet au premier plan, pointé sur le visage de Cristina Kirchner, souriante, qui ne l’a pas encore vu.

Les kirchneristes, et plus généralement les péronistes, accusent l’opposition, les médias et la justice d’avoir suscité un climat de haine contre l’ancienne cheffe de l’État. Cristina Kirchner comparaît en ce moment dans un procès où elle est accusée de corruption. Une peine de douze ans de prison a été requise à son encontre. C’est ce climat, selon les kirchnéristes, qui aurait armé le bras du tireur.

Le journal La Nacion  affirme néanmoins qu’« un attentat contre la vice-présidente ne peut être utilisé pour faire taire les voix critiques ni stopper les enquêtes nécessaires sur les scandaleuses affaires de corruption publique impliquant Cristina Kirchner. »

Le président argentin Alberto Fernández a déclaré la journée fériée, pour permettre à la population d’être solidaire de son ex-présidente et actuelle vice-présidente. Il a également réagi, dans une allocution télévisée :

« Cet évènement est extrêmement grave, c’est le plus grave depuis que nous avons restauré notre démocratie. L’Argentine n’a pas une minute à perdre. Le temps presse. Il est nécessaire de bannir la violence du discours politique et médiatique et de notre vie en société. J’appelle tous les Argentins et toutes les Argentines, tous les responsables politiques et sociaux, j’appelle les médias et la société en général, à rejeter toute forme de violence. Nous devons réfuter et même répudier tous les mots disqualifiants, stigmatisants et offensants qui ne font que nous diviser et nous monter les uns contre les autres. »

C’est aussi ce que pensent beaucoup de ceux qui ont appelé à manifester ce vendredi. Le journal Hoy en la noticia rapporte que « les marches de soutien à la vice-présidente se multiplient » dans le pays. L’initiative a été lancée dans la nuit par la coalition de centre gauche au pouvoir. Vers 20 heures (heure française), certaines colonnes étaient déjà lancées vers la place de Mai, devant la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin, laissant présager une foule massive en fin de journée.

Pour Denis Merklen, professeur de sociologie à la Sorbonne nouvelle, directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL), cette situation résulte d’un climat de tension qui règne depuis bien longtemps déjà.

« Ce sont les conséquences d’une désorganisation totale de la société argentine. Rappelons que, jusqu’à il y a vingt ou trente ans, la société argentine était une des sociétés les plus intégrées du continent sud-américain. Aujourd’hui, elle ne l’est plus, du fait d’une crise économique terrible en 2001, qui a désorganisé quasi complètement la société. Elle a ensuite oscillé entre des gouvernements conservateurs et ultralibéraux et des gouvernements populistes inspirés par le péronisme, plutôt progressistes. Les enjeux politiques ne sont que les oscillations d’un pendule qui passent d’un côté à l’autre, ce qui exprime la division de la société. »

M. B.