vendredi 8 novembre 2024
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Le chef de la diplomatie russe claque la porte du G20

Sergueï Lavrov a accusé les Occidentaux de gâcher une occasion d’aborder les questions économiques mondiales par leurs critiques de la guerre en Ukraine.

Isolé de ses partenaires du G20, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fini par claquer la porte. Avant même la fin des discussions des ministres rassemblés vendredi dernier à Bali, sous présidence indonésienne, il a quitté les débats. Face aux critiques de ses partenaires à propos de la guerre en Ukraine, il a accusé les Occidentaux de gâcher une occasion d’aborder les questions économiques mondiales par leurs critiques « frénétiques » du conflit. Dès son arrivée, les slogans avaient fusé. « Quand mettrez-vous fin à la guerre ? » « Pourquoi n’arrêtez-vous pas la guerre ? » : le chef de la diplomatie russe a été pris à partie alors qu’il saluait son homologue indonésienne, Retno Marsudi. « “Agresseurs”, “envahisseurs”, “occupants” – nous avons entendu beaucoup de choses aujourd’hui », a indiqué le ministre russe après les premières discussions. « Nos partenaires occidentaux cherchaient à éviter de parler des questions économiques mondiales. Dès qu’ils prenaient la parole, ils se lançaient presque tout de suite dans une critique effrénée de la Russie sur la situation en Ukraine, en nous qualifiant d’agresseurs », a-t-il fustigé. Avant son départ, il a séché une session au cours de laquelle son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, s’est exprimé en ligne, et a quitté les lieux lorsque son homologue allemande, Annalena Baerbock, a critiqué la politique de Moscou. Regrettant ce départ précipité, la ministre allemande a souligné que la Russie n’est « pas intéressée » par un dialogue avec le G20. « Le fait qu’il ait passé une grande partie des négociations non pas dans la salle, mais en dehors de la salle, souligne qu’il n’y a actuellement pas un millimètre de volonté de dialogue de la part du gouvernement russe », a-t-elle martelé, en particulier concernant la « crise alimentaire mondiale ». « On anticipait une réunion avec des lignes de partages différentes, mais […] la Russie s’est retrouvée isolée, sa responsabilité a été pointée, même par certains pays dont on aurait pu penser qu’ils pourraient nuancer les choses et lui donner du soutien », a déclaré la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna. Aucun Etat, même parmi les BRICS, n’a « défendu l’attitude russe », a-t-elle précisé. « Même la Chine a commencé son intervention en disant que la Charte des Nations unies devait être au cœur des relations internationales, ou l’Inde », a relevé la ministre. Groupe de travail conjoint sino-américain Présent également à Bali, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait refusé de rencontrer son homologue russe séparément, demandant à Moscou d’autoriser la sortie des céréales d’Ukraine. « Ce que nous avons déjà entendu aujourd’hui est un important chœur du monde entier, pas seulement des Etats-Unis, pour […] que l’agression (russe) cesse », a-t-il souligné vendredi. Ce dernier a profité de l’occasion pour rencontrer, samedi, son homologue chinois, Wang Yi. « J’ai fait part des profondes préoccupations des Etats-Unis concernant la rhétorique et les activités de plus en plus provocantes de Pékin à l’égard de Taïwan », a-t-il déclaré après la réunion, inhabituellement longue. Il a aussi demandé à Pékin de prendre ses distances avec Moscou et de condamner « l’agression » russe contre l’Ukraine. « Les deux parties […] ont atteint un consensus pour faire en sorte que le groupe de travail conjoint sino-américain atteigne davantage de résultats », a indiqué pour sa part le ministère chinois des Affaires étrangères. Confrontée à un regain d’inflation, l’administration Biden envisage notamment d’assouplir certaines des surtaxes douanières imposées par Donald Trump sur les produits chinois.

Richard Hiault in Les Echos