. La capitalisation du groupe pharmaceutique a perdu jusqu’à 20 milliards ces derniers jours.
. Une conjonction de mauvaises nouvelles, qui font craindre aux investisseurs pour la rentabilité du titre.
Un grand plongeon. L’action Sanofi a connu ces derniers jours un trou d’air boursier comme elle n’en avait plus vécu depuis mars 2020 et l’apparition du Covid-19, perdant jusqu’à 15 % et 20 milliards d’euros de capitalisation boursière en trois séances au CAC 40. En cause : une conjonction de mauvaises nouvelles, qui font craindre aux investisseurs une perte de rentabilité. Tout a commencé lundi par l’annonce par le groupe pharmaceutique de la suspension du recrutement de patients pour les essais cliniques du tolébrutinib, un médicament expérimental contre certaines scléroses en plaques. La décision n’est pas due à la découverte d’un risque lié aux essais, qui se poursuivent par ailleurs, mais à un avis de son comité indépendant de surveillance des données, a indiqué Sanofi dans un communiqué. Elle va toutefois avoir un effet boule de neige. UBS, d’abord, a saisi l’occasion pour faire le point sur l’actualité du groupe – ce qui l’a amené à dégrader son opinion d’« achat » à « neutre ». Avec la contre-performance du tolébrutinib, mais aussi celle de l’amcenestrant, un traitement contre le cancer du sein dont l’essai a été stoppé en mars dernier faute de résultats concluants, la suite de l’exercice de Sanofi « manque significativement de catalyseurs », note la banque suisse. Le groupe va en outre perdre en 2023 son brevet pour Aubagio, un traitement oral contre la sclérose en plaques qui s’écoule à plus d’un milliard d’euros chaque année. Surtout, rappelle UBS, il s’apprête à être mis en cause dans plusieurs procès pour avoir fabriqué et distribué aux Etats-Unis et au Canada du Zantac, ou ranitidine. Ce médicament populaire contre les brûlures d’estomac a été retiré précipitamment du marché en 2019, car contenant un agent potentiellement cancérigène pour l’homme. C’est la note d’UBS, bientôt suivie d’une autre de Morgan Stanley estimant que les procès intentés aux distributeurs de Zantac (Sanofi, GSK, Boehringer Ingelheim) pourraient leur coûter 10,5 à 45 milliards de dollars de dédommagements, qui a mis le feu aux poudres. Après un premier plongeon mercredi, le titre Sanofi a perdu jusqu’à 13 % en séance, jeudi, limitant finalement les dégâts à la clôture (– 2,2 %).
Un effet « overhang »
A mi-séance, vendredi, l’action reprenait encore de la vigueur (+1,2 %). Mais les analystes préviennent : les procédures d’indemnisations individuelles et les actions collectives liées au Zantac, dont une première débute fin août et qui s’échelonneront tout au long de 2023, pourraient avoir l’effet d’un « overhang ». Il s’agit d’un phénomène baissier lié au fait que les investisseurs s’attendent à de nouvelles chutes de l’action – sur le titre, selon UBS. « Il y a une grande incertitude à ce stade quant à l’impact financier potentiel des litiges liés au Zantac », ajoute Morgan Stanley. Il n’y a « aucune preuve d’un lien de causalité » entre Zantac et cancer, s’est défendu vendredi dans un communiqué GSK, qui a lui aussi commercialisé le médicament et dont le titre a souffert à la Bourse de Londres, jeudi (–10,06 %). Le laboratoire britannique évoque « le poids écrasant des preuves scientifiques » mises en évidence par lui-même, « des chercheurs indépendants sur le cancer » ou les autorités américaines et européennes, et « se défendra vigoureusement contre toutes les allégations sans fondement affirmant le contraire ».
B. D.