Jusqu’où iront-ils ? Charlie Watts, leur pilier, est mort le 24 août 2021, sans avoir jamais raté un concert en cinquante-neuf ans de bons et loyaux services derrière sa batterie. Ron Wood, le guitariste aux faux airs de Woody Woodpecker, se remet tout juste d’un nouveau cancer. Quant à leur muse historique, Marianne Faithfull, la première à les avoir chantés (As Tears Go By, 1964), elle contemple le crépuscule depuis une maison de retraite au nord de Londres… Bravant les vagues de la pandémie, les Rolling Stones ne semblent toutefois pas prêts à déserter le navire. Malgré les aléas dus au Covid (le concert d’Amsterdam, reporté, celui de Berne, annulé), les « Pierres qui roulent » sont plus que jamais déterminés à mener leur tournée européenne, lancée le 1er juin à Madrid, à bon port, le 3 août à Berlin. Depuis toujours, ils ont connu la houle. La liste de leurs tragédies, inimitiés et retrouvailles serait trop longue à énumérer. D’aucuns supposent qu’ils chanteront jusqu’à leur dernier souffle, pour honorer leur dette vis-à-vis de Brian Jones, le fondateur du groupe, mort par noyade le 3 juillet 1969, un mois après avoir été évincé par ses anciens camarades… À l’époque, on mourait à 27 ans en pensant avoir tout dit. Les trois membres officiels encore en activité (Mick Jagger, Keith Richards et Ron Wood) sont aujourd’hui presque trois fois plus âgés et en ont encore sous la pédale. Un nouvel album serait dans les tuyaux.
« Satisfaction » en rappel
En attendant, il y a surtout la scène et cette nouvelle tournée européenne de 14 dates, baptisée Sixty parce qu’elle célèbre leurs soixante années d’existence. À chaque fois, jeudi à Amsterdam ou demain à Bruxelles, il y a de fortes chances pour qu’ils ouvrent – après un hommage à Charlie Watts – par Street Fighting Man et qu’ils terminent par Jumping Jack Flash, avant de livrer Sympathy for the Devil et (I Can’t Get No) Satisfaction en rappel. Il en sera sans doute de même lors des deux étapes françaises en plein air, archicomplètes : le 19 juillet au Groupama Stadium de Lyon et le 23 juillet à l’hippodrome de Longchamp. Leur venue en France évoque des parfums particuliers. Mick Jagger, qui parle français, cultive un goût ancestral pour notre pays, où il a passé ses premières vacances hors d’Angleterre, au camping municipal de l’Île d’Or, à Amboise. Les bords de Loire et la Touraine sont devenus son point d’ancrage : il possède le château de Fourchette, où il a passé le confinement, fêté ses anniversaires (il aura 79 ans le 26 juillet) et enregistré avec ses compères leur avant-dernier album, A Bigger Bang (2005), et quelques pistes du prochain. Quarante ans après l’hippodrome d’Auteuil – avec Téléphone et Jean-Louis Aubert, le sosie français de Jagger, en première partie – et vingt-sept ans après deux soirs à celui de Longchamp, les Stones ont de nouveau choisi de galoper sur la scène d’un circuit hippique, plutôt qu’au Stade de France ou à la Paris La Défense Arena de leurs précédentes tournées. On espère maintenant qu’ils joueront Wild Horses.
M. B.