Vendredi, le club phocéen a officialisé le départ de Jorge Sampaoli. Des divergences sur le mercato estival expliquent le choix du technicien argentin de quitter Marseille.
LA SAISON 2022-2023 de l’Olympique de Marseille commence donc par un tremblement de terre dont les secousses se faisaient déjà ressentir en interne. Vendredi après-midi, l’OM et Jorge Sampaoli ont annoncé dans un communiqué « leur décision commune de mettre fin à leur collaboration ». « Jorge Sampaoli est le premier entraîneur à qui Pablo Longoria a souhaité confier le destin de l’équipe première en février 2021. […] Depuis son premier jour à Marseille, il s’est pleinement investi dans la mise en place d’une philosophie de jeu et d’un état d’esprit conquérant correspondant aux valeurs de l’OM, est-il écrit dans le communiqué. C’est donc avec émotion que le club et Jorge Sampaoli annoncent leur décision commune de mettre fin à leur collaboration. L’OM souhaite remercier sincèrement et très chaleureusement le travail de Jorge Sampaoli. » L’idylle aura duré seize mois. Le temps pour l’ancien sélectionneur du Chili et de l’Argentine de redresser la barre et d’orchestrer le redressement du navire olympien… alors à la dérive. Sous son mandat, l’OM s’est qualifié pour la Ligue Europa (2019-2020) et la Ligue des champions (2020-2021), tout en réalisant un beau parcours en championnat (dauphin du PSG) et en Ligue Europa Conférence (demi-finale perdue face à Feyenoord).
Le mercato au cœur des enjeux
Mais l’embellie générale s’est dissipée avec l’apparition des premiers désaccords. Lors de l’exercice passé, Jorge Sampaoli n’a cessé d’expliquer qu’il avait à sa disposition un groupe restreint et composé de très (trop ?) jeunes éléments. Un mantra répété lors du dernier point presse de la saison, le 20 mai, la veille de la réception de Strasbourg (4-0). Dans une longue tirade encore dans les esprits, le natif de Casilda évoque l’objectif de la C1 et la place que l’OM souhaite y occuper : « Je ne le sais pas [si je serai là la saison prochaine]. La réalité aujourd’hui est de savoir si on veut la Ligue des champions pour de l’argent ou pour être compétitif. Il faut être clair, sincère et ne mentir à personne : c’est le plus important. Il y aura ensuite la possibilité, ou pas, de construire une équipe de Ligue des champions. Pourquoi on veut la jouer ? Est-ce pour être là pendant six matchs et stop ? Est-ce qu’on veut appartenir à cette compétition ? C’est au club d’être sincère à ce niveau-là. Ensuite, le projet se décidera en s’appuyant sur ces bases-là. » Le message est passé : Sampaoli veut des recrues de qualité, expérimentées, à l’intersaison et un effectif suffisamment étoffé pour bien figurer dans la plus prestigieuse des compétitions européennes. Ouvert depuis le 10 juin, le mercato estival débute dans le calme en Provence. L’OM doit attendre le feu vert de la Direction nationale du contrôle de gestion (gendarme financier du football français) pour œuvrer. La levée de l’encadrement de la masse salariale indiquée la semaine dernière, le club peut s’activer. En coulisses, Jorge Sampaoli est revenu du Brésil où il a passé ses vacances… et rencontré Pablo Longoria, ainsi que Javier Ribalta, le nouveau directeur du football.
Une démission pas si soudaine et anodine
Rentré dans le sud de la France, le coach a un nouvel entretien la semaine dernière avec son président qui lui a dévoilé ses plans pour l’actuelle période des transferts. En substance : l’OM a l’objectif d’être à l’équilibre financier et doit donc attendre la fin du mercato pour recruter à bas coût. Une source interne nous confirme qu’il y a bien eu des événements décisifs ces derniers jours qui ont fait pencher la balance en faveur d’une séparation à l’amiable. Finalement, sa démission n’est peut-être pas si soudaine et anodine qu’elle le paraît. Sur le volet sportif, « El Pelado » a toujours désiré une équipe compétitive capable de représenter au mieux l’institution marseillaise. Chose que ne peuvent lui garantir en l’état le dirigeant espagnol et le propriétaire, Frank McCourt. Après Samuel Gigot (recruté l’hiver dernier), la signature d’Isaak Touré (19 ans) a été officialisée ce mercredi. Un profil intéressant sur le papier mais surtout prometteur, là où le coach veut de l’expérience. Le parallèle peut d’ailleurs être fait avec André Villas-Boas. Il y a un an et demi, l’entraîneur portugais avait quitté l’OM juste après l’arrivée d’Olivier Ntcham, alors non désiré. Sur son compte Instagram, l’ancien coach du Séville FC a tenu à remercier l’OM et ses supporteurs, expliquant par la même occasion son choix : « Mon rythme et mes objectifs ne sont pas les mêmes que ceux des dirigeants. Il n’y a rien de mal à prétendre des choses différentes. L’important, c’est de rechercher l’excellence et de vouloir ce qu’il y a de mieux pour l’OM. »
Et maintenant, Marcelino ou De Zerbi ?
Et la suite ? Le président Longoria a tenu ce vendredi un point presse au centre Robert Louis-Dreyfus. Particulièrement bien implanté dans le football, l’ancien scout de Newcastle a déjà activé ses réseaux. Une source bien informée nous confirme que le prochain entraîneur de l’OM sera un technicien libre, peu exigeant en matière de recrutement, l’inverse de Sampaoli en quelque sorte, et un proche de Pablo Longoria. Plusieurs noms circulent : l’Espagnol Marcelino, passé par Villarreal, Valence, Bilbao, l’Italien Roberto De Zerbi, ancien coach du Shakhtar Donetsk, ou encore le Croate Igor Tudor. « On a des discussions avancées avec des entraîneurs, mais on a surtout un candidat en tête. On doit donner une évolution au projet de jeu. On espère l’avoir en place dès lundi prochain. » Une chose est sûre : le nom du futur coach sera dévoilé prochainement. Il en va de la saison 2022-2023 de l’OM.
XAVIER CONDAMINE in Aujourd’hui en France