jeudi 18 avril 2024
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MOYEN-ORIENT/Golfe : la belle performance des exportations françaises

. Les entreprises tricolores profitent de la reprise de l’économie pour trouver, dans le golfe Persique, un débouché à leurs exportations.

. La tendance est portée par la montée en puissance des PME.

Après deux années compliquées, les exportations françaises vers les pays du Golfe connaissent une embellie notable. Au premier semestre 2022, elles sont quasiment revenues à ce qu’elles étaient avant la pandémie. Dévoilés la semaine dernière par le Trésor, les chiffres montrent une croissance de 25 % en glissement annuel, soit leur plus forte hausse depuis plus de dix ans. Avec quelques secteurs porteurs comme les produits chimiques et cosmétiques (+21 %), l’électronique (+46 %), le textile (+40 %), ou encore l’agroalimentaire (+40 %). Ces bons résultats à l’export compensent les effets négatifs de l’envolée des prix du pétrole, accentuée par la dépréciation de l’euro. Ainsi, le déficit commercial de la France avec les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats, Koweït, Bahreïn, Oman et Qatar) a été ramené pratiquement à zéro (40 millions d’euros) au cours des six premiers mois de l’année, une rare performance, contre 1,6 milliard au premier semestre 2021. Cette tendance va-t-elle s’installer dans la durée, ou n’est-ce qu’un effet de reprise transitoire, après la réouverture des économies mondiales ? Un coup d’œil sur la conjoncture régionale des cinq dernières années et l’affirmation d’une nouvelle génération de leaders locaux avec des ambitions économiques d’ouverture autorisent un optimisme raisonnable.

Défense, infrastructures et santé

« Trois événements récents sont venus stimuler la présence française dans la zone », observe Pedro Novo, directeur exécutif de l’export chez bpi-france. L’Exposition universelle à Dubaï, qui s’est terminée en avril dernier, la Coupe du monde de football au Qatar, qui démarre fin novembre, et l’ouverture sociétale de l’Arabie saoudite, avec le plan de réformes Vision 2030 qui entraîne dans son sillage la création de nouveaux marchés. « Ce sont autant de fenêtres d’opportunités pour les industries françaises à haute valeur ajoutée », observe encore Pedro Novo. Les trois secteurs traditionnels de tête que sont la défense, la santé et les infrastructures sont rejoints par une filière agroalimentaire plébiscitée pour la qualité de ses produits, un secteur de la tech stimulé par son tissu de start-up, et une industrie du tourisme emmenée par le champion de l’hôtellerie Accor. Avec un phénomène relativement nouveau : la montée en puissance des PME dans cette réussite française, à côté des géants, tels que L’Oréal ou Danone, dont l’implantation ancienne n’est pas remise en question. Aidées par les agences publiques françaises comme bpi-france et Business France, les petites et moyennes entreprises arrivent sur ces marchés accompagnées par une politique volontariste qui s’appuie sur le réseau diplomatique et ses délégations – au point que les ambassadeurs de France dans ces pays sont parfois critiqués pour être devenus des VRP. « Avec des clients qui recherchent avant tout des partenaires de long terme, et une culture du business très ancrée dans le contact humain, la stratégie d’une PME sera finalement la même que pour les grands comptes, à une autre échelle, conclut Pedro Novo. Il faut être très présent sur place, pour se constituer un capital de connaissance et de confiance, et ainsi emporter les marchés. » Une recette tricolore qui a permis à Toutenkamion, une entreprise du Loiret spécialisée dans les solutions de transport, de fournir dix unités mobiles de détection de cancer du sein à l’Arabie saoudite – un pays de 2,2 millions de km2 , dont les 35 millions d’habitants n’ont pas accès aux structures de santé sédentaires. Un contrat inédit pour la PME, qui lui rapporte deux millions d’euros.

L-M G