Un bref rassemblement favorable au président nigérien déchu Mohamed Bazoum s’est déroulé à Niamey dimanche 13 août matin. Malgré les interdictions et les pressions, les voix opposées à la junte ont difficilement tenté de se faire entendre dans une action coordonnée. Selon un réseau d’associations, au moins 54 personnes ont été arrêtées pendant ces rassemblements, strictement interdits par la junte.
« Tous unis pour la sauvegarde des acquis démocratiques », « non à la manipulation des populations », « vive la communauté internationale » : des banderoles imprimées, flambant neuves, ont repris les appels à l’ordre constitutionnel lors d’un rassemblement dimanche matin à Niamey, comme une réponse aux manifestations pro-junte.
Le rassemblement des militants pro-Bazoum a été immédiatement dispersé par la police. Le réseau des ONG Associations pour la défense des droits de l’homme et la démocratie fait état d’au moins 54 arrestations à Niamey et dans la région de Zinder.
Les slogans et appels se sont aussi retrouvés sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, comme à Doungou, dans la région de Zinder, de la bouche des militants du PNDS, le parti de Mohamed Bazoum : « Nous témoignons notre attachement aux idéaux et à la République, à la démocratie et à l’État de droit. Nous exigeons un retour à l’ordre constitutionnel normal. »
L’autre point exigé par ces hommes et femmes qui refusent la junte est la libération de celui qu’ils nomment leur « otage », le président Bazoum : « Nous déplorons les conditions de détention de l’otage Bazoum qui est privé du minimum vital », poursuivent les mêmes militants du PNDS.
Les responsables de la junte au pouvoir ont rappelé que toutes les manifestations ou événements favorables à Mohamed Bazoum étaient strictement interdits.
Plusieurs rassemblements pro-junte et anti-junte au Niger et au Nigeria
Il y avait deux manifestations à Niamey, dimanche 13 août. La première, autorisée, était pro-junte. La seconde, pro-Mohamed Bazoum, a été interdite par les militaires au pouvoir mais a pu se tenir quand même. Une autre manifestation pour demander la libération immédiate du président nigérien s’est déroulée dans une ville du Nigeria voisin. Pour mobiliser, les partisans de la junte nigérienne ont organisé des concerts de soutien au stade Général-Seyni-Kountché de Niamey. Des artistes se sont succédés sur la scène pour tenir en haleine le public. Dans la foule, étaient visibles des drapeaux, notamment russe. Des slogans pro-junte ont été entendus.
Si cette manifestation a été autorisée, celle des partisans du président Mohamed Bazoum a été dans un premier dispersé par la police. Ensuite, par petits groupes, des jeunes ont bravé l’interdiction de manifester et se sont présentés dans la rue avec des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Libérez le président Bazoum », « Vive la Cédéao », ou encore « Tous unis pour la sauvegarde des acquis démocratiques ».
Au Nigeria, dans l’État de Katsina situé dans le nord, zone frontalière avec le Niger, une autre manifestation pro-Bazoum s’est déroulée à l’appel d’une coalition de militants pro-démocratie. Au cours d’une marche pacifique, les manifestants ont dénoncé le coup d’État avant d’appeler à la libération immédiate et inconditionnelle de Mohamed Bazoum, toujours séquestré.
S. D.