Dans un contexte de plein-emploi historique, Canberra compte assouplir les conditions d’entrée des immigrés qualifiés.
Dans n’importe quel autre contexte, ce serait une excellente nouvelle pour le gouvernement à Canberra. D’après les chiffres publiés jeudi, le taux de chômage national ne dépassait pas 3,4 % en juillet, un taux inégalé depuis la fin des années 1940. Mais la pénurie de main-d’œuvre provoquée par la politique « zéro Covid » – qui s’est traduite par une fermeture totale des frontières du pays pendant deux ans – est encore loin d’être résorbée. Tous secteurs confondus, plus de 480.000 postes de travail à travers l’Australie restent vacants, soit deux fois plus qu’avant le début de la pandémie. Comme dans la plupart des pays confrontés aux démissions massives, c’est le secteur de l’hôtellerie-restauration qui est surtout affecté. Les hausses de salaire n’y changeant rien, les acteurs du secteur se livrent à une foire d’empoigne pour attirer les candidats à l’emploi.
Primes de 5.000 dollars à l’embauche
Il en est ainsi du Sydney Restaurant Group, qui propose une prime à l’embauche de 5.000 dollars (3.500 euros) à toute nouvelle recrue ! Le groupe, qui possède une quinzaine de restaurants à Sydney, compte recruter plus de 150 personnes : cuisiniers, chefs de partie mais aussi de « simples » serveurs et plongeurs. « C’est une somme considérable mais cela représente moins que le manque à gagner qu’induirait le fait de ne pas pouvoir répondre à la demande, d’être contraint de fermer certains jours de la semaine ou de réduire notre capacité d’accueil faute de personnel », indique le PDG du groupe, Bill Drakopoulos, pour qui il en va également de la réputation de ses établissements. « Nous sommes une marque reconnue, il est essentiel que nous puissions continuer à satisfaire nos clients, même si cela a un coût financier important. » Le gouvernement travailliste est parfaitement conscient de la difficulté qu’ont les employeurs à recruter, y compris dans des secteurs plus sensibles comme celui de la santé. C’est pourquoi il prévoit de relever de 25 % les quotas d’immigration qualifiée dès l’année prochaine, et d’accueillir jusqu’à 200.000 étrangers par an. Il compte par ailleurs reconnaître plus facilement les compétences et les diplômes acquis hors d’Australie, alors qu’actuellement, ils doivent presque systématiquement reprendre leurs études à zéro une fois arrivés sur l’île-continent. Un projet soutenu par les employeurs et les syndicats, même si ces derniers réclament en contrepartie, plus d’efforts dans la formation et l’apprentissage. Une piste que le Trésorier du pays, Jim Chalmers, compte bien emprunter, d’après un document qui doit servir de base de discussion au sommet pour l’Emploi organisé début septembre avec des employeurs, des syndicats et la quasi-totalité des partis politiques, à l’exception des Libéraux, le principal parti d’opposition qui a décliné l’invitation.
G. P.