Une séparation semble inéluctable entre le numéro 10 brésilien et le club de la capitale. Reste à lui trouver une porte de sortie. Chelsea pourrait devenir l’un des prétendants pour l’accueillir la saison prochaine.
NEYMAR ne se sent plus à l’aise au PSG. Il n’a pas demandé à partir, pas encore, pas officiellement, mais c’est tout comme. Indirectement, le message est déjà passé, dans les deux sens. Paris a fait savoir qu’il ne le conserverait pas à tout prix et lui vient d’alerter, via ses proches, sur son souhait de quitter Paris en cette intersaison. Cet été, le PSG et Neymar veulent donc divorcer, s’y préparent, mais aucune des deux parties ne sait encore s’il parviendra à l’issue qu’il désire. Le départ de Neymar va devenir à coup sûr la saga des mois de juillet et d’août.
La déception de Neymar et de son clan
Son père, Neymar Senior, ainsi que son agent, Pini Zahavi, sont en contact permanent avec la direction du PSG, que ce soit Nasser Al-Khelaïfi, le président, ou Luis Campos, le conseiller sportif. Les dernières discussions traduisent une incompatibilité de travail. D’un côté, la direction muscle son discours, avec la fin du « bling-bling » et des « paillettes ». Paris promet la fin des passe-droits, qui peuvent aller des retards aux entraînements jusqu’aux écarts de conduite. Par le passé, le club a pu couvrir des joueurs dans ce domaine mais dit sa volonté désormais de mettre un terme à de telles pratiques. De l’autre, le camp Neymar s’est senti visé, et il a eu raison. Le comportement pas toujours professionnel du numéro 10 parisien encouragerait certains de ses partenaires à prendre quelques libertés avec les codes en vigueur (horaires, rigueur). Ses protégés du vestiaire, ses affidés selon ses contempteurs, ont été placés sur la liste des transferts, comme Leandro Paredes, ou sont déjà partis, comme Angel Di Maria. En restant au camp des Loges, Neymar n’aura sans doute plus la toute-puissance qui a marqué son quinquennat jusqu’à maintenant. Jupiter finit toujours par être seul. Sa domination a parfois créé des tensions avec les Européens du PSG, de Presnel Kimpembe à Adrien Rabiot (autrefois) en passant par Julian Draxler, à l’exception de Marco Verratti, l’un des rares non hispanophones proches de Neymar. Figure de proue du projet parisien à son arrivée en 2017, Neymar, 30 ans, voit bien que le club bascule dans l’ère Kylian Mbappé — ère qui a déjà commencé de facto la dernière saison avec la prise de pouvoir sportive de l’attaquant international. Il n’est plus le premier salaire du PSG et n’aurait pas franchement accueilli la nouvelle avec un grand sourire. C’est chaque jour un peu plus clair dans sa tête : il vaut mieux partir du PSG même s’il entend continuer à dénoncer les « fake news » sur ses réseaux sociaux. Partir oui mais pas à n’importe quel prix ni à n’importe quelle condition. Le Brésilien ne s’opposera pas à un départ mais ne le facilitera pas non plus. Le club, lui, se prépare à toutes les éventualités : le sortir comme le garder. Il a déjà coché deux noms en attaque pour lui succéder.
Chelsea en pole pour l’accueillir ?
Pour partir, il faut trois conditions : un joueur d’accord, un vendeur et un acheteur. Pour l’instant, le PSG et Neymar ne sont pas contre une séparation, même s’il ne s’agissait pas de la volonté première du crack auriverde. Toutes les options existent, comme un prêt. Reste à trouver un club disposé à l’accueillir et honorer tout ou partie de ses 35 millions d’euros annuels net. « Il faut qu’il vienne à Chelsea, a répondu Thiago Silva à un média brésilien. S’il part, il doit venir ici. Il n’y a plus besoin de parler de ses qualités. En plus, c’est un super pote. Pour l’instant, je ne sais rien. Mais j’espère que cela se concrétisera et que ça ne restera pas seulement au stade des informations. » L’ancien capitaine du PSG n’a pas parlé par hasard. Il converse régulièrement avec Neymar et nourrit avec lui un esprit de revanche contre la direction du PSG. Autrefois Leonardo, aujourd’hui Luis Campos. En privé, il joue sur cette fibre, celle du méchant club qui renie les immenses qualités du joueur, pour le convaincre de rejoindre Londres. L’Américain Todd Boehly, le nouveau propriétaire des Blues, rêverait plutôt d’Ousmane Dembélé (Barcelone), son entraîneur, Thomas Tuchel, sans doute aussi. Tuchel a dirigé le Français à Dortmund et le Brésilien au PSG. Vers qui ira sa préférence ? Le message de Thiago Silva peut aussi s’interpréter comme une volonté de faire pencher la balance d’un côté plutôt que l’autre. Reste que Neymar, lui, n’envisage qu’une sortie par le haut. Il n’entend pas « s’enterrer » à Newcastle, qui aurait les fonds pour le recruter et le payer. Un dernier club, pour l’instant, pourrait se positionner et se mettre sur les rangs : Manchester United mais uniquement en cas de départ de Cristiano Ronaldo, encore sous contrat un an avec les Mancuniens. Le Portugais ne semble pas compatible avec la philosophie de jeu prônée par Erik ten Hag, le nouveau coach des Red Devils. Et Neymar ?
DOMINIQUE SÉVÉRAC in Aujourd’hui en France