jeudi 3 octobre 2024
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Russie : Vladimir Poutine se félicite d’avoir « évité une effusion de sang »

Dans un discours, le président russe Vladimir Poutine a proposé aux combattants du groupe Wagner de rejoindre l’armée russe, de suivre leur chef, Evguéni Prigojine, en Biélorussie ou de rentrer chez eux. Plus tôt dans la journée, le chef de Wagner est sorti du silence. Il a estimé que le but de la rébellion de Wagner « était de ne pas permettre la destruction » de son groupe, mais pas de renverser le pouvoir russe. 

Dans une brève allocution télévisée, la première depuis la rébellion avortée de Wagner, le président russe s’est félicité d’avoir « évité une effusion de sang ». « Dès le début des événements, sur mes instructions directes, des mesures ont été prises pour éviter de nombreuses effusions de sang. Cela a pris du temps, y compris pour donner à ceux qui ont commis une erreur une chance de réfléchir à nouveau. Mais c’est l’esprit patriotique des citoyens, la consolidation de toute la société russe qui a joué un rôle décisif ces jours-ci », a déclaré Valdimir Poutine. Il a ajouté que, selon lui, l’Occident et l’Ukraine voulaient « une telle issue fratricide » à cette mutinerie. Son homologue américain Joe Biden avait à l’inverse assuré que les Occidentaux n’étaient « pas impliqués » et n’avaient « rien à voir avec ces événements », qualifiés de « problème interne à la Russie ».

Dans ce discours qui fut bref, le président russe a une nouvelle fois dénoncé les traitres, sans évoquer le nom d’Evguéni Prigojine. Selon lui, « une rébellion armée aurait été réprimée de toute façon. Les organisateurs de la rébellion ne pouvaient manquer de le comprendre ». Il a accusé « les organisateurs de la rébellion » d’avoir trahi « leur pays et leur peuple ». « Ils ont aussi trahi ceux qu’ils ont entraînés dans leur crime. Ils leur ont menti et les ont poussés à tirer sur les leurs », a-t-il déclaré.

Ainsi, en ce qui concerne les combattants de Wagner, il leur a proposé de signer un contrat avec l’armée régulière, de « rentrer dans leurs familles et chez leurs proches » ou de « partir en Biélorussie », pays allié où, selon le Kremlin, leur patron Evguéni Prigojine doit s’exiler.

Quelques minutes plus tard, le président russe Vladimir Poutine a remercié les responsables de la sécurité de l’État pour leur travail lors de la rébellion de Wagner, au début d’une réunion dont un cours segment a été diffusé à la télévision. « Je vous ai réuni pour vous remercier du travail accompli pendant ces quelques jours et pour discuter de la situation », a déclaré M. Poutine lors de cette réunion qui s’est tenue en présence du ministre de la Défense Sergueï Choïgou mais en l’absence du chef d’état-major Valéri Guerassimov, les deux ennemis déclarés du chef de Wagner, Evguéni Prigojine.

L’objectif de Prigojine n’était « pas de renverser le pouvoir »

Alors que personne ne sait où M. Prigojine se trouve, le patron des mercenaires a lui aussi pris la parole pour la première fois depuis la rébellion avortée qui a fait trembler Moscou. Dans un message de 11 minutes, le chef du groupe de mercenaires a déclaré que « le but de la marche était de ne pas permettre la destruction du groupe Wagner ». Il a également assuré que l’objectif n’était « pas de renverser le pouvoir dans le pays ».

D’autre part, selon Evgueni Prigojine, l’avancée spectaculaire de Wagner vers Moscou lors de sa rébellion samedi a révélé de « graves problèmes de sécurité » en Russie. Prigojine affirme que ses hommes ont parcouru 780 km en se heurtant à peu de résistance. « Nous avons bloqué toutes les unités militaires et les aérodromes qui se trouvaient sur notre chemin et en 24 heures, nous avons parcouru la distance qu’ont parcouru les troupes russes le 24 février 2022 (jour du début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ndlr). Si ce jour-là, ces actions avaient été effectuées par une unité avec, comme Wagner, un haut niveau d’entrainement, de moral et de détermination à accomplir les tâches, l’opération spéciale” aurait peut-être duré une journée », a tancé le chef de Wagner.

Il a assuré que, sur leur chemin, ses hommes avaient reçu le soutien des habitants des localités traversées durant sa rébellion en Russie. « Les civils allaient à notre rencontre avec des drapeaux russes et des emblèmes de Wagner, ils étaient heureux quand nous arrivions et passions à côté d’eux », a-t-il dit.

Le chef des mercenaires a également répété que Wagner avait abattu des appareils de l’armée de l’air russe, ce que Moscou n’a pas confirmé. « Nous sommes désolés d’avoir été obligés de tirer sur l’aviation, mais elle nous balançait des bombes, des roquettes », a-t-il dit.

Evgueni Prigojine a aussi affirmé que le président biélorusse Alexandre Loukachenko, qui a fait office samedi 24 juin de médiateur entre le Kremlin et Wagner, a proposé des solutions pour permettre au groupe paramilitaire de continuer à opérer. Dans ce message, le chef de Wagner n’a pas révélé où il se trouve, alors que le Kremlin a assuré qu’il partirait pour la Biélorussie, sans toutefois dire quand.

M. B.