Le Premier ministre slovaque Robert Fico a été blessé par balle ce mercredi à la sortie d’une réunion gouvernementale, rapporte l’agence de presse TASR en citant le vice-président du Parlement, Lubos Blaha. D’après des médias locaux, il aurait été hospitalisé. Un suspect a été arrêté.
Selon la chaîne d’informations slovaque TA3, l’assaillant a tiré à quatre reprises sur le dirigeant pro-russe et l’a atteint une fois à l’abdomen. Un journaliste de Reuters présent sur place, à l’extérieur de la capitale Bratislava, a entendu plusieurs coups de feu et vu la police arrêter un suspect. Le mobile de l’agression n’est pas encore connu.
« Ce qui s’est passé est une attaque politique. C’est absolument clair, et nous devons réagir en conséquence », a déclaré le ministre de la Défense Robert Kaliniak lors d’une conférence de presse tenue à l’hôpital où Robert Fico est opéré.
La personne qui a tiré a été « arrêtée » par la police, a déclaré la présidente de la Slovaquie. « La police a arrêté l’assaillant et donnera davantage d’informations le plus vite possible », a déclaré dans un communiqué Zuzana Caputova, qualifiant l’agression de son opposant politique d’« attaque contre la démocratie ». La présidente slovaque a par ailleurs souhaité un bon rétablissement à Robert Fico, redevenu Premier ministre l’an dernier après avoir déjà occupé cette fonction entre 2012 et 2018. Le dirigeant populiste s’est notamment illustré en refusant de continuer à aider militairement l’Ukraine face à l’invasion russe.
Le profil du tireur se précise
La télévision slovaque a diffusé des images d’un homme en jeans menotté au sol. L’attaque est intervenue après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie, selon le journal Dennik N, dont un reporter a entendu plusieurs coups de feu et vu le chef de gouvernement emmené précipitamment dans une voiture par des gardes du corps.
D’après la presse locale, cet homme âgé de 71 ans est un écrivain, un poète qui a aussi été agent de sécurité, ce qui justifierait qu’il avait un permis de port d’armes, rapporte notre correspondant à Bratislava. Une vidéo de ce suspect a rapidement été diffusée, a priori par la police, puisqu’on le voit assis et menotté – quelques secondes pendant lesquelles il semble justifier son acte par son opposition à la politique du gouvernement Fico, notamment aux réformes de l’audiovisuel public et de la justice.
Par ailleurs, un site d’investigation slovaque généralement bien informé a retrouvé des photos de la participation active de cet homme à un rassemblement d’un groupuscule paramilitaire pro-russe en 2016, ce qu’a confirmé à Radio France Internationale le réalisateur d’un documentaire sur ce groupe appelé les Conscrits slovaques (Slovenski branci), qui a tourné des images de ce rassemblement pour son film. Ce groupuscule anti-OTAN proche des Loups de la nuit – organisation de motards pro-Kremlin – aurait officiellement cessé ses activités en 2022, quelques mois après l’invasion de l’Ukraine voisine par la Russie.
Pronostic vital engagé
Robert Fico a d’abord été soigné dans un hôpital de Handlova avant d’être acheminé vers la capitale Bratislava, a annoncé mercredi à l’AFP la directrice de l’hôpital de la ville du centre de la Slovaquie. « M. Fico a été amené dans notre hôpital et a été soigné dans notre unité de chirurgie vasculaire », a affirmé Marta Eckhardtova. « Le Premier ministre a ensuite été transporté en dehors de notre hôpital, il est en route pour Bratislava », a-t-elle précisé.
D’après le gouvernement slovaque, le Premier ministre se trouve « entre la vie et la mort » après avoir été touché par balle « plusieurs fois », indique sa page Facebook officielle. « Il est actuellement acheminé par hélicoptère à Banska Bystrica entre la vie et la mort », a affirmé le gouvernement dans un communiqué, qualifiant l’attaque de « tentative d’assassinat ».
Vive émotion en Europe
Les dirigeants des institutions de l’Union européenne ont vivement réagi à la nouvelle. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déploré « l’attaque ignoble » contre le Premier ministre slovaque, jugeant que « de tels actes de violence n’ont pas leur place dans notre société et sapent la démocratie, notre bien commun le plus précieux ». « Rien ne peut jamais justifier la violence ni de telles attaques », a souligné le président du Conseil européen Charles Michel, tandis que le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’est déclaré « consterné ».
En Hongrie, frontalière avec la Slovaquie, le Premier ministre Viktor Orban s’est dit « profondément choqué par l’attentat odieux perpétré contre mon ami, le Premier ministre Robert Fico ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé l’attaque « épouvantable » contre le Premier ministre slovaque. Et le président russe Vladimir Poutine a parlé d’un « crime odieux », en décrivant Robert Fico « comme un homme courageux et déterminé ».
Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est pour sa part dit « bouleversé par le lâche attentat » car « la violence ne peut avoir sa place dans la politique européenne ». La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a exprimé « la plus ferme condamnation de toute forme de violence et d’attaque aux principes de base de la démocratie et de la liberté ». Et le Premier ministre britannique Rishi Sunak s’est dit « choqué d’apprendre cette nouvelle épouvantable ».
M. B.