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Istanbul, Turkey - October 16, 2019: THY Turkish Airlines airplane parked on Istanbul airport, loading baggage and ready for departure from the window of the plane

Turkish Airlines, grand gagnant de la crise dans le ciel européen

. La compagnie nationale turque a déjà renoué avec la croissance et les profits grâce au rebond du trafic aérien en Europe.

. Sur le seul mois de juillet, elle a transporté 7,8 millions de passagers.

De toutes les compagnies aériennes traditionnelles en Europe, Turkish Airlines est bien la principale gagnante de la crise. Première compagnie internationale à revenir aux bénéfices dès 2021, Turkish Airlines s’achemine vers des profits record en 2022, après des résultats semestriels marqués par un bénéfice net de 737 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires de 7,58 milliards. Et si son trafic global n’avait pas encore retrouvé son niveau de 2019 au 1er semestre, c’est désormais chose faite cet été, avec le retour en masse des touristes. Sur le seul mois de juillet, Turkish Airlines a transporté 7,8 millions de passagers, soit 10 % de plus qu’en juillet 2019. Et ce, uniquement grâce à l’envolée du nombre de passagers internationaux (5,17 millions), en hausse de 21 % par rapport à juillet 2019. Et plus précisément, grâce au retour en masse des passagers en provenance d’Europe (2,5 millions), en hausse de 15,9 %.

Ascension express dans le fret

Un dynamisme qui fait aujourd’hui encore de Turkish Airlines, la plus active des compagnies aériennes traditionnelle en Europe, avec une moyenne de 1.506 vols quotidiens dans l’espace aérien européen en ce début août, selon Eurocontrol, contre 1.202 pour Lufthansa et 1.065 pour Air France. Seuls Ryanair et Easyjet opèrent plus de vols que Turkish Airlines en Europe. Turkish Airlines tire plus que jamais profit de son libre accès au marché européen, ainsi que des capacités décuplées du nouvel aéroport international d’Istanbul, inauguré fin 2018. Alors que ses principaux concurrents européens sont encore à 10 % ou 15 % en dessous de leur niveau d’activité d’avant le Covid-19, Turkish a déjà dépassé son niveau de 2019 en nombre de passagers internationaux de janvier à fin juillet (24,45 millions). Avec de substantiels gains de parts de marché à la clé. C’est déjà le cas sur le marché du fret aérien, où Turkish Airlines est passé de la dixième à la quatrième place mondiale, selon l’association du transport aérien international, avec une offre en hausse de 60 %. Son chiffre d’affaires cargo a plus que doublé depuis 2019, à 2 milliards de dollars au premier semestre, dépassant désormais celui d’Air France-KLM. Quant au trafic passager, il est encore trop tôt pour établir un classement définitif, mais l’aéroport d’Istanbul était encore devant Londres Heathrow, Roissy-CDG, Amsterdam et Francfort pour le trafic international, en mai et juin dernier.

Accès au marché européen

Le ciel de Turkish Airlines n’est pas pour autant bleu azur. La crise économique en Turquie, accompagnée par la dévaluation de la livre turque et une inflation à 79 % en juin sur un an, pèse durement sur la consommation nationale. Le marché domestique, qui constituait l’un des grands avantages de Turkish Airlines face aux compagnies du Golfe, reste très déprimé. Par ailleurs, à un an d’une élection présidentielle qui s’annonce très disputée, la compagnie nationale, détenue à 49 % par l’Etat, reste le jeu de manœuvres politiques pas toujours favorables à ses affaires. En juin dernier, le président Erdogan, qui brigue un nouveau mandat après vingt ans de règne, a ainsi décidé que Turkish Airlines porterait à l’avenir son nom turc de « Türk Havayollari », y compris sur les vols internationaux. Mais pour l’heure, ce changement de marque ne s’est pas traduit dans les faits sur la livrée des avions ni les sites de la compagnie et Turkish Airlines n’a pas communiqué sur le sujet. Enfin, une grande partie de la réussite de Turkish Airlines repose plus que jamais sur un libre accès au marché européen, assorti d’une relative protection contre la concurrence des compagnies low cost européennes. Cet accord signé en 2010 empêche, par exemple, Ryanair de desservir la Turquie depuis tout autre aéroport que celui de Dublin. Une situation plus avantageuse pour la partie turque que les compagnies paneuropéennes voudraient bien voir modifiée.

B. T.