vendredi 4 juillet 2025
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Ukraine : craignant une pénurie, Washington cesse des livraisons d’obus et de missiles antiaériens à Kiev

Les États-Unis ont annoncé, mardi 1er juillet 2025, avoir cessé de livrer certaines armes à Kiev, disant s’inquiéter de la baisse de leurs propres stocks de munitions. Et ce, au moment même où la Russie intensifie ses frappes contre l’Ukraine. Pour Kiev, l’Ukraine « aura du mal » face à la Russie sans les munitions américaines.

La décision d’arrêter la livraison de certaines armes à l’Ukraine a été prise « pour mettre les intérêts de l’Amérique en premier », a déclaré, dans un communiqué transmis à l’AFP, Anna Kelly, une porte-parole adjointe de la Maison Blanche, confirmant des informations de presse. Mme Kelly n’a pas donné plus de précisions. Selon Politico et d’autres médias américains, cet arrêt des livraisons concerne notamment les systèmes de défense aérienne MIM-104 Patriot, l’artillerie de précision et les missiles antichars AGM-114 Hellfire. Cette décision fait suite, selon ces médias, à des inquiétudes du Pentagone quant aux réserves de l’armée américaine, sur lesquelles est directement prélevée l’aide militaire à l’Ukraine. L’inquiétude monte dans ce pays : « Tout retard ou délai » dans les livraisons d’armes américaines « encouragerait » la Russie, déclare la diplomatie ukrainienne. Depuis le début de la guerre en 2022, écrit notre envoyé spécial à Washington, les États-Unis ont livré pour plus de 66 milliards de dollars d’armes à l’Ukraine.

Le Kremlin se félicite

Ces dernières semaines, le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelait les États-Unis à lui vendre des systèmes Patriot pour pouvoir contrer plus efficacement les attaques russes de missiles et de drones. Il s’en était une nouvelle fois ouvert à son homologue américain Donald Trump lors de leur dernière entrevue en marge du sommet de l’Otan à La Haye fin juin. Mais le locataire de la Maison Blanche, qui s’est dit « au milieu » entre les belligérants et veut obtenir une fin des combats, s’était montré évasif sur le sujet.

De son côté, le Kremlin s’est félicité de l’annonce américaine, estimant que cela rapprochait Moscou et Kiev de la fin du conflit, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts des deux côtés, civils et militaires compris. « Moins il y a d’armes livrées à l’Ukraine, plus proche est la fin de l’opération militaire spéciale », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en répondant à une question de l’AFP et en utilisant le nom officiel en Russie de l’invasion de l’Ukraine.

Négociations infructueuses

Elle intervient au moment où, après deux séances de négociations infructueuses à Istanbul entre délégations des deux pays, l’Ukraine fait face à une intensification des attaques aériennes russes. Le nombre de drones longue portée lancés par la Russie a connu en juin une hausse de 36,8% sur un mois, selon une analyse de l’AFP établie mardi. Selon les chiffres de l’armée ukrainienne, la Russie a envoyé 5 438 drones d’attaque longue portée contre son territoire en juin – le nombre le plus élevé depuis février 2022 – contre 3 974 en mai. Il s’agit ici des drones envoyés de nuit et comptabilisés chaque matin par Kiev. Ces chiffres n’incluent pas les attaques d’autres types de drones utilisés massivement sur le front.

Les frappes russes mettent à rude épreuve les défenses antiaériennes et une population civile épuisée après bientôt deux ans et demi de conflit. Jusqu’à présent et malgré la relation conflictuelle avec Kiev, le gouvernement de Donald Trump poursuivait, au moins partiellement, l’aide militaire initiée sous Joe Biden. Sous le mandat de ce dernier, les États-Unis ont fourni pour plus de soixante milliards de dollars d’aide militaire à Kiev. « Si cette réduction de l’aide américaine ne provoquera pas l’effondrement des lignes ukrainiennes, elle nuira gravement à la défense de l’Ukraine, en particulier à ses capacités en matière de missiles anti-balistiques et de frappes de précision », a estimé John Hardie, spécialiste de la Russie à la Foundation for Defense of Democracies (FDD), un institut indépendant basé à Washington. « Cette décision entraînera la mort d’un plus grand nombre de soldats et de civils ukrainiens, la perte d’un plus grand nombre de territoires et la destruction d’un plus grand nombre d’infrastructures essentielles », a prédit cet expert, cité par l’AFP.

Nouvelles attaques

De nouvelles attaques ont été rapportées, mercredi 2 juillet à l’aube, par les autorités ukrainiennes, dont une menée avec des drones contre une ferme du village de Borivske, dans la région de Kharkiv, qui a fait un mort et un blessé. Deux autres attaques dans la même région ont fait des dégâts matériels, mais pas de victime. De son côté, l’armée ukrainienne a revendiqué une attaque contre une raffinerie de pétrole dans la région de Saratov, en Russie, utilisée « pour fournir du carburant et des lubrifiants aux unités militaires russes impliquées dans l’agression armée contre l’Ukraine », selon un message de l’état-major publié sur Telegram.

M. B.