mardi 19 mars 2024
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Un missile balistique nord-coréen a survolé le Japon

Pour la première fois en cinq ans, la Corée du Nord a tiré un missile balistique au-dessus du Japon, ce mardi 4 octobre au matin. Une pratique très rare de la part de Pyongyang qui a entraîné un ordre d’évacuation dans certaines préfectures du nord et nord-est du Japon. Aucune victime ou dégâts n’a été rapporté par les autorités.

L’essai de ce matin constituele cinquième tir de missile balistique en moins de dix jours et le deuxième plus important d’une année où le régime nord-coréen a été plus actif que jamais dans le domaine militaire. Selon l’armée sud-coréenne, il s’agit d’un missile balistique à portée intermédiaire, rapporte notre correspondant à Séoul. Si ce type de projectile a déjà été tiré par Pyongyang en début d’année, il avait fini sa course dans la mer entre le Japon et la péninsule coréenne. Cette fois, le missile, tiré aux alentours de 7h ce mardi matin (heure de Séoul), a survolé le Japon avant de s’écraser dans l’océan Pacifique. Une trajectoire inhabituelle qui a poussé les autorités japonaises à envoyer un message d’évacuation aux habitants des préfectures japonaises d’Hokkaido et Aomori et à les inciter à se mettre à l’abri.

La compagnie de chemin de fer East Japan Railways a interrompu ses liaisons ferroviaires dans les régions survolées par le missile nord-coréen, précise notre correspondant à Tokyo. L’armée japonaise n’a pas activé son système de destruction en vol de l’engin après avoir estimé qu’il ne causait pas de danger immédiat pour la population.

Il s’agirait du même type de missile qui avait déjà survolé le Japon en 2017 avec l’intention de menacer l’île américaine de Guam. Le ministre de la Défense Yasukazu Hamada note qu’un tel missile n’avais jamais parcouru jusque-là une si grande distance. Le Japon, indique-t-il, n’exclut pas l’hypothèse de se doter d’une capacité de frappe préventive contre les sites de missiles nord-coréens. En dépit des limites de sa Constitution pacifiste, le Japon débat de la possibilité d’attaquer le premier au cas où il serait confronter à une menace militaire

Intensification

Le contexte se prête à la démonstration de force. Le 29 septembre, Kamala Harris, la vice-présidente américaine se rendait à la DMZ, la zone tampon qui sépare les deux Corées, et condamnait très fermement les agissements de Pyongyang. Et puis les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont conduit pour la première fois en cinq ans des exercices anti-sous-marins, avec la présence d’un porte-avions à propulsion nucléaire américain. Enfin, la situation internationale joue un rôle depuis le début de la guerre en Ukraine, le Conseil de sécurité n’est plus en situation de condamner les tirs de missiles nord-coréens du fait du véto de la Russie.

Désormais, on s’interroge sur sa volonté de conduire prochainement son septième essai nucléaire, dont les préparatifs semblent achevés depuis de nombreux mois. La dernière fois que la Corée du Nord tirait un missile balistique au-dessus du Japon, une semaine plus tard le pays effectuait son sixième essai nucléaire.

Washington, Séoul et Tokyo préparent une réponse « robuste »

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Cette dernière « provocation », a dénoncé le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, « viole clairement les principes universels et les normes des Nations unies, et il a ordonné une réponse ferme et [la prise] de mesures appropriées en coopération avec les États-Unis et la communauté internationale », a indiqué la présidence.

Le conseiller américain à la Sécurité nationale Jack Sullivan s’est entretenu séparément avec ses homologues sud-coréen et japonais pour élaborer une réponse « internationale appropriée et robuste », a annoncé la Maison Blanche.

Dans un autre communiqué, le commandement américain de la région Asie-Pacifique a condamné ce lancement, affirmant que les « engagements de Washington pour la défense du Japon et de la Corée restent inébranlables ». « Les États-Unis condamnent ces actions et appellent la RPDC à s’abstenir de tout nouvel acte illégal et déstabilisateur », a-t-il déclaré dans un communiqué, en employant l’abréviation officielle désignant la Corée du Nord.

M. B.