jeudi 3 octobre 2024
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Yacef Saadi, du combat libérateur à la production cinématographique

Considéré comme l’un des architectes de la bataille d’Alger et comme figure emblématique de la Zone autonome d’Alger, le moudjahid Yacef Saadi, disparu l’an dernier, aura été l’un des premiers à saisir l’enjeu de la transmission de l’histoire en publiant ses mémoires et en créant la première boite de production cinématographique en Algérie au lendemain du recouvrement de l’indépendance.

En 1962, Yacef Saadi a publié son premier ouvrage « Souvenirs de la bataille d’Alger: décembre 1956 – septembre 1957 », écrit en détention, avant de fonder la première entreprise de production cinématographique, « Casbah films », qui va produire le film historique algérien le plus distribué à l’étranger, « La bataille d’Alger », réalisé par l’Italien Gillo Pontecorvo.

L’Algérie, qui célèbre cette année le soixantième anniversaire de son indépendance, aura décroché sa première distinction cinématographique de rang mondial grâce à cette production qui a reçu le Lion d’or de la Mostra de Venise et le Prix Fipresci (Prix attribué par un jury de critiques de cinéma). Ce film avait également reçu de nombreux prix aux Etats-Unis, en France, au Japon et au Royaume-Uni.

Dans ce film, Yacef Saadi qui joue son propre rôle, est également l’auteur du livre qui a inspiré le scénario adapté par le scénariste et écrivain italien Franco Solinas.

Selon la cinémathèque algérienne, le film « La bataille d’Alger », dont la bande originale est signée par le célèbre compositeur italien Ennio Morricone, reste l’œuvre algérienne la plus regardée et la plus sollicitée par les cinémathèques et universités du monde, elle est également à l’affiche de très nombreux festivals jusqu’à aujourd’hui, dans des cycles dédiés au cinéma algérien.

Avant ce film culte, la société  « Casbah films » avait produit en 1964 le documentaire « Main libre », et va plus tard devenir coproducteur du film « L’étranger », réalisé par le cinéaste italien Luchino Visconti sur la base d’une adaptation du célèbre roman d’Albert Camus.

En 1967 la société va également produire « Trois pistolets contre César » réalisé par Enzo Peri, reconnu pour être le premier et unique western africain et arabe, selon la cinémathèque algérienne.

Après ces quatre œuvre Yacef Saadi s’était retiré du paysage cinématographique après avoir cédé gracieusement son matériel au producteur public Oncic, précise la cinémathèque algérienne.

Né en 1928 à la Casbah d’Alger, Yacef Saadi a obtenu un certificat d’études primaires et a arrêté ses études à l’âge de 14 ans après la réquisition de son école, il travaille dans la boulangerie familiale avec son père, qui était un point de contact important entre les militants du Parti populaire algérien (PPA).

Yacef Saadi a, ainsi, rejoint de 1947 à 1949, l’Organisation spéciale (OS), l’aile paramilitaire du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD).

En 1954, date du déclenchement de la Révolution algérienne, Yacef Saadi, accompagné des dirigeants du Front de libération nationale (FLN), a été chargé de constituer un groupe de commando prêt à entrer en action. Il a abrité dans sa maison de la Casbah des révolutionnaires et militants, ainsi que des dirigeants de la Révolution.

Il a été désigné responsable de l’aile militaire de la zone militaire autonome, et suite à son succès sur le terrain, les dirigeants de la Révolution ont décidé de focaliser la lutte au centre d’Alger, où se trouvent la presse internationale et les autorités coloniales officielles.

Le moudjahid Yacef Saadi a été, ainsi, nommé commandant de la Zone autonome d’Alger en 1957. Il a contribué en compagnie de Hassiba ben Bouali, Ali Lapointe, Zohra Drif, de la famille Bouhired et de nombreux autres feddayin à l’intensification de l’action de « guérilla » dans la capitale.

Yacef Saadi a poursuivi sa lutte armée jusqu’à son arrestation le 23 septembre 1957, subissant les pires sévices et tortures. Condamné à mort, la peine n’a pas été exécutée. Yacef Saadi a été libéré après le cessez-le-feu.

Yacef Saadi s’est éteint le 10 septembre 2021 à Alger à l’âge de 93 ans.