L’Arménie a réclamé, samedi 23 septembre à la tribune des Nations unies, l’envoi « immédiat » au Haut-Karabakh d’une « mission » de l’ONU pour surveiller la situation sur le terrain, tandis que l’Azerbaïdjan promettait que les Arméniens de la région sécessionniste seraient traités en « citoyens égaux ».
« La communauté internationale devrait faire tous les efforts pour le déploiement immédiat d’une mission inter-agences de l’ONU au Haut-Karabakh dans le but de surveiller et d’évaluer les droits humains et la situation humanitaire et sécuritaire sur le terrain », a déclaré à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, répétant les accusations de « nettoyage ethnique » dans la région sécessionniste.
« Hélas, nous n’avons pas un partenaire pour la paix, mais un pays qui déclare ouvertement que la raison du plus fort est la meilleure et qui utilise la force constamment pour perturber le processus de paix », a-t-il ajouté, estimant que le calendrier de l’offensive éclair lancée en début de semaine par l’Azerbaïdjan n’était pas « accidentelle », en pleine Assemblée générale de l’ONU. « Le message est clair : vous pouvez parler de paix et nous pouvons partir en guerre, et vous ne pourrez rien changer », a souligné le ministre.
Les Arméniens majoritaires seraient traités en « citoyens égaux »
Quelques heures plus tôt, à la même tribune, son homologue azerbaïdjanais a promis que les Arméniens, majoritaires au Haut-Karabakh, seraient traités en tant que « citoyens égaux ». « La Constitution, la législation nationale d’Azerbaïdjan et les engagements internationaux que nous avons pris sont une base solide pour cet objectif » a tenu à rassurer Djeyhoun Baïramov.
L’Azerbaïdjan a lancé en début de semaine une opération dans cette région sécessionniste en majorité peuplée d’Arméniens, remportant une victoire éclair. Les séparatistes arméniens ont accepté le vendredi 22 septembre de rendre les armes.
Cette enclave montagneuse, qui avait été rattachée en 1921 par le pouvoir soviétique au territoire azerbaïdjanais, avait été par le passé le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques que sont l’Azerbaïdjan et l’Arménie : l’une de 1988 à 1994 – faisant 30 000 morts – et l’autre à l’automne 2020 – faisant 6 500 morts. « Nous continuons à croire qu’il y a une occasion historique pour l’Azerbaïdjan et l’Arménie d’établir des relations de bon voisinage et de coexister côte à côte en paix », a déclaré Djeyhoun Baïramov.
La Russie accuse l’Arménie de « mettre de l’huile sur le feu »
S’exprimant en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a quant à lui accusé certaines puissances occidentales d’avoir « tiré les ficelles » dans cette crise pour saper l’influence russe. Et « malheureusement, de temps en temps, les dirigeants arméniens ont mis de l’huile sur le feu », a-t-il estimé.
En 2020, le cessez-le-feu de 2020, signé sous l’égide de Moscou, avait été suivi du déploiement d’un contingent de soldats de la paix russes. Cette semaine, des manifestants arméniens s’étaient rassemblés devant l’ambassade de Russie à Erevan, dénonçant son inaction pour empêcher l’offensive armée azerbaïdjanaise.
Sergueï Lavrov s’est toutefois montré confiant dans le fait que les Arméniens « se rappelleraient leur histoire » et resteraient « liés à la Russie et d’autres États amis de la région plutôt qu’à ceux qui interviennent de l’étranger ». Il a fait référence aux accords d’Alma Ata de 1991 qui ont acté la création de la Communauté des États indépendants (CEI), qui rassemble d’ex-républiques soviétiques, dont l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Cette déclaration « signifiait que le Haut-Karabakh fait partie de l’Azerbaïdjan, c’est aussi simple que ça ».
M. B.